Le couvent de Marianda à Ferringule

Sa façade imposante et ses vestiges avaient attiré mon oeil alors que je me dirigeais par la route vers Bracculaccia, hameau de Ferringule, pour une autre balade. Placées en surmplomb, les ruines du couvent veillent sur la région et accompagnent vos pas. Inutile de vous dire que j’étais bien décidé à y revenir. Chose faite, quelques jours après. Je me gare en contrebas et je grimpe par un sentier sur la droite qui permet de ne pas prendre aussitôt une piste carrossable pour se la jouer Indiana Robinson du maquis pour quelques instants. Ainsi, je découvre d’abord les restes d’une modeste habitation avant de continuer vers mon but. J’y parviens après avoir rencontré une citerne d’eau récente.

Voilà enfin le couvent Saint François, appelé Marianda. Il est bordé d’un important corps d’habitation et d’un mur de pierres qui servait d’enceinte pour les bêtes ou de protection je ne sais pas au juste. Les constructions qui bordent l’un des côtés de l’édifice religieux rappellent sans doute la vie quotidienne des moines: ici un four, là une citerne ou encore une petite chapelle attenante. Ces lieux sont émouvants. Mais ce n’est rien encore, la façade du couvent est majestueuse malgré les outrages du temps et se dresse, fière face à la mer, des niches l’ornent encore. À l’intérieur, le toit s’est effondré et les intempéries ont rongé les différents autels et les stucs qui laissent encore entrevoir quelques bribes de leur splendeur passée. Le clocher est encore là, même si un arbre a choisi de s’y établir désormais.

Ce lieu nous rappelle la fuite irrémédiable du temps même si l’édifice a bien résisté alors qu’il a été abandonné au XVIIème siècle. Difficile de se résigner à la perte de ces témoignages riches d’un passé aujourd’hui révolu.

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« Trà aghje è pagliaghji » à Rutali

Trà aghje è pagliaghji

De nouveau, nous nous sommes rendus dans la micro-région du Nebbiu qui est bien décidée à nous faire découvrir la vie de nos ancêtres corses.
Cette fois-ci, direction le village de Rutali qui propose un sentier communal entièrement réhabilité en 2003 par une association, « Opera di Rutali ». À travers ce chemin, on en apprend plus sur la culture du blé en Corse et sur l’utilisation des fameux pagliaghji dont on a déjà parlé.

Une dizaine de ces constructions en pierres sèches ont été restaurées avec leurs aires de battage (Aghje). Il faut savoir que la commune en compte à l’origine plus d’une centaine tout autour du village. Dans le Nebbiu, je vous en ai également déjà parlé, ces petites maisons ont une particularité : leur toit sont en fausse voûte en encorbellement (voir en bas d’article).

On découvre également des murets en pierres sèches dont certains ont à leur base une sorte de trou qu’on appelle « Chjose ». Le parcours est agréable, sans difficulté et plein de points d’intérêt accompagnés d’explications. Des fontaines, des maisons de pierres, des Pagliaghji, des aires de battages etc. Sans compter, encore une fois, sur la vue que nous offre le chemin à la fois sur la plaine du Nebbiu mais également, de l’autre côté, sur le défilé du Lancone, Biguglia d’Ortale, l’étang de Biguglia et les îles italiennes.

Vers la fin de la promenade, on découvre un petit cimetière. Il est composé de six tombes. Six Tirailleurs marocains  ont trouvé la mort durant les combats au lieu-dit « I Pughjali » durant la seconde guerre mondiale  pour la libération de la Corse, première région à l’être. Un peu plus haut, une croix est posée au sommet culminant. De là haut, on profite du panorama et on essaye de retracer notre chemin au milieu du maquis.

Si l’idée vous prend de faire cette promenade, vous vous poserez certainement la question de savoir à quoi correspond la grande croix blanche située haut dans la montagne. Elle marque l’endroit d’un drame qui a ébranlé toute la Corse en 2008. On s’en souvient, un hélicoptère de la sécurité civile (le Dragon 2B) s’était crashé alors qu’il était en intervention.

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Entre profane et sacré : Soriu – Rapale

4/4. Soriu – Rapale
Dernière étape de ce long parcours. Soriu est un village plein de surprises. Tout près de l’église une maison présente une toiture merveilleusement sculptée. Face à l’église, un belvédère propose une nouvelle fois une vue imprenable sur les plaines du Nebbiu. C’est réellement un des points forts de ces trois villages.

Nous quittons donc ce dernier village par un petit sentier sur la gauche de la route qui descend sec. Très vite nous arrivons à une petite chapelle, Sainte-Marguerite, que j’avais déjà aperçue depuis A Pieve en contrebas. Vraisemblablement construite entre le XIè et le XIIè siècle elle est de style roman-pisan. Elle a été classée monument historique en 1936 et bien qu’elle soit détachée du village, elle fut pendant des siècles l’église paroissiale de Soriu. Elle a été restaurée en 1992.

La promenade se poursuit dans une oliveraie. Une nouvelle fois, nous l’avions vue depuis A Pieve. Le chemin descend jusqu’à la rivière. Juste à côté se trouve une petite fontaine qui a été restaurée en 2008 : Funtana di Vergalella. Il faut traverser la rivière, un des sept bras du fleuve Aliso. Tout de suite, le sentier remonte abrupt dans une châtaigneraie vers A Pieve.

La suite de la promenade se fait en grande partie sur la route… du moins c’est ce que j’ai fait, car je n’ai plus trouvé de panneau d’indications pendant un long moment. Le côté randonnée disparaît un peu mais la promenade est quand même agréable et puis, plus loin, le sentier reprend pour remonter vers Rapale à travers champs. Un troupeau de moutons nous accueille, l’air tout de même un peu étonné, à l’entrée du village.

