Découverte de Penta-di-Casinca

Les sentiers du patrimoine se multiplient en Corse, chaque village a ses points d’intérêt et tente de les mettre en avant pour attirer l’attention. Pas facile de sortir du lot quand ont sait qu’il y a 360 communes sur l’île !

Difficile pour moi de suivre la cadence et de vous relater les 360 probables nouveaux sentiers de découvertes…

En attendant, lors d’un voyage en Costa Verde, je me suis rendu à Penta di Casinca. Perché sur un promontoire, le cœur du village est bâti autour d’une ancienne place forte. Les immenses demeures, toutes en pierres sèches et en lauzes, sont espacées de petites ruelles escarpées dans lesquelles ont prend plaisir à se perdre.

En suivant les flèches de métal du sentier du patrimoine on découvre, au fil des croisements, des lieux historiques, des points de vue magnifiques sur la mer tyrrhénienne et d’anciens lieux de vie.

Le parcours du Chjassu di a Memoria démarre près de la mairie et serpente sur un petit kilomètre dans le village, qui a été classé, en 1973, Site Pittoresque du Département de la Corse.

Au fil du chemin, comme à l’habitude, de petits panneaux sont installés pour nous expliquer l’histoire du village et plus généralement l’histoire de la Corse… un régal !

« A Penta

A Penta
Les premières maisons de Penta pourraient avoir été construites aux alentours du XIIIe siècle sur l’éperon rocheux qui domine l’actuelle place du village. Une tour seigneuriale devait sans doute se dresser au sommet. Une construction conserve d’ailleurs l’appellation de « Turetta » (petite tour) à proximité de cet endroit. Le bâti est agencé en demi-cercle autour du sommet.
Par la suite, l’habitat semble s’être développé, depuis cet emplacement défensif, au cours de deux phases successives. Le quartier du Borgu, situé en contrebas du promontoire, côté littoral, pourrait avoir été construit au cours des XVe et XVIIe siècles. C’est peut-être le cas également de quelques maisons situées entre l’église San Michele et a Piazza di i fiori.
Le reste du village correspond à des extensions successives plus récentes du bâti, entre XVIIe et la fin du XIXe siècle. L’habitat s’y organise le long de la rue principale et s’est développé vers le nord. Érigées en crêtes, ces maisons hautes et serrées produisent un effet de forteresse imprenable. Les matériaux d’œuvres sont constitués par le schiste, le bois et la terre argileuse. »

« U paese novu

Armoiries de la famille Frediani
Armoiries de la famille Frediani

Cette partie du village de Penta correspond à l’extension du bâti plus récente (XVIIe s. – XIX siècles). L’habitat s’y organise le long de la rue principale, jusqu’à l’extrémité nord du promontoire qui se termine par un belvédère.
Durant cette période, quelques familles de notables, propriétaires terriens, émergent de la communauté. Leurs maisons se distinguent par une architecture liée à leur condition sociale. C’est le cas notamment des familles Drediani, Galeazzi, Limperani ou Viterbi.
Ces maisons de notables ont des dimensions plus imposantes. Les toitures sont soulignées de corniches décorées. Elles peuvent comporter jusqu’à quatre niveaux, tous percés de nombreuses fenêtres. Les larges et lourdes portes d’entrée en bois massif donnent généralement accès à un escalier intérieur qui dessert les étages.
Parfois, des éléments d’architecture supplémentaires contribuent à embellir les façades et à affirmer la notabilité des propriétaires : balcons avec garde-corps en ferronnerie, niches de dévotion, linteaux gravés et corniches. »

« A cima

A Cima
A Cima

On pénètre ici dans la partie la plus ancienne du village de Penta, Les bâtiments sont accrochés à un promontoire difficile d’accès et dont les hauteurs naturelles constituent des éléments défensifs. Les maisons sont concentrées autour du petit sommet (a Cima) où, peut-être dès le XIIe siècle, se serait dressée la tour seigneuriale des « gentilshommes » fondateurs de Penta. Leur construction s’adapte au relief selon un plan semi-concentrique. Ce regroupement au pied d’une fortification semble avoir formé l’amorce du village. Dans cette partie où l’habitat est très concentré, les maisons mitoyennes sont de petite dimension et ont rarement plus de deux niveaux, les ouvertures sont étroites.
Quelques éléments d’architecture à caractère utilitaire méritent attention : fours intérieurs débordant en saillie sur les façades, les niches mangeoires, les pierres d’évier, les escaliers et perrons, les cheminées. »

« Le baroque religieux

Propager la foi

L’architecture religieuse baroque est l’un des prolongements de la politique de «­­­ contre-réforme » engagé par l’Eglise Catholique après le Concile de Trente au XVIe siècle.
A travers ce style, l’Eglise a souhaité s’affirmer.
En Corse, dès le XVIIe siècle, la diffusion de l’art baroque vise à inculquer la religion aux fidèles et emporter leur adhésion en faisant appel à l’émotion. Depuis les cités génoises du littoral, le style se propage dans l’intérieur et imprègne l’architecture religieuse, la décoration des églises ainsi que la peinture.

