En route pour les pozzi du Pozzolo

En bons habitués de ce blog, vous connaissez déjà le phénomène des pozzi dont je vous ai parlé lors d’une randonnée aux pozzi des pozzines de Bastelica. Un peu par hasard, j’ai appris qu’il y avait des pozzi à la source du ruisseau Pozzolo, un ascendant du Prunelli. Mais il m’a été très difficile de trouver des renseignements sur le parcours qui y mène, mis à part que le site est très peu fréquenté. Boudé au profit des pozzi de Bastelica, de Ghisoni où encore du Lac de Nino.

Grâce à une magnifique carte IGN, j’ai pu trouver un tracé plus ou moins correct. En route donc pour le col de Scalella sur la commune de Tavera. Au col, qui se situe entre les villages de Tavera et Bastelica, se trouve une longue piste que j’ai pu parcourir en grande partie avec mon destrier tout-terrain : la Panda. Malheureusement pour elle, le terrain était trop accidenté pour aller jusqu’au bout et la pauvre bête n’en pouvait plus d’agiter ses quatre roues… il faut savoir respecter l’âge du véhicule…

Je continue donc à pied! Rien ne vaut des chaussures bien affûtées. La carte montre une variante qui permet de quitter la piste et de profiter des sentiers. Le chemin n’est pas très visible mais heureusement quelques cairns traînent par ci par là.

Très vite on se retrouve à assez haute-altitude, 1600 mètres en moyenne. En dessous j’aperçois les bergeries du Verdanese. J’arrive à un premier sommet qui donne l’impression d’être au dessus de tout. Au loin le massif du Monte d’Oro se dresse fièrement. Nous ne sommes qu’à la mi-mai mais il a déjà retiré son manteau blanc. Plus au fond, j’aperçois même le sommet de la Paglia Orba sur le massif du Cintu.

Je rejoins plus loin la piste et continue mon ascension en direction des Pozzi. Seulement là, il y a un problème… je n’arrive plus à me repérer sur la carte. Où suis-je? Je cherche un moment et décide de continuer un peu voir où mène cette piste (qui n’est peut-être finalement pas la bonne).

Plus loin les ruines d’une bergerie pointent leur nez. Je m’y rends pour faire quelques photos quand tout à coup, c’est la délivrance! Mon téléphone m’annonce qu’il reçoit un texto… et par conséquent qu’il capte le réseau. J’en profite pour regarder la carte sur le GPS. Je suis aux ruines des bergeries de Penta. Mais une des maisons a été magnifiquement restaurée et possède même un four en pierres à l’extérieur.

Ayant retrouvé mon chemin, je poursuis vers le massif du Renoso où le ruisseau Pozzolo prend sa source. Je croise finalement un panonceau de bois indiquant les deux sentiers : à gauche, Bocognano, à droite le col de Vetta, par déduction j’en conclus que c’est par ce second sentier que j’arriverais à destination. Sans compter que ce nom ne m’est pas inconnu. Lors de ma sortie aux bergeries de Capiaghja je me demandais à quoi correspondait le panneau « a Vetta ». Il se trouve que c’est un col qui permet de rejoindre le massif et le plateau du Renoso, étape clé du fameux Fra li Monti (GR20).

Après 2 h 30 de marche, j’approche enfin des pozzi. Je les aperçois au loin. Heureusement depuis le panneau, les cairns se font très fréquents et il y a même des balises de couleur sur les rochers. Je me laisse guider jusqu’aux herbes denses des pozzi. Le site est à couper le souffle. Au pied des falaises, à presque 2000 mètres. La neige est encore présente et parfois même abondamment. La carte m’indique que je suis au pied du Monte Capanella, qui culmine à 2250 mètres.

Après un repas bien mérité au coeur des pozzi, je rentre tranquillement par plus ou moins le chemin (je décide de suivre la piste dans son intégralité pour rentrer).

Ce parcours mène en fait au lac de Bracca par le col de Vetta. Mais il faut compter 1 h 30 à 2 h en plus depuis les pozzi. De là, paraît-il, on peut même apercevoir le lac de Vitalaca, où le fleuve du Prunelli prends sa source.

