De Tavera à Bocognano sans le bitume

Il fut un temps pas si lointain où marcher d’un village à l’autre n’était pas qu’un passe temps. Beaucoup des sentiers que l’on emprunte dans les plaines sont les restes de ces chemins, parfois muletiers, créés pour des raisons souvent économiques et commerciales.

Aujourd’hui la route remplace la plupart de ces sentiers dont les secrets (architecturaux) disparaissent doucement, oubliés.  Pourtant nos ancêtres avaient su s’adapter au paysage et aménager comme il se doit les chemins pour rendre plus simple leurs déplacements.

Les villages de la haute Gravona étaient tous reliés par des sentiers dont la plupart sont toujours existants ! Entre Peri et Carbuccia, Carbuccia et Ucciani, Ucciani et Tavera, Tavera et Bocognano… C’est sur ce dernier que je me suis rendu dernièrement un peu par hasard.

Vous savez, ces journées où vous préféreriez pantoufler à la maison malgré le rayon de soleil, mais votre raison vous chuchote toutes les deux minutes “sors”… “sors”… “sors”… de manière incessante… “sors”…
Vous finissez par abdiquer, mais sans aller trop loin !

Et là, c’est la surprise. Si le choix du sentier n’était qu’un prétexte, je suis bien content de l’avoir découvert. Il offre en effet de beaux panoramas sur la haute Gravona et longe les vestiges d’une économie locale disparue. Des murs, des maisons, des terrasses cultivées, et même, une ancienne gare, aujourd’hui en ruine. Plus personne ne devait s’aventurer dans le secteur pour travailler…

Depuis la gare, nous pouvons longer la voie de chemin de fer et découvrir un pont aux proportions impressionnantes. Chapeau aux bâtisseurs des chemins de fer de la Corse qui, dans les années 1900, ont réalisé des prouesses techniques pour qu’enfin Bastia et Ajaccio soient accessibles par la voie ferrée.

Plus loin, entre les exploitations porcines, se trouve un pont de singe, qui ne doit pas être si vieux, mais qui fera le plaisir des enfants (et des grands ?).

Le petit plus, si vous ne l’avez toujours vu, ou si vous ne pouvez vous en lasser, le sentier se termine non loin du départ pour la cascade du voile de la mariée. Allez y jeter un oeil, histoire de mesurer le débit !

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Les gorges de la Richiusa

Il fait chaud… très chaud… très très chaud… mais on arrive quand même à mettre le nez dehors pour randonner. Direction Bocognano dans les gorges de la Richiusa.

Le site est très connu pour le canyoning mais offre également des parcours de randonnées très bien balisés. En route pour une boucle de 3 heures entre rivière et montagne. On passe d’abord une passerelle avant de prendre de la hauteur. Rapidement on jouit d’une jolie vue sur la rivière et sur le village de Bocognano. Après un sentier en corniche on redescend en direction des jolies bergeries de Matone.

Le coin est agréable et proche de la rivière. Au top pour faire la pause déjeuner et profiter un peu de la fraîcheur de l’eau. J’aurais d’autant plus apprécié si j’avais su à l’avance ce qui m’attendais après…

Après une bonne pause, je renfile les basquettes pour continuer la boucle. Dans ce sens, la suite du parcours est assez éprouvante : 150 mètres de dénivelé sur 500 mètres. Autant vous dire que ça monte à pic! La chaleur est écrasante mais rapidement on arrive au sommet.

Une nouvelle fois, la vue sur Bocognano et la vallée de la Gravona est bluffante. En arrière, on peut s’amuser à remonter la rivière jusqu’à la coulée de neige qui marque le départ de la rivière, à 2400 mètres d’altitude environs.

Le retour se déroule tranquillement, on profite de la vue en redescendant doucement vers le village. À l’arrivée, deuxième pause baignade dans la rivière, juste de quoi s’étirer les orteils avant de rentrer à la maison…

Plus qu’à le faire en canyoning!