Saint Michel de Penta di Casinca

La date à laquelle débutent les travaux de construction de l’église du centre du village n’est pas connue. De style baroque, son édification fait suite à l’abandon la chapelle romane également dédiée à San’ Michèle, trop éloignée du village. En visite pastorale en 1646, Monseigneur Marliani signale que la nouvelle église est en cours de construction. Elle sera consacrée en 1760. Le clocher, accolé, aurait été achevé en 1695. Il permet un accès direct aux cloches depuis le chœur. »

« A piazza di i fiori

On raconte qu’à cet endroit, un habitant qui passait aurait été arrosé par le jet d’un pot de chambre. Afin de ne pas s’exposer à la même mésaventure, avant de passer, celui-ci s’écriait désormais : « O donne, attenti chi cola Petru Fani ! » (Mesdames !!!, Attention ! C’est Petru Fani qui monte !) »

Sur les crêtes entre Gravona et Prunelli

Lorsque j’avais réalisé la randonnée en direction de la punta Tirulellu, sur la crête Est de la Haute-Gravona, j’avais remarqué que le sentier continuait à serpenter bien au delà de ma vision.

Et lorsque j’avais réalisé l’Alcudina au départ de Cuttoli, plus bas dans la vallée, mais situé sur la même crête, le sentier continuait également vers le Nord… donc forcement, m’est venu l’idée que ces deux sentiers devaient se rejoindre quelque part !

La carte n’est pas très claire à ce sujet, restait donc à vérifier par soit même ! Figurez-vous que ces deux chemins se rejoignent bien, entre Peri et Carbuccia, et qu’en plus les panoramas, de part et d’autre de la crête, sont à couper le souffle, comme toujours (ah ah !).

Certes le chemin est long, il faut compter une journée complète pour un randonneur ayant l’habitude du dénivelé. Car de sommets en sommets on cumule pas moins de 1560 mètres de positif… Ça tire sur les mollets mais les yeux se régalent.

En passant à bocca di i Catareddi, un panneau nous indique que ce lieu servait autrefois pour les batailles nocturnes des mazzeri.

D’un côté, l’œil se pose sur une vallée de la Gravona conquise par des constructions qui serpentent autour du fleuve. Entre forêts, villages, hameaux, nationale et tout au bout, l’aéroport et la ville d’Ajaccio, surplombe le Monte Gozzi. De là haut, il semble perdre un peu de sa magnificence et d’altitude.

De l’autre, c’est plus sauvage. Le maquis s’étend partout sur l’horizon. Au loin le village de Bastelica semble coincé dans la vallée. Au dessus, la Scaldasola est enneigée. On imagine assez facilement qu’à la station d’Ese, juste à côté, les amoureux de la neige s’en donnent à cœur joie. Plus bas, une étendue d’eau s’incruste dans le paysage: Le barrage de Tolla scintille sous le soleil.

De chaque côté des sommets de toutes formes, toutes tailles, blanc, noir ou gris, dépassent en toile de fond et il n’est pas toujours évident de les identifier.

Rapidement je me retrouve avec les pieds dans la neige alors que j’entame l’ascension du Tirulellu par la face Sud, beaucoup plus raide que par l’autre côté. Il ne reste ensuite qu’a rejoindre le col de Scalella par un sentier en corniche vraiment très beau !

Bref, si vous voulez vous en mettre plein la vue et faire une “vraie” randonnée, je vous conseille ce parcours.

Attention toute fois, pensez-bien à placer deux voitures, sinon le retour sera long ! Si vous vous le sentez, et en se renseignant sur les horaires avant, vous pouvez revenir à Cuttoli par le train au départ de Tavera. Du col de Scalella, vous pourrez rejoindre Tavera en passant par l’ancienne chapelle San’Polu. Ainsi vous laissez une voiture à la gare de Mezzana et l’autre au départ de la randonnée à Pedi Muredda.

De Tavera à Bocognano sans le bitume

Il fut un temps pas si lointain où marcher d’un village à l’autre n’était pas qu’un passe temps. Beaucoup des sentiers que l’on emprunte dans les plaines sont les restes de ces chemins, parfois muletiers, créés pour des raisons souvent économiques et commerciales.

Aujourd’hui la route remplace la plupart de ces sentiers dont les secrets (architecturaux) disparaissent doucement, oubliés.  Pourtant nos ancêtres avaient su s’adapter au paysage et aménager comme il se doit les chemins pour rendre plus simple leurs déplacements.

Les villages de la haute Gravona étaient tous reliés par des sentiers dont la plupart sont toujours existants ! Entre Peri et Carbuccia, Carbuccia et Ucciani, Ucciani et Tavera, Tavera et Bocognano… C’est sur ce dernier que je me suis rendu dernièrement un peu par hasard.

