Santa Maria

Le chemin des douaniers est assez long pour permettre de nombreuses promenades. Cette fois-ci, je dépasse Macinaghju et je prends la piste qui mène à la belle plage de Tamarone.
Après avoir marché sur la plage, le chemin oscille entre le maquis, remonte plus dans l’intérieur des terres ou bien vous ramène encore vers la mer. Le parfum de l’immortelle, de la bruyère, de la myrte et de la lavande sauvage accompagne mes pas. Il est temps d’arriver aux îles de Finochjarola pour une pause contemplative des trois îlots qui servent de réserve naturelle aux oiseaux. Nous repartons car le but de la balade est la tour génoise de Sainte Marie, située un peu plus loin. Elle se laisse découvrir alors que l’on débouche sur les hauteurs. Le regard peut alors suivre la côte jusqu’à la pointe du cap corse et l’île de la Giraglia.
Avant de la rejoindre réellement, juste un petit détour pour découvrir un puits et la chapelle du même nom. Rencontre avec un troupeau de vaches. Le taureau nous fait comprendre qu’il est le seigneur des lieux et qu’il n’est pas question de déranger les petits veaux. Message reçu. Nous arpentons la plage et récoltons quelques pierres ponces avant d’arriver à la tour. Imposante, surprenante, elle se dresse les pieds dans l’eau et a la particularité d’être intacte côté terre et effondrée côté mer. le vert des pierres intérieures contraste avec le bleu profond de l’eau. La petite maison qui la jouxte donne envie de s’installer là, le temps d’un été. Mais il est temps de repartir et c’est ivre de soleil et de senteurs que je rebrousse chemin.

Garre aux battues…

Entre deux gouttes de pluie, le soleil fait surface! Hop j’enfourche mon destrier et me cherche une destination pour me dégourdir les jambes au soleil. Direction le village de Pevani. Situé en flanc de montagne il donne une vue imprenable sur le golfe de Sagone et ses plages blanches; en arrière-plan, les montagnes enneigées. La description de la promenade n’est pas très claire dans mon guide mais la durée annoncée correspond au temps qu’il me reste avant que les premières étoiles pointent le bout de leur nez.

Seulement voilà, après cinq minutes de route carrossable… une barrière fermée et un grillage barbelé bloquent le passage. Je ne suis pas venu pour rien! Je saute la barrière et reprend ma route. Le paysage est étonnant, les collines sont remplies d’asphodèles. Dommage qu’elles ne soient pas en fleur, dans mon livre il est écrit qu’au printemps ces collines sont comme parsemées de neige… mais là elles sont plutôt parsemée d’épinards.

Au cours de mon parcours, comme toujours, j’ai pu faire de drôles de rencontres : tout d’abord un chasseur dans son 4×4 : assez rassurant alors que la chasse est terminée depuis deux semaines déjà. Plus tard c’est un cheval qui s’est écarté de mon chemin pour aller se coucher un peu plus loin sans jamais me quitter des yeux. Puis un groupe de bovins qui a dû s’enfuir du sentier après avoir longuement observé ma trajectoire avant de prendre une telle décision.

Je continue ma route et là, j’arrive à un nouveau grillage avec un petit panneau “chasse gardée”. Un peu inquiet, j’ouvre mon guide qui m’annonce : “sauter le grillage et continuer au milieu du maquis en descendant la colline. Plus bas vous rejoindrez un sentier…”. Euh? C’est une blague? Têtu comme une mule, j’enjambe le grillage, ou plutôt je saute par dessus sans trop réfléchir à comment le repasser au retour. Et là effectivement, il n’y a plus de chemin. Des traces de battue. Du maquis à perte de vue et en face un rocher en hauteur. Je me dirige vers le rocher dans l’idée de surplomber les entourages. Mais voilà après quelques mètres des coups de fusils se font entendre. Des chiens aboient en contrebas et j’entends les chasseurs hurler; Certainement des ordres pour les chiens ou les camarades.

Ayant un goût certain pour le fait d’être en vie et en bonne santé, je décide de ne rien risquer et de faire demi-tour. Les dates de chasse ne s’appliquent visiblement pas aux braconniers. Obliger de ramper pour repasser le grillage de barbelé, me voilà sur le chemin du retour où, de derrière les buissons, le troupeau de bovins continue à m’observer…

Vraiment bizarre cette promenade!

Mais où est le troupeau?

La Corse est riche en promenades et randonnées pour les amoureux de la montagne, et même si je ne peux pas dire que j’en suis un, j’aime parcourir les sentiers et les forêts sans mon destrier qui malheureusement pour lui, ne peut pas quitter son tendre bitume. Sans quoi, vous vous en doutez, jamais je ne mettrais le pied à terre.
Aux alentours du col de Vizzavona (dont nous avons déjà parlé) se trouve un bon nombre de départs de randonnées en tout genre. La forêt de Vizzavona est riche et attrayante pour ce genre d’activités et nous fait découvrir beaucoup de merveilles. C’est toujours grâce à mon fidèle guide vert Michelin que j’ai trouvé (par hasard???) une randonnée correspondant à mes critères : pas trop longue, pas trop dure mais néanmoins très belle! Pour ne pas rater une nouvelle fois le déjeuner, je me suis muni d’une bouteille d’eau fraîche et d’un plan plus ou moins précis de la randonnée trouvé sur internet. Me voilà donc en route pour “Le sentier de la Madonuccia”.