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Tant pis pour le sommet…

À la fin du mois de septembre, je me suis lancé dans l’ascension du Monte d’Oro à travers une boucle de 17km. Cette impressionnante montagne, qui a donné son nom à l’aéroport d’Ajaccio, est le cinquième sommet le plus haut de Corse, culminant à 2 389 mètres. Il se trouve sur le massif du même nom et marque la limite entre les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Plus exactement, c’est sur la Punta Muratellu, située juste à côté du Monte d’Oro que se trouve cette limite.

Le sentier part du col de Vizzavona, en direction de la cascade des anglais. On entame ensuite l’ascension de la vallée de l’Agnone, certainement une des plus belles vallées de Corse, en suivant le tracé du GR20, jusqu’à la crête. Si le dénivelé est important, les paysages font oublier la fatigue.

Après s’être extasié, commence le calvaire… En effet, arrivé sur la crête, un croisement fait quitter le GR20 pour prendre la variante menant aux sommets du Monte d’Oro. De point jaune en point jaune on cherche son chemin au milieu des éboulis et rapidement les points jaunes disparaissent, vous laissant un peu seul au monde au milieu de ces amas de pierres. Toutefois le parcours, correctement fréquenté, reste repérable. J’arrive ainsi rapidement à bocca di Porcu, où il est soudain impossible de tenir debout. Le vent règne en maître sur cette crête. Je prends quand même quelques minutes pour apprécier le paysage qui laisse sans voix…

J’aperçois juste en dessous le grand lac d’Oro, et le sentier qui permet d’y descendre. Au loin je reconnais le monte Rotondu ainsi que les différents sommets qui entourent le lac de Ninu. Vers le Sud, c’est toute la vallée de la Gravona qui se dévoile, jusqu’à Ajaccio et une partie de la rive Sud, le temps n’est pas assez clair pour voir plus loin… Les villages de Vizzavona, Tattone et Bocognano sont également reconnaissables.

Je continue l’ascension en direction de la punta Muratellu, située à 2 141 mètres. Le vent est de plus en  plus insoutenable et de nouveau je n’aperçois plus aucun point jaune. Je reste un moment à observer le paysage. En face de moi se dresse le Monte d’Oro. Je refuse de faire demi-tour et continue doucement. Après une petite heure à chercher mon chemin dans les éboulis, je repère de nouveau le parcours! Ouf!

Petit à petit, je me rapproche du sommet, jusqu’à apercevoir le sommet de la croix plantée au sommet. Seulement le vent souffle toujours par rafales et la dernière partie demande de petites escalades au dessus du vide. Après un moment de réflexion, ce sera tant pis pour le sommet… l’ascension par ce vent me semble trop dangereuse… j’y reviendrais?

Je continue ma boucle et descends jusqu’à un plateau d’herbe bien sèche. Ce sera ma pause déjeuner! Sous le sommet qui me nargue toujours. La descente se fait ensuite par une autre vallée. Petit passage technique dans «la Scala», ou l’escalier, un éboulis de grosses pierres tombant à pic le long d’un énorme piton rocheux. Passé cet effort, on redescend tranquillement et on retrouve les magnifiques pins larici de Vizzavona avec ses sentiers bien plus agréables pour les pieds. Autre déception, il existe une oeuvre d’art sur les contreforts du Monte d’Oro représentant des mains d’or. Je ne les ai pas vues… Elles se trouvent pourtant sur la descente. Une prochaine fois?

C’est finalement après 8 heures 30 de marche que je reviens à la voiture… un peu cuit certes mais avec de belles images bien la tête…

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Les bergeries di Capiaghja

Panneau sur le bord de la route
Le panneau au pont de Sedula

Si votre chemin vous a mené dans la forêt de Vizzavona, et plus précisément à la sortie du domaine de Bocognano, vous avez certainement remarqué deux petits panneaux sur le bord de la route indiquant des noms et des durées sans plus d’explications.