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Les bergeries di Capiaghja

Panneau sur le bord de la route
Le panneau au pont de Sedula

Si votre chemin vous a mené dans la forêt de Vizzavona, et plus précisément à la sortie du domaine de Bocognano, vous avez certainement remarqué deux petits panneaux sur le bord de la route indiquant des noms et des durées sans plus d’explications.

En cherchant un peu sur internet, je n’ai rien trouvé non plus. C’est pour dire, même l’ultime Guide Vert Céleste ne parle pas de ces chemins… Un matin donc, très tôt, j’ai décidé d’aller vérifier par moi-même. En route pour Bocognano. Après la nouvelle déviation qui mène au col de Vizzavona, il y a un pont, le pont de Sedula avec un petit “parking” sur la droite. C’est ici que tout part.

On suit d’abord une piste jusqu’à un petit barrage où se trouve un autre parking. Il est donc possible de monter jusqu’ici avec un véhicule haut. Là, des petits panneaux en bois sont plantés dans le sol, indiquant toujours des lieux sans indication de temps. Je décide de prendre à droite. Le chemin (balisé) abandonne la piste pour prendre un petit sentier sous les pins tout en longeant la rivière. C’est la Gravona qui prend sa source un peu plus haut.

Après une petite heure de marche on arrive à une fontaine proche de bergeries. Les bergeries de Capiaghja. Elles se situent au coeur d’une vallée. D’autres randonnées sont accessibles depuis ce point. Notamment celle qui lie les villages de Tavera, Bocognano et Vizzavona. On peut également rejoindre Bastelica en passant par le Col de Vetta, mais… il faut avoir quelques heures devant soi (9 heures de marche environ).

Tout proche, un pont de singe en métal permet de traverser la Gravona dont le courant est très fort à cette période de l’année. Tout de suite après, un autre panneau fait son apparition. Montrant un chemin très escarpé et extrêmement (je pèse mes mots) raide. Il monte en fait le Capitedu A Pughjola, un col à 1600 mètres d’altitude. Mais une fois encore, il faut beaucoup de temps pour le rejoindre (4 heures environ d’après les cartes IGN depuis ce point).

Je décide donc de faire demi-tour avant de me perdre totalement. Entre-temps, j’ai pu repérer sur mon GPS que le chemin dit “des Bergeries de Capiaghja” forme en fait une boucle qui se rejoint au niveau du barrage où se trouvaient les deux petits panneaux. J’ai donc suivi cette boucle qui s’élève sous les pins pour passer sur l’autre versant de la montagne. Là se trouve une autre fontaine ainsi que d’autres bergeries. Celles-ci abandonnées.

En 2 heures, la boucle est bouclée et c’est une promenade très agréable que j’ai pu découvrir au coeur d’une forêt toujours aussi éblouissante.

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Le menhir de Tavera

Tavera est une petite commune de Corse-du-Sud non loin de Bocognano. Ce petit village doit son nom à une famille espagnole qui vint s’installer au XVIe siècle dans la montagne au lieu-dit Tavera Vecchia (Tavera la vieille). A force de s’agrandir et d’augmenter son nombre de serviteurs, la famille décida de fonder le village non loin d’une chapelle romane du VIIe siècle.

Mais en réalité, il semblerait que le site ait été habité bien avant l’arrivée des espagnols, et même bien avant que la Corse soit ainsi nommée. En effet, on a découvert en 1961 une statue menhir non loin du village actuel à presque 1000 mètres d’altitude. Elle fut tout d’abord exposée dans un musée avant d’être replacé, debout, à quelques mètres de son lieu de découverte. On y distingue à sa pointe un visage bien formé sculpté au IIe millénaire a.v. J-C.

Tout près on trouve deux bergeries aujourd’hui en ruines qui donnent un caractère particulier au lieu. Comme si, de tout temps, ce lieu aurait abrité l’homme pour des raisons qui diffèrent selon les siècles.
D’ailleurs, non loin sur les hauteurs, on accède à un autre site exceptionnel : U Casteddu. Juste pour votre culture « Corsine », en Corse-du-Sud on dit « U Casteddu » (ou Castedou) alors qu’en Haute-Corse on dirait plutôt « U Castellu ».

Ce site médiéval est idéalement placé sur un promontoire rocheux et domine de part et d’autre la vallée. Le problème c’est que les spécialistes n’arrivent pas à dater ces ruines. Aucun écrit ne fait référence à cette construction. En arrivant sur le site, j’ai dérangé deux chèvres qui profitaient de la vue… « cons de touriste… ».