Vous savez, ces journées où vous préféreriez pantoufler à la maison malgré le rayon de soleil, mais votre raison vous chuchote toutes les deux minutes “sors”… “sors”… “sors”… de manière incessante… “sors”…
Vous finissez par abdiquer, mais sans aller trop loin !

Et là, c’est la surprise. Si le choix du sentier n’était qu’un prétexte, je suis bien content de l’avoir découvert. Il offre en effet de beaux panoramas sur la haute Gravona et longe les vestiges d’une économie locale disparue. Des murs, des maisons, des terrasses cultivées, et même, une ancienne gare, aujourd’hui en ruine. Plus personne ne devait s’aventurer dans le secteur pour travailler…

Depuis la gare, nous pouvons longer la voie de chemin de fer et découvrir un pont aux proportions impressionnantes. Chapeau aux bâtisseurs des chemins de fer de la Corse qui, dans les années 1900, ont réalisé des prouesses techniques pour qu’enfin Bastia et Ajaccio soient accessibles par la voie ferrée.

Plus loin, entre les exploitations porcines, se trouve un pont de singe, qui ne doit pas être si vieux, mais qui fera le plaisir des enfants (et des grands ?).

Le petit plus, si vous ne l’avez toujours vu, ou si vous ne pouvez vous en lasser, le sentier se termine non loin du départ pour la cascade du voile de la mariée. Allez y jeter un oeil, histoire de mesurer le débit !

Continuer à lire “De Tavera à Bocognano sans le bitume”

Les anciens fours de Cuttoli

La commune de Cuttoli-Corticchiato est très attachée à son patrimoine bâti. Preuve en est des différentes initiatives qui ont été soutenues par la municipalité en matière de réhabilitation d’anciens sentiers et de reconstructions ou sauvegardes d’anciennes constructions oubliées.

Après le très convoité chemin des moulins (A Stretta di i mulini) place aux fours à tuiles avec I Furnacci ! Une industrie aujourd’hui laissée à l’abandon mais qui, dans une autre époque, était une part économique très importante de la micro-région.

Sur la commune on trouve une dizaine de ces fours, tous placés aux abords du ruisseau de Ciccaria au Sud du village.

Ainsi un sentier historique a été créé pour redécouvrir l’histoire de nos ancêtres et les méthodes de travail. Dans une boucle réalisable en famille, on quitte les habitations pour s’engouffrer dans un maquis haut sur un sentier parfaitement nettoyé.

Par moment, le sentier offre de magnifique panoramas sur la plaine de la Gravona. Les fours sont splendides. Certains ont été restaurés et mis en situation pour nous donner une idée plus précise de leur utilisation.

Férus d’histoire ou petits crapahutes, nous sommes tous séduits par ce chemin aux multiples facettes qui, comme celui des moulins, deviendra, je pense, un classique dans la micro-région !

Continuer à lire “Les anciens fours de Cuttoli”

L’Uomo di Cagna, le gardien de l’Extrême Sud

Il guette. Imperturbable. Pétrifié dans le granite à 1217 mètres d’altitude, l’Uomo di Cagna se dresse. Il surveille l’extrême Sud de l’île.

D’après la légende, il serait le phare des pêcheurs de corail. Visible loin en mer, les pêcheurs d’antan cessaient leur activité s’ils n’apercevaient plus la haute silhouette.

Une autre légende raconte qu’il se serait partagé la surveillance du territoire avec le lion de Roccapina. L’un les yeux rivés sur la montagne, l’autre sur les côtes occidentales.

Bien connue des randonneurs, le sentier qui permet de rejoindre cette “statue” solitaire démarre du hameau de Giannuccio à Monacia d’Aullène. Outre le fait qu’il faut avoir de bonnes cuisses et de bons mollets, la promenade est très agréable.

Le paysage est ravissant, d’abord dans un maquis moyen puis, vers le sommet, dans la roche. Des rochers sculptés, comme on en voit souvent en Corse, et parfois arrondis, qui donnent de la douceur et une ambiance apaisante.

Imaginez les paysages côtiers de Capo di Muru ou encore des Lavezzi mais à plus de 1000 mètres d’altitude.

Après avoir serpenté sur le plateau, tout en haut, on se retrouve face une arche naturelle immense, de plusieurs fois la taille d’un homme. Cette semi-grotte nous servira de refuge pour déjeuner sans souffrir du vent.

Un peu plus loin, après avoir terminé la bouteille de vin (hips!) on escalade, on saute, on enjambe les rochers pour rejoindre l’homme de pierre. Lui, de si près, ne ressemble à rien d’autre qu’à un tas de pierres. Mais il est toutefois très étrange, que la pierre qui représente la tête, se soit retrouvée perchée comme elle l’est de faits naturels.

En revanche, le panorama laisse sans voix (c’est souvent que je la perd si haut :p) !

Continuer à lire “L’Uomo di Cagna, le gardien de l’Extrême Sud”