Le sentier du littoral: de San Fiurenzu à la plage du Lotu

Il faut savoir sauter sur l’occasion pendant que le maquis est en fleurs et que la chaleur n’écrase pas encore les lieux. Bientôt l’endroit sera assailli par des hordes de vacanciers et de locaux et c’est un luxe de s’y promener au calme. Nous débutons notre marche après avoir pris une petite piste au bout de la plage de la Roya. Là l’enchantement commence, le sentier est facile et ondule entre petites criques, maquis bas, eaux turquoises. Je découvre par la terre, les sites où je me baigne l’été quand la famille me fait profiter de balades en bateau. Il faut se déchausser pour traverser à Travu et à Fiume car les pluies du printemps ne sont pas si lointaines et ont fait grossir les cours d’eau qui rejoignent ici la mer.
Nous atteignons la tour de la Murtella et c’est là que nous choisissons de déjeuner. Cette tour est emblématique des Agriates avec une face encore entière et une partie effondrée qui domine la mer. On peut encore apercevoir l’épaisseur des murs de cette tour génoise érigée au XVIème siècle et l’organisation des espaces à l’intérieur.

Nous continuons ensuite jusqu’au sémaphore du même nom situé plus haut jusqu’à atteindre le petit Lotu, plage qui se trouve avant celle du Lotu que l’on peut également rejoindre avec des navettes au départ de Saint Florent.

Nous gravissons la Punta Cavallata, appelée également le sphinx car ce rocher y ressemble vu de la mer. Au sommet, des restes de constructions (une tour?) et surtout un très beau panorama sur la mer et le cap corse. Nous revenons par le même chemin, les coleurs ont changé depuis le matin et offrent un nouveau spectacle, sans cesse renouvelé.

Le couvent de Marianda à Ferringule

Sa façade imposante et ses vestiges avaient attiré mon oeil alors que je me dirigeais par la route vers Bracculaccia, hameau de Ferringule, pour une autre balade. Placées en surmplomb, les ruines du couvent veillent sur la région et accompagnent vos pas. Inutile de vous dire que j’étais bien décidé à y revenir. Chose faite, quelques jours après. Je me gare en contrebas et je grimpe par un sentier sur la droite qui permet de ne pas prendre aussitôt une piste carrossable pour se la jouer Indiana Robinson du maquis pour quelques instants. Ainsi, je découvre d’abord les restes d’une modeste habitation avant de continuer vers mon but. J’y parviens après avoir rencontré une citerne d’eau récente.

Voilà enfin le couvent Saint François, appelé Marianda. Il est bordé d’un important corps d’habitation et d’un mur de pierres qui servait d’enceinte pour les bêtes ou de protection je ne sais pas au juste. Les constructions qui bordent l’un des côtés de l’édifice religieux rappellent sans doute la vie quotidienne des moines: ici un four, là une citerne ou encore une petite chapelle attenante. Ces lieux sont émouvants. Mais ce n’est rien encore, la façade du couvent est majestueuse malgré les outrages du temps et se dresse, fière face à la mer, des niches l’ornent encore. À l’intérieur, le toit s’est effondré et les intempéries ont rongé les différents autels et les stucs qui laissent encore entrevoir quelques bribes de leur splendeur passée. Le clocher est encore là, même si un arbre a choisi de s’y établir désormais.

Ce lieu nous rappelle la fuite irrémédiable du temps même si l’édifice a bien résisté alors qu’il a été abandonné au XVIIème siècle. Difficile de se résigner à la perte de ces témoignages riches d’un passé aujourd’hui révolu.

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Entre profane et sacré : Soriu – Rapale

4/4. Soriu – Rapale
Dernière étape de ce long parcours. Soriu est un village plein de surprises. Tout près de l’église une maison présente une toiture merveilleusement sculptée. Face à l’église, un belvédère propose une nouvelle fois une vue imprenable sur les plaines du Nebbiu. C’est réellement un des points forts de ces trois villages.

Nous quittons donc ce dernier village par un petit sentier sur la gauche de la route qui descend sec. Très vite nous arrivons à une petite chapelle, Sainte-Marguerite, que j’avais déjà aperçue depuis A Pieve en contrebas. Vraisemblablement construite entre le XIè et le XIIè siècle elle est de style roman-pisan. Elle a été classée monument historique en 1936 et bien qu’elle soit détachée du village, elle fut pendant des siècles l’église paroissiale de Soriu. Elle a été restaurée en 1992.

La promenade se poursuit dans une oliveraie. Une nouvelle fois, nous l’avions vue depuis A Pieve. Le chemin descend jusqu’à la rivière. Juste à côté se trouve une petite fontaine qui a été restaurée en 2008 : Funtana di Vergalella. Il faut traverser la rivière, un des sept bras du fleuve Aliso. Tout de suite, le sentier remonte abrupt dans une châtaigneraie vers A Pieve.

La suite de la promenade se fait en grande partie sur la route… du moins c’est ce que j’ai fait, car je n’ai plus trouvé de panneau d’indications pendant un long moment. Le côté randonnée disparaît un peu mais la promenade est quand même agréable et puis, plus loin, le sentier reprend pour remonter vers Rapale à travers champs. Un troupeau de moutons nous accueille, l’air tout de même un peu étonné, à l’entrée du village.

