Le lac de Vitalaca

Malgré la chaleur écrasante qui règne ces jours-ci, surtout l’après-midi, ma motivation pour la randonnée n’est pas altérée! Depuis le jour où je me suis rendu aux pozzines de Bastelica j’avais dans le coin de la tête l’envie d’aller un peu plus loin, jusqu’au lac de Vitalaca, qui gonfle notamment les eaux du Prunelli tout juste 1km après sa source (Lac de Bracca).

Mais je ne suis finalement pas parti des Pozzi. Un autre itinéraire propose une boucle (assez longue certes, environ 18km) à partir du village de Bastelica. Ainsi on peut découvrir, avant d’arriver au lac, les vestiges d’une activité pastorale importante dans la micro-région. On croise plusieurs bergeries en ruines et d’autres constructions diverses, comme des couloirs de pierres, des aires de battages, des enclos etc.
Après plus de 2 heures de marche, on arrive au lac, à 1777 mètres d’altitude. Il est entouré de pozzi et se trouve dans un splendide cirque de montagne. Le panorama en direction de Bastelica est époustouflant. Ne voulant pas faire un aller-retour, j’ai continué mon chemin en direction des pozzines de Bastelica, m’offrant ainsi une splendide vue plongeante sur le lac depuis les hauteurs.
Au niveau des pozzi, le contraste avec ma dernière visite est assez étonnant. En cette période il ne reste plus beaucoup d’eau, mais cela ne décourage pas les visiteurs qui sont extrêmement nombreux à ce niveau de la promenade. Je décide de ne pas faire de halte et continue mon parcours en direction de la station d’Ese. Au niveau du premier col, je quitte le sentier fréquenté pour m’aventurer en direction des bergeries de Mezzaniva. La descente est à pic mais en partie ombragée et… me voilà de nouveau seul au monde!
Le retour se fait tranquillement, les bergeries sont splendides et toujours en activité. Les différentes traversées des affluents du Prunelli permettent de se rafraîchir et de faire des pauses pour profiter du paysage.

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GR 20 : montée au Lac de Nino

À la fin du mois de juin, les collègues de TF1 m’ont proposé de les suivre deux jours pour deux étapes du sentier de grande randonnée en Corse, le fameux GR 20, qui est soit dit en passant le plus dur d’Europe. Avec un peu d’appréhension, j’ai accepté le défi sachant que les deux étapes sont parmi les plus simples de tout le parcours. Le principe étant de faire cinq reportages pour le journal de 13 heures sur tout le GR20.

On part le vendredi soir, après le travail. Tout le monde dans la panda direction Corte, où un taxi nous prend et nous dépose au refuge du Col de Vergio, qui correspond normalement au 3ème ou 4ème jour si l’on fait le sentier depuis le départ de Calenzana. La première soirée et la nuit ne sont pas très encourageantes… Le groupe de randonneurs que l’on voulait suivre est démantelé entre abandons et refus de figuration. Le couple d’allemand avec qui nous partageons le dortoir nous fait profiter de leurs problèmes de transit… Au petit matin, deux gardiens du parc régional nous attendent pour nous guider et nous expliquer tout au long du parcours toutes sortes de choses, comme le nom des monts, des fleurs, des arbres, les anciens et nouveaux sentiers, les erreurs à ne pas faire etc.

Nous prenons la direction du Lac de Nino, source du Tavignanu. Pour beaucoup l’un des plus beaux lacs de Corse. Et pour un des guides « un des plus beaux lacs, parmi ceux les plus accessibles… ». Nous suivons les marques rouges et blanches pendant une heure avant d’atteindre le col de Saint-Pierre à 1452 mètres. De là la vue sur le massif du Cintu, le plus haut sommet de Corse, est bluffante.  La Paglia Orba et l’oeil du Tafunatu sur la gauche. On aperçoit également toute la plaine jusqu’au lac de Calacuccia. On continue dans un maquis ras. Le tournage se déroule bien entre rencontres étonnantes et paysages fabuleux, le tout gonflé par les explications des deux guides.

Après l’ascension d’une crête à presque 1900 mètres nous faisons une pause. Le spectacle l’impose. Le lac se présente en contrebas entouré de pozzi dans une plaine située au milieu d’un cirque de montagne. Les vaches se reposent sur l’herbe grasse alors que des chevaux en liberté parcourent le site au galop. Respectueux pour la plupart, les randonneurs ne quittent pas le chemin et font une pause casse-croûte. Une excuse bien trouvée pour rester un peu plus dans cet endroit magique.