La boucle est bouclée. Vous l’aurez compris, il est difficile de tout faire en une seule fois. Si l’envie vous vient, je vous conseille de le faire en deux boucles : Rapale – A Pieve / A Pieve – Rapale puis A Pieve – Soriu / Soriu – A Pieve. Ainsi vous aurez le temps d’admirer la multitude de choses qu’il y a à découvrir. C’est un voyage au coeur de ces villages et de leur histoire pour en apprendre toujours un peu plus sur les modes de vie dans ces micro-régions au cours des siècles.

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Entre profane et sacré : A Pieve – Soriu

3/4. A Pieve – Soriu
On quitte le village de A Pieve par la route qui mène vers Soriu. Rapidement un sentier se dessine sur la gauche. D’ailleurs il est indiqué par un panneau de bois portant le nom du parcours : « Entre profane et sacré ».

On grimpe rapidement et, il faut le dire, assez hasardeusement sous un maquis haut. Souvent le chemin se divise et on hésite un peu. Je ne sais pas si c’est la chance ou l’aide du GPS, mais bien après l’apparition des premières gouttes de sueur, nous arrivons sur le plat au niveau d’un autre panneau de bois. Ouf, on ne s’est pas trompé!

A peine prend-t-on le temps de se reposer qu’on relève les yeux pour admirer le panorama. Plus loin le maquis laisse place à des sortes de prairies où les Pagliaghji (maisons de berger en pierres) sont assez nombreux pour donner une impression de village abandonné. Certains sont en ruines et ont laissé place à des chênes ou autres châtaigniers dont l’âge impose le respect, alors que d’autres sont en parfait état. Certainement restaurés et toujours utilisés par d’éventuel mélancolique?

Mais le sentier continue et la vue ne cesse de m’éblouir. Très vite la croix au sommet du San Damianu attire notre attention. Non sans mal on se fraye un chemin jusqu’à elle. De nouveau, je reste là. Face au fabuleux spectacle qu’offre la nature sur cette île de beauté qui porte si bien son nom. Sur ma droite j’aperçois A Pieve sous un nouvel angle. En face s’étendent les plaines du Nebbiu jusqu’au golfe de Saint-Florent. Sur ma gauche, la montagne coupe l’horizon. Sur son flanc se dresse Soriu qui n’attend que mon arrivée…

J’entreprends alors la descente sur un sentier bordé de murets. Je me surprend même à redécouvrir des jeux d’enfants : traîner les pieds dans les feuilles mortes et en faire de gros tas tout en marchant… sale gosse.

Nous arrivons à Soriu sous les amandiers en fleurs au niveau d’une petite chapelle édifiée au XVI siècle. La chapelle Saint Antoine. Elle a été restaurée en 2002 et visiblement ses alentours sont toujours en cours de restauration.

Comme Rapale et A Pieve, le village est typique. De vieilles bâtisses en pierres, des lavoirs, un beau clocher, une fontaine. Un ingénieux système d’irrigation par canaux traverse le village jusqu’au lavoir et puise son eau à une source derrière la chapelle Saint-Antoine. Mais faites attention, le village est bien gardé… par différents ânes qui veillent minutieusement.

Après avoir traversé le village et rempli l’appareil photo de clichés, nous nous dirigeons vers la suite de la promenade. Il est temps de rentrer à Rapale…

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Entre profane et sacré : A Pieve

2/4. A Pieve
Nous voilà à l’approche du village sur une piste carrossable qui a vraisemblablement remplacé une partie de l’ancien chemin muletier. En contrebas on aperçoit déjà le clocher et les vieilles tuiles des premières habitations. En se rapprochant on remarque qu’étrangement le clocher, tout en vieilles pierres, est détaché de l’église.

Un petit écriteau nous apprend ces quelques informations : “ Pieve tire son nom de l’emplacement de l’église pievane, autour de laquelle le village s’est construit peu à peu. Littéralement, « pieve » signifie « église construite autour d’un baptistère » […]”.

Situé à 450 mètres d’altitude, le village est paisible. Perché sur un flanc de colline. La terrasse face à l’église offre un panorama envoûtant. Tout proche le village s’étend puis laisse place à une châtaigneraie, puis à une oliveraie et enfin, tout en bas, coule un bras du petite fleuve Aliso qui divise la vallée. En face on aperçoit sous les montagnes enneigées le village de Soriu. L’avant dernière étape de notre parcours.

Au pied du clocher se dressent trois statues-menhirs. Elles ont été retrouvées sur les sentiers de transhumance dans le massif du Monte Grossu. Ces vestiges sont les preuves de la fréquentation des lieux depuis la préhistoire.

Du village, un chemin part vers les hauteurs. La carte indique Chiesa Nera (l’église Noire). Après trois quarts d’heure de marche dont une bonne partie dans la neige, nous arrivons en vue d’un plateau mais toujours pas d’église. On décide d’aller au point le plus haut pour nous repérer quand soudain les premières pierres noires des vestiges d’une nef font leur apparition derrière le maquis ras. Cette église datée du XIIIeme siècle présente encore quelques pierres sculptées, notamment sur les linteaux. L’accès à la crypte est découvert mais protégé par deux longues pierres.

Nous profitons du plateau du Nebbiu pour manger et apprécier le silence qui règne ici. Après cette parenthèse plus qu’agréable nous redescendons vers le village.

On continue notre visite dans le village par les ruelles bordées de vieilles maisons en pierres avant d’arriver à un lavoir parfaitement entretenu. Le chemin continue en quittant le village par la route avant de reprendre le sentier en direction de Soriu…

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