Les glacières de Ville di Pietrabugno

Ville de Pietra-quoi ? Ville-di-Pietrabugno (dire « Villédipiétrabounio »). Et oui, il faut parfois s’y prendre à plusieurs fois pour prononcer le nom de certains lieux de la région. Tout un travail d’intégration…

Derrière ce nom un peu étrange se cache un paisible hameau situé sur les hauteurs de Bastia, offrant un panorama inoubliable sur la cité génoise. Je vous en ai d’ailleurs déjà parlé il y a quelques mois (ici !). Je suis retourné dans les alentours de ce village pour emprunter un sentier qui mène aux anciennes glacières. Je m’étais déjà rendu à celles de Cardo, également au dessus de Bastia. Les glacières sont des sortes de bergeries en pierres dans lesquelles on trouve des citernes. La neige et la glace y étaient conservées avant l’invention du réfrigérateur… Ainsi on descendait la glace depuis les glacières jusqu’à la ville par les sentiers muletiers.

Le sentier donne une jolie vue sur le Cap Corse (Erbalunga, Miomo), sur les îles italiennes (Caprai, l’Île d’Elbe) et sur Bastia et le début de la Plaine Orientale. Une jolie balade qui emprunte le chemin des « Nivere », bien connu dans la micro-région. De quoi profiter encore un peu du soleil toujours bien présent en ce début décembre.

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GR 20 : montée au Lac de Nino

À la fin du mois de juin, les collègues de TF1 m’ont proposé de les suivre deux jours pour deux étapes du sentier de grande randonnée en Corse, le fameux GR 20, qui est soit dit en passant le plus dur d’Europe. Avec un peu d’appréhension, j’ai accepté le défi sachant que les deux étapes sont parmi les plus simples de tout le parcours. Le principe étant de faire cinq reportages pour le journal de 13 heures sur tout le GR20.

On part le vendredi soir, après le travail. Tout le monde dans la panda direction Corte, où un taxi nous prend et nous dépose au refuge du Col de Vergio, qui correspond normalement au 3ème ou 4ème jour si l’on fait le sentier depuis le départ de Calenzana. La première soirée et la nuit ne sont pas très encourageantes… Le groupe de randonneurs que l’on voulait suivre est démantelé entre abandons et refus de figuration. Le couple d’allemand avec qui nous partageons le dortoir nous fait profiter de leurs problèmes de transit… Au petit matin, deux gardiens du parc régional nous attendent pour nous guider et nous expliquer tout au long du parcours toutes sortes de choses, comme le nom des monts, des fleurs, des arbres, les anciens et nouveaux sentiers, les erreurs à ne pas faire etc.

Nous prenons la direction du Lac de Nino, source du Tavignanu. Pour beaucoup l’un des plus beaux lacs de Corse. Et pour un des guides « un des plus beaux lacs, parmi ceux les plus accessibles… ». Nous suivons les marques rouges et blanches pendant une heure avant d’atteindre le col de Saint-Pierre à 1452 mètres. De là la vue sur le massif du Cintu, le plus haut sommet de Corse, est bluffante.  La Paglia Orba et l’oeil du Tafunatu sur la gauche. On aperçoit également toute la plaine jusqu’au lac de Calacuccia. On continue dans un maquis ras. Le tournage se déroule bien entre rencontres étonnantes et paysages fabuleux, le tout gonflé par les explications des deux guides.

Après l’ascension d’une crête à presque 1900 mètres nous faisons une pause. Le spectacle l’impose. Le lac se présente en contrebas entouré de pozzi dans une plaine située au milieu d’un cirque de montagne. Les vaches se reposent sur l’herbe grasse alors que des chevaux en liberté parcourent le site au galop. Respectueux pour la plupart, les randonneurs ne quittent pas le chemin et font une pause casse-croûte. Une excuse bien trouvée pour rester un peu plus dans cet endroit magique.

Nous descendons à la fontaine où une éco-garde à cheval nous attend depuis déjà une demie-heure. Nous sommes en retard sur l’horaire. Accompagnée de ses deux chiens, elle nous explique son travail, sa passion, sa vie, son rêve. Une grande partie de l’année à trotter de refuges en bergeries sur des sites remarquables pour l’entretien et surtout la protection face à d’éventuels bivouacs et randonneurs malintentionnés. De quoi effectivement, se surprendre à rêver d’une vie dédiée à ces montagnes.

Après le pique-nique, quelques scènes et une balade au milieu des pozzi, notre groupe se remet en marche en direction des bergeries de Vaccaghja, où nous devons passer la nuit. Nous y arrivons vers 16 heures, fatigués mais la tête pleine de d’images. Noël, le berger, nous accueille avec le sourire et le pastis… de quoi se remettre en jambe. Ici, pas de téléphone, pas de radio, pas de télé. Loin de tout, une pensée pour les proches avec qui on aurait bien partagé l’instant, on prend une douche (la seule douche chaude de tout le GR) et on se repose jusqu’à l’arrivée des chèvres vers 20 heures 30. C’est l’heure de la traite.

