Rendez-vous en sommet inconnu

Parfois on cherche une randonnée à faire qui sorte un peu de l’ordinaire et que l’on a pas déjà réalisé trois fois sans pour autant faire deux cents kilomètres…

Dur dur après presque 10 ans à arpenter les sentiers en région ajacienne. Et pourtant, il suffit d’ouvrir une carte IGN pour voir le nombre de sentiers probables et le nombre de monts et sommets peu fréquentés et dont, forcément, les sentiers sont moins connus.

C’est le cas de la Punta Mantellucciu qui est accessible de deux manières différentes. Un chemin court mais qui demande beaucoup de route si l’on vient d’Ajaccio et un chemin long qui demande peu de route.

Forcément, j’ai choisi la seconde option. Vous trouverez l’autre dans la rubrique Randonnées pour les intéressés.

Trouvons le départ

Le temps n’est pas beaucoup au beau fixe en ce mois de janvier, ce qui est assez contrariant quand on est habitué à avoir plus 12 heures d’ensoleillement par jour.

Malgré cela, j’ai trouvé la journée idéale : en week-end, du beau temps sans vent, des températures douces, et en dehors de mes heures d’entraînement de course à pied ah ah ah.

Direction Bastelica par Cauro. C’est sur cette route qu’un hypothétique sentier pourrait me permettre de rejoindre la vallée qui devrait me conduire au sommet… Oui c’est vague mais l’aventure c’est l’aventure !

En effet, non loin de la cascade de Carnevale (ou Sant’Alberto), quelques petits cairns marquent le départ d’un chemin qui semble familiers aux chasseurs du coin à en juger par le nombre ahurissant de cartouches laissées au sol…

Au départ, aucune difficulté. Le sentier est assez clair même si aucun balisage n’est présent. En fouillant des yeux la forêt on repère quelques cairns qui subsistent d’un temps plus ancien.

Restons concentrés

Peu à peu le chemin s’élève et s’écarte de la direction que je souhaitais prendre. Je décide tout de même de continuer à suivre ces cairns. Sans compter que Marcellus, mon fidèle compagnon de randonnée, semble suivre une piste olfactive bien alléchante.

Finalement, la direction change tout à coup et remonte vers le ruisseau au coeur de gorges magnifiques. La végétation est moins haute et permet d’observer. De chaque côté de la rivière, les falaises sont abruptes et rougeâtres. 

Les cairns mènes jusqu’à un promontoire où se trouvent les ruines d’une bergerie toujours utilisée. Sur la carte je peux lire que le lieux porte bien son nom : Punta di Caselle, la pointe de la bergerie… ah ah

C’est là que la difficulté commence. Les cairns disparaissent et il faut suivre la rivière pour avancer. Nous sommes en hiver mais il est tout de même possible, malgré le débit important, de remonter le ruisseau sans se mouiller.

De temps en temps des cairns sont visibles. Vestiges d’un temps où ce chemin devait être bien plus emprunté.

Malgré quelques hésitations, j’arrive facilement à prendre de l’altitude. Petit à petit le débit diminue, preuve que je me rapproche de la source de ce ruisseau.

1300 mètres plus haut

Là, Marcellus et moi avons déjà monté plus de 400 mètres de dénivelé positif. L’avancée est plus compliqué car il faut éviter de se mouiller les pieds et choisir le bon itinéraire pour ne pas se retrouver bloquer par de trop grosses pierres.

Mais la visibilité est telle qu’il est difficile de se tromper. Une heure plus tard nous voilà aux pieds d’un éboulis. 

Quelques chèvres traînassent sur les falaises environnantes. Comment sont-elles montées là ? Secret caprin, personne ne le saura !

C’est là que ça se corse pour le cardio. La montée est raide mais reste sans difficultés niveau terrain. En moins d’une heure nous arrivons au col. La vue est tout simplement majestueuse. De l’autre côté c’est le Taravo et j’aperçois au loin le village de Cozzano et le Monte Incudine.

