Occi, village déserté

Occi, situé sur la commune de Lumio, n’est plus aujourd’hui que des ruines si l’on met à part sa petite chapelle, restaurée il y a quelques années. Mais ce fut autrefois un village à part entière. C’est au début du XIXe siècle que l’idée de la dissolution de la commune fut lancée, afin qu’elle soit rattachée à celle de Lumio, tout proche. Malgré le refus des habitants, en 1852, la commune fut officiellement dissoute. Peu à peu, même si le phénomène avait largement commencé des années auparavant, le village se vida de ses habitants.

A quelques pas de Lumio, il est possible de se rendre dans les ruines d’Occi. Figées dans le temps, les ruines nous donnent une idée de la vie des balanins au XIXe siècle. L’agencement des habitations, les ruelles étroites, les murs de délimitation des cultures, les aires de battages (aghje), les puits, tout est resté et donne une émotion certaine.

Mon chemin m’a ensuite mené en dehors du village, en direction d’une corniche qui a été aménagée pour offrir un panorama imprenable sur la baie de Calvi et sa citadelle. De là, on arrive rapidement à Capu d’Occi (563 m). Situé juste au-dessus du village, ce sommet offre une vue privilégiée sur les ruines.

Tout autour, la vallée est parsemée de pagliaghji. Si l’on regarde au Sud, on aperçoit la chaîne du Cintu qui arbore toujours un magnifique manteau blanc. En redescendant on rejoint facilement un très beau sentier aménagé de pierres qui lie les villages de Lumio et Lavatoggio (une autre balade à faire), au niveau de la chapelle Notre Dame de la Stella.

De là, il est possible de rejoindre le Capu Bracaghju (556 m). Si le chemin n’est pas très clair, quelques cairns et un peu de recherche permettent d’arriver au sommet. En chemin on passe plusieurs sites en ruines. Ce sont en fait les restes des châteaux des seigneurs de Balagne. Inutile de vous préciser qu’au sommet on reste bouche bée devant le panorama…

Petit tour à Lumio au retour :


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« Trà aghje è pagliaghji » à Rutali

Trà aghje è pagliaghji

De nouveau, nous nous sommes rendus dans la micro-région du Nebbiu qui est bien décidée à nous faire découvrir la vie de nos ancêtres corses.
Cette fois-ci, direction le village de Rutali qui propose un sentier communal entièrement réhabilité en 2003 par une association, « Opera di Rutali ». À travers ce chemin, on en apprend plus sur la culture du blé en Corse et sur l’utilisation des fameux pagliaghji dont on a déjà parlé.

Une dizaine de ces constructions en pierres sèches ont été restaurées avec leurs aires de battage (Aghje). Il faut savoir que la commune en compte à l’origine plus d’une centaine tout autour du village. Dans le Nebbiu, je vous en ai également déjà parlé, ces petites maisons ont une particularité : leur toit sont en fausse voûte en encorbellement (voir en bas d’article).

On découvre également des murets en pierres sèches dont certains ont à leur base une sorte de trou qu’on appelle « Chjose ». Le parcours est agréable, sans difficulté et plein de points d’intérêt accompagnés d’explications. Des fontaines, des maisons de pierres, des Pagliaghji, des aires de battages etc. Sans compter, encore une fois, sur la vue que nous offre le chemin à la fois sur la plaine du Nebbiu mais également, de l’autre côté, sur le défilé du Lancone, Biguglia d’Ortale, l’étang de Biguglia et les îles italiennes.

Vers la fin de la promenade, on découvre un petit cimetière. Il est composé de six tombes. Six Tirailleurs marocains  ont trouvé la mort durant les combats au lieu-dit « I Pughjali » durant la seconde guerre mondiale  pour la libération de la Corse, première région à l’être. Un peu plus haut, une croix est posée au sommet culminant. De là haut, on profite du panorama et on essaye de retracer notre chemin au milieu du maquis.

Si l’idée vous prend de faire cette promenade, vous vous poserez certainement la question de savoir à quoi correspond la grande croix blanche située haut dans la montagne. Elle marque l’endroit d’un drame qui a ébranlé toute la Corse en 2008. On s’en souvient, un hélicoptère de la sécurité civile (le Dragon 2B) s’était crashé alors qu’il était en intervention.

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Entre profane et sacré : A Pieve – Soriu

3/4. A Pieve – Soriu
On quitte le village de A Pieve par la route qui mène vers Soriu. Rapidement un sentier se dessine sur la gauche. D’ailleurs il est indiqué par un panneau de bois portant le nom du parcours : « Entre profane et sacré ».

On grimpe rapidement et, il faut le dire, assez hasardeusement sous un maquis haut. Souvent le chemin se divise et on hésite un peu. Je ne sais pas si c’est la chance ou l’aide du GPS, mais bien après l’apparition des premières gouttes de sueur, nous arrivons sur le plat au niveau d’un autre panneau de bois. Ouf, on ne s’est pas trompé!

A peine prend-t-on le temps de se reposer qu’on relève les yeux pour admirer le panorama. Plus loin le maquis laisse place à des sortes de prairies où les Pagliaghji (maisons de berger en pierres) sont assez nombreux pour donner une impression de village abandonné. Certains sont en ruines et ont laissé place à des chênes ou autres châtaigniers dont l’âge impose le respect, alors que d’autres sont en parfait état. Certainement restaurés et toujours utilisés par d’éventuel mélancolique?

Mais le sentier continue et la vue ne cesse de m’éblouir. Très vite la croix au sommet du San Damianu attire notre attention. Non sans mal on se fraye un chemin jusqu’à elle. De nouveau, je reste là. Face au fabuleux spectacle qu’offre la nature sur cette île de beauté qui porte si bien son nom. Sur ma droite j’aperçois A Pieve sous un nouvel angle. En face s’étendent les plaines du Nebbiu jusqu’au golfe de Saint-Florent. Sur ma gauche, la montagne coupe l’horizon. Sur son flanc se dresse Soriu qui n’attend que mon arrivée…

J’entreprends alors la descente sur un sentier bordé de murets. Je me surprend même à redécouvrir des jeux d’enfants : traîner les pieds dans les feuilles mortes et en faire de gros tas tout en marchant… sale gosse.

Nous arrivons à Soriu sous les amandiers en fleurs au niveau d’une petite chapelle édifiée au XVI siècle. La chapelle Saint Antoine. Elle a été restaurée en 2002 et visiblement ses alentours sont toujours en cours de restauration.

Comme Rapale et A Pieve, le village est typique. De vieilles bâtisses en pierres, des lavoirs, un beau clocher, une fontaine. Un ingénieux système d’irrigation par canaux traverse le village jusqu’au lavoir et puise son eau à une source derrière la chapelle Saint-Antoine. Mais faites attention, le village est bien gardé… par différents ânes qui veillent minutieusement.

Après avoir traversé le village et rempli l’appareil photo de clichés, nous nous dirigeons vers la suite de la promenade. Il est temps de rentrer à Rapale…

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