Mais la promenade continue. Il est possible de faire une boucle (en cherchant un peu son chemin c’est vrai) en rejoignant l’ancienne route de Bastia (comprendre Ajaccio->Bastia) dont on aperçoit les fondations en vieilles pierres de l’autre côté d’une colline depuis l’emplacement du menhir. On passe ainsi devant des exploitations agricoles avant de s’enfoncer dans la forêt de châtaigniers. On passe devant une source, l’Uscinasca, qui aurait des propriétés amincissantes et quelques mètres plus loin on débouche sur les rails de la micheline. En les suivant on arrive à la gare de Tavera. De là, on redescend jusqu’à la voiture en traversant des prairies dans un sentier creux, entre deux murs. Ce paysage agreste est assez rare en Corse à cette altitude où l’on trouve plus habituellement un épais maquis.

Les bergeries de Tolla

Contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier abord, les bergeries ne se trouvent pas au village de Tolla… mais sur le GR20 au pied du Monte d’Oro. Un des Monts les plus hauts de Corse avec ses 2389 mètres. On peut se rendre facilement aux bergeries en deux heures de marche depuis le village de Canaglia.

Une collègue m’avait parlé de cette promenade qu’elle adorait faire petite avec sa famille. C’était une sorte d’expédition où elle trouvait le moyen de sortir d’Ajaccio pour s’aventurer en montagne et profiter de la rivière. Car mis à part le point de départ, le sentier suit tout du long la rivière, ou plutôt le ruisseau de Manganello.

Malheureusement pour moi, le soleil n’est pas au rendez-vous de ma promenade mais bon… la pluie non plus et ça ne m’empêchera pas d’en profiter. Au coeur d’une forêt de pins Laricci, on se retrouve parfois dans de petites clairières de fougères, sous lesquelles poussent bon nombre de cyclamens sauvages, où j’ai pu faire (encore me direz-vous) une rencontre assez étonnante… imaginez un lézard de la taille de ma paume de main, noir brillant à pois jaunes, qui traverse le sentier à toute vitesse. Autre rencontre tout aussi étonnante, voir même inquiétante, des promeneurs chargés comme des mules… bâtons de marche, sac à dos avec tente intégrée, sac de couchage ficelé… alors que moi… j’avais mon traditionnel pantacourt et mon eastpack chargé d’une bouteille d’eau et d’un paquet de prince petit déjeuner.

Là haut, le refuge propose, normalement, du fromage, du pain, de la charcuterie et des confitures en tout genre sauf que moi… je n’ai vu personne. Mais j’ai quand même pu profiter du panorama qu’offre ce petit plateau où est “posée” la bâtisse. Ou plutôt LES bâtisses car la bergerie en comprend plusieurs, j’imagine que chacune à sa fonction. Mais là haut, même s’il n’y a personne, ça ne manque pas de vie! Des vaches, des chevaux, des oiseaux petits ou grands. Le moment est agréable… assez pour me délecter de mon en cas… un paquet de prince petit déjeuner…

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Mais où est le troupeau?

La Corse est riche en promenades et randonnées pour les amoureux de la montagne, et même si je ne peux pas dire que j’en suis un, j’aime parcourir les sentiers et les forêts sans mon destrier qui malheureusement pour lui, ne peut pas quitter son tendre bitume. Sans quoi, vous vous en doutez, jamais je ne mettrais le pied à terre.
Aux alentours du col de Vizzavona (dont nous avons déjà parlé) se trouve un bon nombre de départs de randonnées en tout genre. La forêt de Vizzavona est riche et attrayante pour ce genre d’activités et nous fait découvrir beaucoup de merveilles. C’est toujours grâce à mon fidèle guide vert Michelin que j’ai trouvé (par hasard???) une randonnée correspondant à mes critères : pas trop longue, pas trop dure mais néanmoins très belle! Pour ne pas rater une nouvelle fois le déjeuner, je me suis muni d’une bouteille d’eau fraîche et d’un plan plus ou moins précis de la randonnée trouvé sur internet. Me voilà donc en route pour “Le sentier de la Madonuccia”.