Ce n’est pas le moment de refroidir, Marcellus repère des cairns qui mènent au sommet que nous visions. Il faut se dépêcher pour ne pas être hors timing, la nuit tombe vite à cette saison.

Au col, les cairns sont plus présents, ils prolongent le chemin de l’autre accès depuis Frasseto dans le Taravo.

Panorama à 360°

Encore quelques efforts et nous voilà au sommet de la Punta Mantelluccio à 1679 mètres d’altitude. On a fait que monter et on est rincé. La pause est appréciable et la vue remarquable.

On peut voir la station de ski du Val d’Ese et Bastelica puis le Renoso plus loin.

Ca faisait un moment que je n’avais pas marché et je dois avouer que la monté, en cherchant continuellement son chemin, m’a fatigué. Je redoute le retour mais il faut bien décoller pour éviter la nuit.

Sans oublier qu’il va falloir retrouver le chemin car je n’ai pas joué au petit poucet.

Heureusement, les capacités canines de mon fidèle ami sont hors normes. Je me met en mode pause et je suis Marcellus qui, d’une truffe acérée retrouve l’exacte itinéraire que nous avions emprunté pour monter.

C’est donc plutôt facilement, même s’il faut pas traîner si l’on veut suivre l’animal, que nous sommes redescendus à la pointe de la bergerie. Trop fort mon toutou !

Une sortie difficile, mais que je recommande à ceux qui se la sente et qui ont quelques notions d’orientation. 

Cascade de Piscia di l’Onda

Une petite balade pour la famille qui permet d’en découvrir un peu plus sur la magnifique micro-région du Taravu.

Rendez-vous à Piscia di l’Onda! Comme son nom l’indique, il s’agit d’une cascade. Le sentier offre parfois des points de vue sur le Taravo et ses villages perchés. Tout d’abord, après l’avoir entendue, on aperçoit le sommet de la cascade. Puis doucement on s’approche pour arriver juste sous ses pieds.

A cette époque le débit est impressionnant et la chute semble faire une cinquantaine de mètres.

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Tant pis pour le sommet…

À la fin du mois de septembre, je me suis lancé dans l’ascension du Monte d’Oro à travers une boucle de 17km. Cette impressionnante montagne, qui a donné son nom à l’aéroport d’Ajaccio, est le cinquième sommet le plus haut de Corse, culminant à 2 389 mètres. Il se trouve sur le massif du même nom et marque la limite entre les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Plus exactement, c’est sur la Punta Muratellu, située juste à côté du Monte d’Oro que se trouve cette limite.

Le sentier part du col de Vizzavona, en direction de la cascade des anglais. On entame ensuite l’ascension de la vallée de l’Agnone, certainement une des plus belles vallées de Corse, en suivant le tracé du GR20, jusqu’à la crête. Si le dénivelé est important, les paysages font oublier la fatigue.

Après s’être extasié, commence le calvaire… En effet, arrivé sur la crête, un croisement fait quitter le GR20 pour prendre la variante menant aux sommets du Monte d’Oro. De point jaune en point jaune on cherche son chemin au milieu des éboulis et rapidement les points jaunes disparaissent, vous laissant un peu seul au monde au milieu de ces amas de pierres. Toutefois le parcours, correctement fréquenté, reste repérable. J’arrive ainsi rapidement à bocca di Porcu, où il est soudain impossible de tenir debout. Le vent règne en maître sur cette crête. Je prends quand même quelques minutes pour apprécier le paysage qui laisse sans voix…

J’aperçois juste en dessous le grand lac d’Oro, et le sentier qui permet d’y descendre. Au loin je reconnais le monte Rotondu ainsi que les différents sommets qui entourent le lac de Ninu. Vers le Sud, c’est toute la vallée de la Gravona qui se dévoile, jusqu’à Ajaccio et une partie de la rive Sud, le temps n’est pas assez clair pour voir plus loin… Les villages de Vizzavona, Tattone et Bocognano sont également reconnaissables.

