La vallée du Tavignanu

Plan de la micro-région

Le centre corse offre de nombreuses possibilités pour qui aime la montagne et les balades. Ainsi la ville universitaire de Corti (ou Corte en Français) est encadrée par deux vallées qui prennent le nom des fleuves qui les traversent: la Restonica et le Tavignanu.

C’est pour une promenade familiale que nous prenons le départ bien indiqué sous la citadelle de Corti. Le rythme sera tranquille et l’humeur pique-niqueuse avant tout. Notre but sera le passerelle du Russulinu, c’est une fois de plus un chemin bien connu des trailers qui viennent s’y entraîner ou qui l’arpentent lors des courses du périple de l’Arche.

Le sentier s’élève mais l’on voit toujours en surmplomb les eaux du fleuve. Le Tavignanu prend sa source bien plus haut dans les eaux du lac de Ninu pour se jeter ensuite en mer côté plaine orientale. Pas de baignade pour nous mais plus bas de nombreux coins y sont propices et cortenais et touristes ne s’y trompent pas.

Nous trouvons rapidement sur notre droite un petit oratoire dédié à la vierge Marie, il s’agit d’une Madunina (petite madone) dénommée “A Nunziata” du prénom de l’arrière grand-mère du propriétaire des lieux. Il existait auparavant une autre statue à cet endroit, construite par des ouvriers agricoles italiens à la fin du XIXème siècle mais le temps l’avait détériorée. Les grands parents de l’actuel propriétaire avaient donc installé une autre vierge mais celle-ci fut détruite par des parachutistes en manoeuvre à Corti… Espérons que celle-ci aura plus de chance que les précédentes car l’endroit est accueillant, bien entretenu et agrémenté d’une petite fontaine.

La promenade continue tranquillement jusqu’à son but, alternant entre passages sous les pins, chemin pavé avant de traverser la passerelle du Russulinu.

La vallée du tavignanu témoigne également d’une grande richesse sur le plan de la flore. Nous avons pu croiser de délicats lys de Saint Jean, agréablement parfumés mais aussi par exemple un exemplaire étonnant de dracunculus muscivorus. Le nom savant désigne une grosse fleur qui a la particularité de dégager une odeur de charogne pour attirer notamment les mouches à l’intérieur, insectes qui serviront de pollinisateurs par ailleurs. Pas très ragoûtant mais vraiment surprenant comme découverte!

Continuer à lire “La vallée du Tavignanu”

GR 20 : montée au Lac de Nino

À la fin du mois de juin, les collègues de TF1 m’ont proposé de les suivre deux jours pour deux étapes du sentier de grande randonnée en Corse, le fameux GR 20, qui est soit dit en passant le plus dur d’Europe. Avec un peu d’appréhension, j’ai accepté le défi sachant que les deux étapes sont parmi les plus simples de tout le parcours. Le principe étant de faire cinq reportages pour le journal de 13 heures sur tout le GR20.

On part le vendredi soir, après le travail. Tout le monde dans la panda direction Corte, où un taxi nous prend et nous dépose au refuge du Col de Vergio, qui correspond normalement au 3ème ou 4ème jour si l’on fait le sentier depuis le départ de Calenzana. La première soirée et la nuit ne sont pas très encourageantes… Le groupe de randonneurs que l’on voulait suivre est démantelé entre abandons et refus de figuration. Le couple d’allemand avec qui nous partageons le dortoir nous fait profiter de leurs problèmes de transit… Au petit matin, deux gardiens du parc régional nous attendent pour nous guider et nous expliquer tout au long du parcours toutes sortes de choses, comme le nom des monts, des fleurs, des arbres, les anciens et nouveaux sentiers, les erreurs à ne pas faire etc.

Nous prenons la direction du Lac de Nino, source du Tavignanu. Pour beaucoup l’un des plus beaux lacs de Corse. Et pour un des guides « un des plus beaux lacs, parmi ceux les plus accessibles… ». Nous suivons les marques rouges et blanches pendant une heure avant d’atteindre le col de Saint-Pierre à 1452 mètres. De là la vue sur le massif du Cintu, le plus haut sommet de Corse, est bluffante.  La Paglia Orba et l’oeil du Tafunatu sur la gauche. On aperçoit également toute la plaine jusqu’au lac de Calacuccia. On continue dans un maquis ras. Le tournage se déroule bien entre rencontres étonnantes et paysages fabuleux, le tout gonflé par les explications des deux guides.

Après l’ascension d’une crête à presque 1900 mètres nous faisons une pause. Le spectacle l’impose. Le lac se présente en contrebas entouré de pozzi dans une plaine située au milieu d’un cirque de montagne. Les vaches se reposent sur l’herbe grasse alors que des chevaux en liberté parcourent le site au galop. Respectueux pour la plupart, les randonneurs ne quittent pas le chemin et font une pause casse-croûte. Une excuse bien trouvée pour rester un peu plus dans cet endroit magique.

Nous descendons à la fontaine où une éco-garde à cheval nous attend depuis déjà une demie-heure. Nous sommes en retard sur l’horaire. Accompagnée de ses deux chiens, elle nous explique son travail, sa passion, sa vie, son rêve. Une grande partie de l’année à trotter de refuges en bergeries sur des sites remarquables pour l’entretien et surtout la protection face à d’éventuels bivouacs et randonneurs malintentionnés. De quoi effectivement, se surprendre à rêver d’une vie dédiée à ces montagnes.

Après le pique-nique, quelques scènes et une balade au milieu des pozzi, notre groupe se remet en marche en direction des bergeries de Vaccaghja, où nous devons passer la nuit. Nous y arrivons vers 16 heures, fatigués mais la tête pleine de d’images. Noël, le berger, nous accueille avec le sourire et le pastis… de quoi se remettre en jambe. Ici, pas de téléphone, pas de radio, pas de télé. Loin de tout, une pensée pour les proches avec qui on aurait bien partagé l’instant, on prend une douche (la seule douche chaude de tout le GR) et on se repose jusqu’à l’arrivée des chèvres vers 20 heures 30. C’est l’heure de la traite.

Il est 22 heures 30, le soleil s’est couché doucement et les derniers randonneurs ronflent déjà sous la tente. Et nous, nous nous mettons à table avec l’équipe de la bergerie. Au menu, du veau bio aux olives, pommes de terres marinées dans la sauce, rouge, rosé, blanc, pastis. Tout le monde est déjà bien attaqué. On finit par le fromage tout frais sorti du casgile. Nous passerons la nuit dans une des maisonnettes de la bergerie : une salle de 6 mètres carré meublée de 5 matelas encastrés dans un coffrage en bois. Il est une heure du matin, la lumière s’éteint.

À suivre…

Continuer à lire “GR 20 : montée au Lac de Nino”