Après quelques difficultés pour trouver le départ (très mal indiqué) de ce fameux sentier, je croise un couple de randonneurs qui ont le plaisir de m’annoncer qu’avant d’arriver au dit sentier, il y a approximativement 350 mètres de dénivelé… ça commence bien, heureusement cette fois j’ai de l’eau! Au fur et à mesure de mon ascension, je remarque que tout n’est que boue séchée, plantes et arbres arrachés et que le chemin est difficilement repérable. En souvenir de ma dernière aventure, je commence à me poser des questions quant aux bonnes intentions de l’étoile qui est sensée me guider… Finalement le décor change petit à petit et de clairière en clairière me voilà arrivé à un premier plateau. Au loin, après quelques arbres, je distingue une grande plaine de maquis traversée par un petit ruisseau dont j’entends le chant; Et aux abords de la forêt, des cabanes de pierre, plus communément appelée “cabanes de bergers”. Je pense tout d’abord, au vue de l’état de certaines habitations, que cette bergerie est définitivement abandonnée mais tout à coup, le son des cloches de vaches résonne dans toute la vallée. Je cherche, j’observe, mais impossible de savoir d’où provient le bruit, mais à mon avis, il y a un bon troupeau d’une cinquantaine de vaches!

Non point par peur ou par manque d’assurance face à un retour éventuel des colocatrices de cette bergerie, je décide de reprendre le sentier en direction de la colline qui se dresse juste en face. Encore une fois, la pente est raide mais le spectacle est cette fois merveilleux. Partout autour de moi, du maquis ras qui dégage toutes sortes d’odeurs plus agréables les unes que les autres. Un ballet constant de petits papillons bleus suit mon ascension tandis que le son des cloches continue de se rapprocher. Arrivé au sommet, la fatigue se fait vraiment sentir, j’ouvre mon sac et me délecte de mon eau… chaude… mais en relevant les yeux c’est l’apothéose! Une vue inoubliable s’offre à moi sur ce qui pourrait être le cœur d’un cercle de pics montagneux.
En face, au loin, je distingue une roche qui se détache du maquis, par curiosité je zoome avec mon appareil et photographie ce drôle de rocher. Après avoir pris mon temps pour admirer le paysage je me rends compte qu’il n’y a plus de sentier. Là, je ne comprends pas, la promenade se terminerait donc en haut de cette colline? La madonuccia serait donc le nom de la bergerie?? Pour ne pas revivre les précédentes expériences, j’accepte la chose comme ceci et entreprends de redescendre vers la bergerie.

Non sans mal, je retrouve le chemin de la descente, mais là, au loin, j’aperçois une vache solitaire qui se dirige vers la bergerie. Certainement une éclaireuse de cet immense troupeau dont j’entends les échos depuis mon arrivée sur le plateau. J’accélère le pas afin de ne pas avoir à affronter une horde de vaches surentrainée aux sports d’intervilles! J’étais presque arrivé en bas de la colline quand deux autres vaches sont sorties de la forêt par le même sentier que la précédente. Elles se dirigent dans la même direction que moi. Je décide de m’arrêter là et de laisser passer le troupeau. J’en profite pour les filmer et immortaliser le moment. C’est alors que je me rends compte que tous les bruits de cloches se situent à présent en face de moi… ce que je prenais pour un troupeau d’une cinquantaine de vaches n’était en fait que trois pauvres vaches égarées. Oui, je vous rappelle que je ne suis qu’un parisien perdu dans le maquis!

Suite à cela je suis redescendu et je suis même arrivé à l’heure pour le déjeuner. Dans la soirée mon ami s’intéresse à ma promenade du matin et me demande le nom de cette randonnée. Il me raconte alors ses aventures et me dit qu’il y a longtemps il avait essayé de rejoindre la madonuccia mais qu’il n’avait pas réussi. Étonné je lui dis que moi j’y ai été et, preuves à l’appui, je lui montre mes photos. C’est dans un éclat de rire qu’il m’explique alors, que la madonuccia est en réalité le nom donnée à la vierge en Corse… et que le sentier s’appelle ainsi car le rocher que j’ai négligemment photographié n’était autre qu’un monticule naturel très célèbre pour sa ressemblance avec une statue de la vierge.

Papa, sors de mon esprit…

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