Je continue l’ascension en direction de la punta Muratellu, située à 2 141 mètres. Le vent est de plus en  plus insoutenable et de nouveau je n’aperçois plus aucun point jaune. Je reste un moment à observer le paysage. En face de moi se dresse le Monte d’Oro. Je refuse de faire demi-tour et continue doucement. Après une petite heure à chercher mon chemin dans les éboulis, je repère de nouveau le parcours! Ouf!

Petit à petit, je me rapproche du sommet, jusqu’à apercevoir le sommet de la croix plantée au sommet. Seulement le vent souffle toujours par rafales et la dernière partie demande de petites escalades au dessus du vide. Après un moment de réflexion, ce sera tant pis pour le sommet… l’ascension par ce vent me semble trop dangereuse… j’y reviendrais?

Je continue ma boucle et descends jusqu’à un plateau d’herbe bien sèche. Ce sera ma pause déjeuner! Sous le sommet qui me nargue toujours. La descente se fait ensuite par une autre vallée. Petit passage technique dans «la Scala», ou l’escalier, un éboulis de grosses pierres tombant à pic le long d’un énorme piton rocheux. Passé cet effort, on redescend tranquillement et on retrouve les magnifiques pins larici de Vizzavona avec ses sentiers bien plus agréables pour les pieds. Autre déception, il existe une oeuvre d’art sur les contreforts du Monte d’Oro représentant des mains d’or. Je ne les ai pas vues… Elles se trouvent pourtant sur la descente. Une prochaine fois?

C’est finalement après 8 heures 30 de marche que je reviens à la voiture… un peu cuit certes mais avec de belles images bien la tête…

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Baignade à la Scala

Panneau au départ

L’été la tendance est plutôt farniente sur la plage ou sur la terrasse de la maison. Mais parfois, quand on a déjà passé un mois à bronzer aux mêmes endroits et bien on en cherche de nouveaux. Et le fruit de cette réflexion vient un peu comme ça : « Hum, et si j’allais rien faire là-bas ! ». Non loin du chat des sketchs de Gad Elmaleh.

Au mois d’août, j’ai ainsi pris la direction de la Scala di Santa Regina, dans le Niolu, pour une après-midi farniente aux bords des vasques de la rivière. Ces magnifiques gorges, aux airs de « petits canyons » américains, sont aujourd’hui praticables en voiture, mais à une certaine époque, seul un petit chemin muletier permettait de les traverser d’un bout à l’autre. Pour ne pas avoir mauvaise conscience d’avoir fait une heure de route juste pour faire bronzette, j’avais prévu de quoi marcher un peu et ne pas me baigner en bord de route.

Quand je dis « marcher un peu », je pèse mes mots… Une petite heure à peine sur le chemin qui surplombe la route, et la rivière encore plus bas, et me voilà arrivé à un magnifique pont génois au pied des escaliers de l’Ancienne Scala (comprendre l’ancien chemin creusé dans la montagne). A première vue, je suis seul, je savoure l’instant et m’installe tranquillement. Mais le profit est de courte de durée. Mr Bidochon, sa femme et ses trois gosses ont pensé que j’avais quand même trouvé l’endroit idéal pour poser sa serviette. Délicatement, pour ne pas TROP me sortir de mon sommeil mimé (technique accrue d’auto-défense), ils sont venus poser leurs affaires à un petit mètre de moi. Bien sûr, l’endroit appartient à tout le monde et ce n’est pas moi, « le français », qui vais commencer à m’attribuer les lieux. Mais quand même, il me semble que la rivière ne s’étend pas que sur 10 mètres carrés? D’ailleurs des vasques, il y en a tout le long…

Ils ont la force du nombre, alors après avoir abandonné d’essayer de profiter du coin et du calme environnants (enfin, en théorie) j’ai repris mon sac pour continuer le parcours et visiter les lieux. Et je dois le dire, j’ai été bien inspiré. Après la forte pente des escaliers, caché derrière les montagnes, de gros nuages bien chargés sont en approche. Après quelques clichés, j’ai pris le chemin du retour, retraversé le pont génois (avec l’envie de lâcher un rocher sur la famille en contrebas, mais bon, il faut savoir s’abstenir) direction la voiture. Une fois la porte fermée… les gouttes ont commencé à tomber.