Il est 22 heures 30, le soleil s’est couché doucement et les derniers randonneurs ronflent déjà sous la tente. Et nous, nous nous mettons à table avec l’équipe de la bergerie. Au menu, du veau bio aux olives, pommes de terres marinées dans la sauce, rouge, rosé, blanc, pastis. Tout le monde est déjà bien attaqué. On finit par le fromage tout frais sorti du casgile. Nous passerons la nuit dans une des maisonnettes de la bergerie : une salle de 6 mètres carré meublée de 5 matelas encastrés dans un coffrage en bois. Il est une heure du matin, la lumière s’éteint.

À suivre…

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En route pour les pozzi du Pozzolo

En bons habitués de ce blog, vous connaissez déjà le phénomène des pozzi dont je vous ai parlé lors d’une randonnée aux pozzi des pozzines de Bastelica. Un peu par hasard, j’ai appris qu’il y avait des pozzi à la source du ruisseau Pozzolo, un ascendant du Prunelli. Mais il m’a été très difficile de trouver des renseignements sur le parcours qui y mène, mis à part que le site est très peu fréquenté. Boudé au profit des pozzi de Bastelica, de Ghisoni où encore du Lac de Nino.

Grâce à une magnifique carte IGN, j’ai pu trouver un tracé plus ou moins correct. En route donc pour le col de Scalella sur la commune de Tavera. Au col, qui se situe entre les villages de Tavera et Bastelica, se trouve une longue piste que j’ai pu parcourir en grande partie avec mon destrier tout-terrain : la Panda. Malheureusement pour elle, le terrain était trop accidenté pour aller jusqu’au bout et la pauvre bête n’en pouvait plus d’agiter ses quatre roues… il faut savoir respecter l’âge du véhicule…

Je continue donc à pied! Rien ne vaut des chaussures bien affûtées. La carte montre une variante qui permet de quitter la piste et de profiter des sentiers. Le chemin n’est pas très visible mais heureusement quelques cairns traînent par ci par là.

Très vite on se retrouve à assez haute-altitude, 1600 mètres en moyenne. En dessous j’aperçois les bergeries du Verdanese. J’arrive à un premier sommet qui donne l’impression d’être au dessus de tout. Au loin le massif du Monte d’Oro se dresse fièrement. Nous ne sommes qu’à la mi-mai mais il a déjà retiré son manteau blanc. Plus au fond, j’aperçois même le sommet de la Paglia Orba sur le massif du Cintu.

Je rejoins plus loin la piste et continue mon ascension en direction des Pozzi. Seulement là, il y a un problème… je n’arrive plus à me repérer sur la carte. Où suis-je? Je cherche un moment et décide de continuer un peu voir où mène cette piste (qui n’est peut-être finalement pas la bonne).

Plus loin les ruines d’une bergerie pointent leur nez. Je m’y rends pour faire quelques photos quand tout à coup, c’est la délivrance! Mon téléphone m’annonce qu’il reçoit un texto… et par conséquent qu’il capte le réseau. J’en profite pour regarder la carte sur le GPS. Je suis aux ruines des bergeries de Penta. Mais une des maisons a été magnifiquement restaurée et possède même un four en pierres à l’extérieur.

Ayant retrouvé mon chemin, je poursuis vers le massif du Renoso où le ruisseau Pozzolo prend sa source. Je croise finalement un panonceau de bois indiquant les deux sentiers : à gauche, Bocognano, à droite le col de Vetta, par déduction j’en conclus que c’est par ce second sentier que j’arriverais à destination. Sans compter que ce nom ne m’est pas inconnu. Lors de ma sortie aux bergeries de Capiaghja je me demandais à quoi correspondait le panneau « a Vetta ». Il se trouve que c’est un col qui permet de rejoindre le massif et le plateau du Renoso, étape clé du fameux Fra li Monti (GR20).

Après 2 h 30 de marche, j’approche enfin des pozzi. Je les aperçois au loin. Heureusement depuis le panneau, les cairns se font très fréquents et il y a même des balises de couleur sur les rochers. Je me laisse guider jusqu’aux herbes denses des pozzi. Le site est à couper le souffle. Au pied des falaises, à presque 2000 mètres. La neige est encore présente et parfois même abondamment. La carte m’indique que je suis au pied du Monte Capanella, qui culmine à 2250 mètres.

Après un repas bien mérité au coeur des pozzi, je rentre tranquillement par plus ou moins le chemin (je décide de suivre la piste dans son intégralité pour rentrer).