Après quelques difficultés pour trouver le départ (très mal indiqué) de ce fameux sentier, je croise un couple de randonneurs qui ont le plaisir de m’annoncer qu’avant d’arriver au dit sentier, il y a approximativement 350 mètres de dénivelé… ça commence bien, heureusement cette fois j’ai de l’eau! Au fur et à mesure de mon ascension, je remarque que tout n’est que boue séchée, plantes et arbres arrachés et que le chemin est difficilement repérable. En souvenir de ma dernière aventure, je commence à me poser des questions quant aux bonnes intentions de l’étoile qui est sensée me guider… Finalement le décor change petit à petit et de clairière en clairière me voilà arrivé à un premier plateau. Au loin, après quelques arbres, je distingue une grande plaine de maquis traversée par un petit ruisseau dont j’entends le chant; Et aux abords de la forêt, des cabanes de pierre, plus communément appelée “cabanes de bergers”. Je pense tout d’abord, au vue de l’état de certaines habitations, que cette bergerie est définitivement abandonnée mais tout à coup, le son des cloches de vaches résonne dans toute la vallée. Je cherche, j’observe, mais impossible de savoir d’où provient le bruit, mais à mon avis, il y a un bon troupeau d’une cinquantaine de vaches!

Non point par peur ou par manque d’assurance face à un retour éventuel des colocatrices de cette bergerie, je décide de reprendre le sentier en direction de la colline qui se dresse juste en face. Encore une fois, la pente est raide mais le spectacle est cette fois merveilleux. Partout autour de moi, du maquis ras qui dégage toutes sortes d’odeurs plus agréables les unes que les autres. Un ballet constant de petits papillons bleus suit mon ascension tandis que le son des cloches continue de se rapprocher. Arrivé au sommet, la fatigue se fait vraiment sentir, j’ouvre mon sac et me délecte de mon eau… chaude… mais en relevant les yeux c’est l’apothéose! Une vue inoubliable s’offre à moi sur ce qui pourrait être le cœur d’un cercle de pics montagneux.
En face, au loin, je distingue une roche qui se détache du maquis, par curiosité je zoome avec mon appareil et photographie ce drôle de rocher. Après avoir pris mon temps pour admirer le paysage je me rends compte qu’il n’y a plus de sentier. Là, je ne comprends pas, la promenade se terminerait donc en haut de cette colline? La madonuccia serait donc le nom de la bergerie?? Pour ne pas revivre les précédentes expériences, j’accepte la chose comme ceci et entreprends de redescendre vers la bergerie.

Non sans mal, je retrouve le chemin de la descente, mais là, au loin, j’aperçois une vache solitaire qui se dirige vers la bergerie. Certainement une éclaireuse de cet immense troupeau dont j’entends les échos depuis mon arrivée sur le plateau. J’accélère le pas afin de ne pas avoir à affronter une horde de vaches surentrainée aux sports d’intervilles! J’étais presque arrivé en bas de la colline quand deux autres vaches sont sorties de la forêt par le même sentier que la précédente. Elles se dirigent dans la même direction que moi. Je décide de m’arrêter là et de laisser passer le troupeau. J’en profite pour les filmer et immortaliser le moment. C’est alors que je me rends compte que tous les bruits de cloches se situent à présent en face de moi… ce que je prenais pour un troupeau d’une cinquantaine de vaches n’était en fait que trois pauvres vaches égarées. Oui, je vous rappelle que je ne suis qu’un parisien perdu dans le maquis!

Suite à cela je suis redescendu et je suis même arrivé à l’heure pour le déjeuner. Dans la soirée mon ami s’intéresse à ma promenade du matin et me demande le nom de cette randonnée. Il me raconte alors ses aventures et me dit qu’il y a longtemps il avait essayé de rejoindre la madonuccia mais qu’il n’avait pas réussi. Étonné je lui dis que moi j’y ai été et, preuves à l’appui, je lui montre mes photos. C’est dans un éclat de rire qu’il m’explique alors, que la madonuccia est en réalité le nom donnée à la vierge en Corse… et que le sentier s’appelle ainsi car le rocher que j’ai négligemment photographié n’était autre qu’un monticule naturel très célèbre pour sa ressemblance avec une statue de la vierge.

Papa, sors de mon esprit…

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La plage du Lotu

Voici une autre plage magnifique, en bordure du désert des Agriates, accessible en 15 minutes de bateau au départ Saint-Florent (Haute-Corse). Comme sur la plage d’argent on a pied très loin dans la mer, par contre cette plage est beaucoup plus sauvage et plus éloignée des villes. Cela ne l’empêche pas d’être très visitée et bondée en été !
Le jour où j’ai visité cette plage, nous avons eu l’étonnante surprise de découvrir qu’il n’y a pas que les humains qui aiment prendre du bon temps sur la plage, mais également les bovins qui aiment venir se rafraichir en troupeau.
Je vous laisse apprécier la beauté de cette plage en image.