La boucle est bouclée. Vous l’aurez compris, il est difficile de tout faire en une seule fois. Si l’envie vous vient, je vous conseille de le faire en deux boucles : Rapale – A Pieve / A Pieve – Rapale puis A Pieve – Soriu / Soriu – A Pieve. Ainsi vous aurez le temps d’admirer la multitude de choses qu’il y a à découvrir. C’est un voyage au coeur de ces villages et de leur histoire pour en apprendre toujours un peu plus sur les modes de vie dans ces micro-régions au cours des siècles.

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Entre profane et sacré : A Pieve – Soriu

3/4. A Pieve – Soriu
On quitte le village de A Pieve par la route qui mène vers Soriu. Rapidement un sentier se dessine sur la gauche. D’ailleurs il est indiqué par un panneau de bois portant le nom du parcours : « Entre profane et sacré ».

On grimpe rapidement et, il faut le dire, assez hasardeusement sous un maquis haut. Souvent le chemin se divise et on hésite un peu. Je ne sais pas si c’est la chance ou l’aide du GPS, mais bien après l’apparition des premières gouttes de sueur, nous arrivons sur le plat au niveau d’un autre panneau de bois. Ouf, on ne s’est pas trompé!

A peine prend-t-on le temps de se reposer qu’on relève les yeux pour admirer le panorama. Plus loin le maquis laisse place à des sortes de prairies où les Pagliaghji (maisons de berger en pierres) sont assez nombreux pour donner une impression de village abandonné. Certains sont en ruines et ont laissé place à des chênes ou autres châtaigniers dont l’âge impose le respect, alors que d’autres sont en parfait état. Certainement restaurés et toujours utilisés par d’éventuel mélancolique?

Mais le sentier continue et la vue ne cesse de m’éblouir. Très vite la croix au sommet du San Damianu attire notre attention. Non sans mal on se fraye un chemin jusqu’à elle. De nouveau, je reste là. Face au fabuleux spectacle qu’offre la nature sur cette île de beauté qui porte si bien son nom. Sur ma droite j’aperçois A Pieve sous un nouvel angle. En face s’étendent les plaines du Nebbiu jusqu’au golfe de Saint-Florent. Sur ma gauche, la montagne coupe l’horizon. Sur son flanc se dresse Soriu qui n’attend que mon arrivée…

J’entreprends alors la descente sur un sentier bordé de murets. Je me surprend même à redécouvrir des jeux d’enfants : traîner les pieds dans les feuilles mortes et en faire de gros tas tout en marchant… sale gosse.

Nous arrivons à Soriu sous les amandiers en fleurs au niveau d’une petite chapelle édifiée au XVI siècle. La chapelle Saint Antoine. Elle a été restaurée en 2002 et visiblement ses alentours sont toujours en cours de restauration.

Comme Rapale et A Pieve, le village est typique. De vieilles bâtisses en pierres, des lavoirs, un beau clocher, une fontaine. Un ingénieux système d’irrigation par canaux traverse le village jusqu’au lavoir et puise son eau à une source derrière la chapelle Saint-Antoine. Mais faites attention, le village est bien gardé… par différents ânes qui veillent minutieusement.

Après avoir traversé le village et rempli l’appareil photo de clichés, nous nous dirigeons vers la suite de la promenade. Il est temps de rentrer à Rapale…

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Entre profane et sacré : Rapale – A Pieve

« Entre profane et sacré ». C’est le nom d’un long sentier qui lie les communes de Rapale, A Pieve et Soriu tout en passant par des points d’intérêts variés comme des chapelles, des bergeries et autres vieilles pierres et sans compter les belvédères qui vous coupent le souffle. On en découvre ainsi un peu plus sur le Nebbiu (Haute-Corse) et la vie de ses habitants à travers l’histoire.

La randonnée est longue et j’ai dû m’y prendre à deux fois pour en faire le tour (ou presque). Je vous propose donc de la découvrir en quatre articles différents.

1/4. Rapale – A Pieve
Je suis parti du village de Rapale et plus précisément de l’église Santa-Maria-Assumpta, un héritage Pisan. De là, un panneau nous présente le parcours et ses différents points forts. D’ailleurs, tout au long de ce sentier se trouvent de petits panneaux d’informations dont vous trouverez les clichés. On commence par prendre de l’altitude avant de s’enfoncer dans les bois. En plein mois de janvier, le soleil est présent malgré quelques nuages, toutes les saisons sont propices à la découverte.

Nous arrivons rapidement à une petite chapelle romane du XIIIe siècle en cours de restauration : San Cesariu. Elle a été classée monument historique en 1840 et a la particularité d’être bâtie en serpentine, une pierre verte que l’on trouve en abondance dans la région et qui était très soigneusement sculptée. Cette chapelle est considérée comme la jumelle de San Michele de Murato dont je vous ai déjà parlé.

Après cette halte, on reprend l’ascension en direction d’une corniche entourée de maquis ras qui nous offre un panorama exceptionnel sur les plaines du Nebbiu. On aperçoit ainsi la retenue de Padula et la ville de Saint-Florent. Au loin le Cap Corse s’étale une nouvelle fois devant moi sous un angle nouveau. Curiosité du moment, en jetant un oeil en direction de l’est, le temps clair nous permet de distinguer entre les monts l’île d’Elbe. Malheureusement l’appareil photo n’a pas nos yeux…

Certains passages de la corniche sont encore recouverts de neige. Les dernières chutes avaient pratiquement coupé du monde ces villages qui culminent entre 450 et 700 mètres d’altitude.

En une bonne heure et demie de marche nous arrivons au village de A Pieve…

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