C’est le sourire aux lèvres en pensant que mes colocataires de vasque allaient se tremper pour rejoindre la route  que j’ai pu rentrer après cette (toute de même) très bonne journée.

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Le canal de Bastelica

Bastelica est un village de montagne perché à 800 mètres d’altitude qui est assez connu pour sa proximité avec la station de ski du Val d’Ese. C’est également le village natal de Sampiero Corso.
Qui est-ce me direz-vous? C’est une question à ne pas poser ici! Cet ardent défenseur de l’identité corse et farouche opposant aux Génois était un chef militaire de renom. Il a notamment dirigé les forces françaises du roi François 1er en Corse. Une statue à son effigie orne une petite place du village. Une stèle se trouve dans les bois près du fleuve Prunelli. Ce serait l’endroit où il aurait succombé à une embuscade des Génois en 1567…

Fermons la parenthèse historique et reprenons la marche. Je me suis donc rendu à Bastelica pour aller marcher jusqu’à la cascade d’Ortola, située à 1 heure de marche du village.
Elle se trouve sur le sentier qui mène aux Bergeries du Verdanese et il y a deux chemins pour y monter. Le premier se trouve sur la route qui relie les villages de Bastelica et Tavera via le col de Scalella. Une piste carrossable sur le bord de la route se transforme plus loin en sentier puis monte jusqu’à la cascade. L’autre parcours, et c’est celui que j’ai suivi, démarre près du restaurant “Chez Jean” tout au nord de Bastelica.

Ca grimpe un peu, mais rapidement la vue sur le village et sur la vallée du Prunelli est bluffante et nous fait vite oublier l’effort. Au loin la mer apparaît dans le golfe d’Ajaccio. Sur la gauche, on aperçoit la neige sur les plus hauts sommets.

Après un plateau, on arrive dans un sous bois où j’ai découvert une étrange construction. Sur des kilomètres, un canal est creusé dans la montagne et rendu hermétique grâce à de vieilles pierres soudées avec une sorte de ciment. Je me suis d’abord demandé à quoi pouvait bien servir ce “fossé”, surtout que le sentier semble le suivre un bon moment. Au fur et à mesure que je progresse, de l’eau fait son apparition dans le canal. Toujours de plus en plus abondante. Jusqu’au moment où le courant est tellement fort que je me suis demandé si ce canal n’était pas finalement la fameuse “cascade” que je recherche…

Heureusement non! Quelques minutes plus tard, me voilà enfin arrivé à la Cascade d’Ortola. Le canal semble démarrer à cet endroit, une petite écluse est présente pour gérer le débit. Magnifique, la cascade s’écoule dans une sorte de goulet vertical et a creusé à son pied plusieurs bassins où l’eau est limpide mais très fraîche! Un petit pont en bois permet de traverser le courant pour continuer la randonnée jusqu’aux bergeries du Verdanese mais… ce sera pour une autre fois.

En rentrant, j’ai cherché des explications sur ce canal. Il s’agît du Canal de la Volta. La Volta étant le nom du fleuve qui nourrit la Cascade de l’Ortola avant de se jeter dans les eaux du Prunelli. Le canal a été bâti il y a vraisemblablement très longtemps, mais je n’ai trouvé aucune date précise, avec des pierres taillées dans les rochers environnants. Il servait à alimenter le village de Bastelica en eau et notamment pour irriguer les cultures. Vers 1930, le canal a été restauré et est aujourd’hui tenu en bon état par quelques bienfaiteurs. Il continue ainsi à alimenter et à irriguer les cultures du village.

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