En cherchant un peu sur internet, je n’ai rien trouvé non plus. C’est pour dire, même l’ultime Guide Vert Céleste ne parle pas de ces chemins… Un matin donc, très tôt, j’ai décidé d’aller vérifier par moi-même. En route pour Bocognano. Après la nouvelle déviation qui mène au col de Vizzavona, il y a un pont, le pont de Sedula avec un petit “parking” sur la droite. C’est ici que tout part.

On suit d’abord une piste jusqu’à un petit barrage où se trouve un autre parking. Il est donc possible de monter jusqu’ici avec un véhicule haut. Là, des petits panneaux en bois sont plantés dans le sol, indiquant toujours des lieux sans indication de temps. Je décide de prendre à droite. Le chemin (balisé) abandonne la piste pour prendre un petit sentier sous les pins tout en longeant la rivière. C’est la Gravona qui prend sa source un peu plus haut.

Après une petite heure de marche on arrive à une fontaine proche de bergeries. Les bergeries de Capiaghja. Elles se situent au coeur d’une vallée. D’autres randonnées sont accessibles depuis ce point. Notamment celle qui lie les villages de Tavera, Bocognano et Vizzavona. On peut également rejoindre Bastelica en passant par le Col de Vetta, mais… il faut avoir quelques heures devant soi (9 heures de marche environ).

Tout proche, un pont de singe en métal permet de traverser la Gravona dont le courant est très fort à cette période de l’année. Tout de suite après, un autre panneau fait son apparition. Montrant un chemin très escarpé et extrêmement (je pèse mes mots) raide. Il monte en fait le Capitedu A Pughjola, un col à 1600 mètres d’altitude. Mais une fois encore, il faut beaucoup de temps pour le rejoindre (4 heures environ d’après les cartes IGN depuis ce point).

Je décide donc de faire demi-tour avant de me perdre totalement. Entre-temps, j’ai pu repérer sur mon GPS que le chemin dit “des Bergeries de Capiaghja” forme en fait une boucle qui se rejoint au niveau du barrage où se trouvaient les deux petits panneaux. J’ai donc suivi cette boucle qui s’élève sous les pins pour passer sur l’autre versant de la montagne. Là se trouve une autre fontaine ainsi que d’autres bergeries. Celles-ci abandonnées.

En 2 heures, la boucle est bouclée et c’est une promenade très agréable que j’ai pu découvrir au coeur d’une forêt toujours aussi éblouissante.

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Trésors d’automne

Arc-en-ciel
Arc-en-ciel à Bocognano

L’automne est toujours l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des paysages sous des couleurs chatoyantes. Du vert au jaune ou du jaune au rouge en passant par l’orangé. Les arbres, un peu comme nous d’ailleurs, ne savent plus comment se vêtir en cette période où il ne fait ni totalement chaud, ni totalement froid.
Mais le ciel aussi est indécis. Entre grisaille et belles éclaircies, il peut nous offrir la plus inquiétante tempête et la plus douce accalmie à quelques heures d’intervalles.
C’est la saison intermédiaire. La saison des interrogations et des doutes. On passe d’une phase à l’autre sans vraiment  être décidé.
Parfois alors que le ciel doute encore du temps à présenter et que la terre ne sait quel manteau choisir, un bal de couleur fait son apparition. L’arc-en-ciel apparaît comme la palette d’un peintre qui ne saurait faire son choix. Comme une gamme qui serait présentée à la saison pour choisir son apparence.

Celui-ci s’est présenté à moi aux alentours de Bocognano. Les arbres hésitaient entre le vert et le roux alors qu’un soleil splendide faisait son apparition sous une pluie fine bien décidée à s’installer.

On dit dans les contes de fées qu’aux pieds des arc-en-ciel se trouvent un trésor. Peut-être contient-il les réponses aux questions que l’automne se pose?