Ce parcours mène en fait au lac de Bracca par le col de Vetta. Mais il faut compter 1 h 30 à 2 h en plus depuis les pozzi. De là, paraît-il, on peut même apercevoir le lac de Vitalaca, où le fleuve du Prunelli prends sa source.

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Au départ du col Saint-Georges

Le livre de l’arnaque a encore frappé… Mais bon, comme toujours je n’ai pas été déçu du voyage. Vous connaissez les bouteilles d’eau Saint-Georges? Elles sont fabriquées en Corse au col Saint-Georges où une source est captée à plusieurs endroits environnants.

La randonnée indiquée dans mon fidèle ouvrage propose de suivre un sentier jusqu’à la Punta Sarracinaghja en passant par un point de captage de cette source. Il faut tout de même compter presque quatre heures de marche (aller-retour) pour effectuer cette randonnée, mais le paysage vaut le détour. Il faut en fait suivre une partie du Mare e Mare, un sentier bien connu en Corse et qui permet de traverser l’île d’est en ouest ou d’ouest en est…

Le chemin est parfois abrité sous des arbousiers, des chênes, des châtaigniers etc. Partout, des champignons de toutes les tailles et de toutes les formes montraient le bout de leur nez. Dommage que je ne sois pas très calé dans le domaine, car je pense qu’il y avait de quoi se faire un bon festin.

Après avoir croisé quelques vaches sur un plateau où la végétation se fait rare, il faut quitter le Mare e Mare et préférer un chemin plus escarpé et qui monte à pic. Dure dure la montée, mais c’est bon pour la santé (c’est ce qu’il faut se dire). J’arrive enfin sur la crête. Et là, c’est la surprise, pour arriver au sommet du mont tant espéré il faut suivre un chemin de chasseurs sur ma gauche. Seulement… il n’y a pas de chemin et il est même remplacé par un grillage… Déçu, je décide de continuer un peu sur la crête afin de trouver un endroit pour déguster mon superbe déjeuner.

Tout d’un coup le brouillard se pose sur la crête et me cache l’horizon. J’avance jusqu’à un petit promontoire et commence alors mon sandwich. Après quelques minutes, le brouillard disparaît. La vue qu’il laisse est alors prenante. La montagne devant moi tombe raide. En bas la vallée du Prunelli surplombée par des nuages de basse altitude. Au dessus de ces nuages ressortent les pointes blanches des montagnes Corses redécorées par les dernières neiges.

Les pics qui m’entourent disparaissent et réapparaissent au gré des passages nuageux. Au fur et à mesure, le soleil disparaît et avec lui la chaleur. Après une petite heure passée là haut, je reprends le chemin du retour sans avoir pu monter sur la Punta Sarracinaghja mais tout de même heureux de ma promenade.

Les bergeries de Tolla

Contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier abord, les bergeries ne se trouvent pas au village de Tolla… mais sur le GR20 au pied du Monte d’Oro. Un des Monts les plus hauts de Corse avec ses 2389 mètres. On peut se rendre facilement aux bergeries en deux heures de marche depuis le village de Canaglia.

Une collègue m’avait parlé de cette promenade qu’elle adorait faire petite avec sa famille. C’était une sorte d’expédition où elle trouvait le moyen de sortir d’Ajaccio pour s’aventurer en montagne et profiter de la rivière. Car mis à part le point de départ, le sentier suit tout du long la rivière, ou plutôt le ruisseau de Manganello.

Malheureusement pour moi, le soleil n’est pas au rendez-vous de ma promenade mais bon… la pluie non plus et ça ne m’empêchera pas d’en profiter. Au coeur d’une forêt de pins Laricci, on se retrouve parfois dans de petites clairières de fougères, sous lesquelles poussent bon nombre de cyclamens sauvages, où j’ai pu faire (encore me direz-vous) une rencontre assez étonnante… imaginez un lézard de la taille de ma paume de main, noir brillant à pois jaunes, qui traverse le sentier à toute vitesse. Autre rencontre tout aussi étonnante, voir même inquiétante, des promeneurs chargés comme des mules… bâtons de marche, sac à dos avec tente intégrée, sac de couchage ficelé… alors que moi… j’avais mon traditionnel pantacourt et mon eastpack chargé d’une bouteille d’eau et d’un paquet de prince petit déjeuner.

Là haut, le refuge propose, normalement, du fromage, du pain, de la charcuterie et des confitures en tout genre sauf que moi… je n’ai vu personne. Mais j’ai quand même pu profiter du panorama qu’offre ce petit plateau où est “posée” la bâtisse. Ou plutôt LES bâtisses car la bergerie en comprend plusieurs, j’imagine que chacune à sa fonction. Mais là haut, même s’il n’y a personne, ça ne manque pas de vie! Des vaches, des chevaux, des oiseaux petits ou grands. Le moment est agréable… assez pour me délecter de mon en cas… un paquet de prince petit déjeuner…

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