Nous descendons à la fontaine où une éco-garde à cheval nous attend depuis déjà une demie-heure. Nous sommes en retard sur l’horaire. Accompagnée de ses deux chiens, elle nous explique son travail, sa passion, sa vie, son rêve. Une grande partie de l’année à trotter de refuges en bergeries sur des sites remarquables pour l’entretien et surtout la protection face à d’éventuels bivouacs et randonneurs malintentionnés. De quoi effectivement, se surprendre à rêver d’une vie dédiée à ces montagnes.

Après le pique-nique, quelques scènes et une balade au milieu des pozzi, notre groupe se remet en marche en direction des bergeries de Vaccaghja, où nous devons passer la nuit. Nous y arrivons vers 16 heures, fatigués mais la tête pleine de d’images. Noël, le berger, nous accueille avec le sourire et le pastis… de quoi se remettre en jambe. Ici, pas de téléphone, pas de radio, pas de télé. Loin de tout, une pensée pour les proches avec qui on aurait bien partagé l’instant, on prend une douche (la seule douche chaude de tout le GR) et on se repose jusqu’à l’arrivée des chèvres vers 20 heures 30. C’est l’heure de la traite.

Il est 22 heures 30, le soleil s’est couché doucement et les derniers randonneurs ronflent déjà sous la tente. Et nous, nous nous mettons à table avec l’équipe de la bergerie. Au menu, du veau bio aux olives, pommes de terres marinées dans la sauce, rouge, rosé, blanc, pastis. Tout le monde est déjà bien attaqué. On finit par le fromage tout frais sorti du casgile. Nous passerons la nuit dans une des maisonnettes de la bergerie : une salle de 6 mètres carré meublée de 5 matelas encastrés dans un coffrage en bois. Il est une heure du matin, la lumière s’éteint.

À suivre…

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Promenade au milieu d’un lac en disparition

J’y suis allé en hiver pour profiter de la neige les skis aux pieds, m’y voici de retour en été les chaussures randos bien lacées. À toutes les périodes de l’année, il y a quelque chose à faire au plateau d’Ese, et en ce moment, le truc c’est la randonnée.

Grâce à mes multiples prospectus/livres/trucs/machins, j’ai pris connaissance de l’existence des “Pozzines”. Pour ceux qui, comme moi il y a quelques mois, n’avaient jamais entendu ce mot auparavant, voici une petite définition : « Une pozzine est un trou d’eau observé dans les montagnes corses. Elles sont reliées par des canaux naturels creusés par l’écoulement des neiges fondues et se constituent dans de vastes prairies. »

Depuis le plateau il est donc possible de rejoindre les pozzines des pozzi de Bastelica (des pozzi étant de grosses pozzines) après quelques heures de marche sous les tire-fesses qui faisaient encore le bonheur des skieurs il y a quelques mois. Le sentier est pelé. Je veux dire par là, qu’il n’y a pas un seul coin d’ombre et qu’il vaut donc mieux se prémunir d’un chouilla de crème solaire pour ne pas finir écrevisse. Après avoir traversé un versant de montagne, nous voilà au sommet d’une crête. En bas on aperçoit les fameuses pozzines. La vue est splendide et même étonnante pour le profane. En hâte, nous descendons ce flanc de montagne afin de poser les pieds sur l’herbe bien grasse qui entoure les trous d’eau.

Il y en a de toutes les formes et de toutes les tailles. Dans certains, l’eau est stagnante et sa couleur ne donne pas envie d’y mettre un doigt. Pour d’autre en revanche, l’eau circule de “trou” en “trou” en direction de la vallée en contrebas. C’est l’heure de se remplir la panse. On cherche un petit coin à l’ombre d’un rocher haut perché. C’est visiblement l’heure de manger pour tout le monde, en face de nous, un aigle s’y prend à plusieurs reprises pour sortir d’une pozzine une truite qui se bat avec le courant. Le spectacle est grandiose.

Sur notre droite, un troupeau de vaches apprécie l’herbe grasse que propose cet endroit presque marécageux, assez inattendu dans ce paysage si désertique. Soudain, un bruit résonne très fort dans la vallée. Un taureau s’approche soufflant, râlant, crachant en direction du troupeau. Visiblement décidé à prendre la place d’un plus jeune qui se trouvait là avant lui.

Après une petite sieste au soleil sur l’herbe fraîche, nous nous remettons en route en direction de la station sous un soleil de plomb, le sac plus léger, quelques coups de soleils en plus et la tête vidée de tous soucis.

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