Des mains en or

Malgré de multiples tentatives, ma ruée vers l’or ne m’avait jusqu’alors pas permis de découvrir l’emplacement, tenu quasiment secret, des mains d’or de Claudio Parmiggiani, ou plutôt de son oeuvre, Ferro Mercurio Oro.

En 1999, cet artiste italien a eu le rêve un peu fou de sceller une de ses oeuvres dans le granit surplombé par le Monte d’Oro. Des mains en or ouvertes vers le ciel, cachées, et difficiles à trouver.

“L’oeuvre que j’ai réalisée se trouve là. Deux empreintes en or. Empreintes de mes mains, ouvertes et tournées vers le ciel, concaves, montées et fondues dans le fer et dans l’or, enchâssées dans le rocher et secrètes dans la montagne. Aucun sentier, aucune indication. L’oeuvre existe avant tout pour les yeux du lieu auquel elle appartient.”

Claudio Parmiggiani

Lors d’une énième tentative j’ai finalement trouvé le trésor de l’italien. Bien cachée, elle scrutent le ciel et l’horizon près des bergeries de Puzzatelli.

Flanquées sur un promontoire, elle attendent la venue des visiteurs qui tous, sans vraiment en savoir la raison, poseront leurs mains dans les empruntes de l’artiste et tous s’étonneront : “mais, les pouces sont à l’envers !”

Non, c’est la paume qui scrute le ciel répondra Claudio Parmiggiani.

Finalement, elles n’étaient jamais loin de mon itinéraire et je les ai frôlées plusieurs fois. Pour les trouver, rien de plus simple.

Engagez-vous dans l’ascension du Monte d’Oro, dépassez les bergeries de Puzzatelli et… ouvrez l’oeil, elles ne sont plus très loin…

De Cervellu au Rotondu

Ma première rencontre avec le plus haut sommet du deuxième massif de Corse ne m’avais pas permise d’arpenter les berges du lac de Bellebone, ou Betaniella de son vrai nom.

Quelques années plus tard, j’ai donc repris le chemin en direction du Rotondu, mais par la face Sud cette fois !

Départ de la forêt de Cervellu. Sous les immenses pins se cachent des grottes et des sites d’escalades bien connus des amateurs et qui mériteront un second voyage…

Si la forêt est agréable et pleine de trésors naturels, on déchante rapidement sur le dénivelé qu’il faut encaisser pour rejoindre le premier col; le col de Tribali; après les bergeries de Gialghellu.

Une première étape du parcours qui permet d’apprécier le panorama sur la forêt de Cervellu. Déjà le monte d’Oro montre le bout de son nez.

Dans un maquis ras on continue jusqu’aux bergeries de Muraccioli. Partout des papillons prennent leur envol au milieu des thyms citronnés de Corse. Le spectacle est magnifique, même les vaches apprécient… si ! si !

Là, ça se complique ! Il faut quitter le sentier pour suivre des cairns qui montent à pic en suivant le déversoir du lac de Betaniella. Celui-ci est composé de ruisseaux et forme à différents paliers de petites pozzines.

Entre escalade, randonnée et pause photo, nous avançons et apercevons enfin les contreforts de Betaniella. À 2300 mètres d’altitude, la végétation à quasiment disparue. Les pierres dominent le paysage et forment parfois de gros blocs, parfois des pierriers assez glissants.

Le lac est, comme on peut s’y attendre, d’une beauté rare. Au milieu d’un cirque minéral, le plan d’eau s’étend, calme, comme un joyaux encastré dans la roche.

Le plus grand lac naturel de Corse

Le lac de Betaniella, également appelé Bellebone ou lac du Rotondu, est le plus grand lac naturel de Corse avec une superficie de plus de 8 hectares. Le deuxième étant le lac de Ninu.

Il est également un des lacs dont l’accès est le plus difficile. En effet il n’existe aucun sentier réellement tracé pour le rejoindre. Seuls des traces cairnées, qui serpentes au coeur de l’ancien glacier, permettent de rejoindre les berges.

Le lac abrite quelques espèces de poissons. Notamment des truites corses, la macrostigma, que l’on peut facilement voir nager dans les ruisseaux ou dans les pozzines de l’exutoire du lac.

Il faudra encore gravir plus de 300 mètres de dénivelé positif pour rejoindre le sommet du Rotondu (2622 mètres) et admirer les nombreux lacs visibles de là-haut.

Déjà, au col de fer de lance, les jambes commencent à souffrir. Mais la vue du lac de Pozzolo nous donne une excuse pour faire une pause et admirer, toujours, Bellebone.

L’arrivée à l’abri Helbronner est signe que nous y sommes ! Le sommet est sur le rocher qui nous surplombe. Une croix de bois trône fièrement, plantée entre les éboulis.

De l’autre côté, les lacs de l’Oriente et de Galiera n’ont rien perdus de leurs splendeur depuis ma dernière visite.

Pour le retour, j’ai choisi de faire une halte au refuge de Petra Piana. Certes il y a un détour, mais les allers/retours ne me passionnent pas. En revanche, rencontrer d’autres randonneurs ou le gardien du refuge est beaucoup plus plaisant !

Cette randonnée a été l’occasion de réaliser un grand reportage pour Corse-Matin. Vous pouvez le voir sur le lien ci-dessous.

GRAND FORMAT. En randonnée sur le Rotondu

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Tant pis pour le sommet…

À la fin du mois de septembre, je me suis lancé dans l’ascension du Monte d’Oro à travers une boucle de 17km. Cette impressionnante montagne, qui a donné son nom à l’aéroport d’Ajaccio, est le cinquième sommet le plus haut de Corse, culminant à 2 389 mètres. Il se trouve sur le massif du même nom et marque la limite entre les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Plus exactement, c’est sur la Punta Muratellu, située juste à côté du Monte d’Oro que se trouve cette limite.

Le sentier part du col de Vizzavona, en direction de la cascade des anglais. On entame ensuite l’ascension de la vallée de l’Agnone, certainement une des plus belles vallées de Corse, en suivant le tracé du GR20, jusqu’à la crête. Si le dénivelé est important, les paysages font oublier la fatigue.

Après s’être extasié, commence le calvaire… En effet, arrivé sur la crête, un croisement fait quitter le GR20 pour prendre la variante menant aux sommets du Monte d’Oro. De point jaune en point jaune on cherche son chemin au milieu des éboulis et rapidement les points jaunes disparaissent, vous laissant un peu seul au monde au milieu de ces amas de pierres. Toutefois le parcours, correctement fréquenté, reste repérable. J’arrive ainsi rapidement à bocca di Porcu, où il est soudain impossible de tenir debout. Le vent règne en maître sur cette crête. Je prends quand même quelques minutes pour apprécier le paysage qui laisse sans voix…

J’aperçois juste en dessous le grand lac d’Oro, et le sentier qui permet d’y descendre. Au loin je reconnais le monte Rotondu ainsi que les différents sommets qui entourent le lac de Ninu. Vers le Sud, c’est toute la vallée de la Gravona qui se dévoile, jusqu’à Ajaccio et une partie de la rive Sud, le temps n’est pas assez clair pour voir plus loin… Les villages de Vizzavona, Tattone et Bocognano sont également reconnaissables.

Je continue l’ascension en direction de la punta Muratellu, située à 2 141 mètres. Le vent est de plus en  plus insoutenable et de nouveau je n’aperçois plus aucun point jaune. Je reste un moment à observer le paysage. En face de moi se dresse le Monte d’Oro. Je refuse de faire demi-tour et continue doucement. Après une petite heure à chercher mon chemin dans les éboulis, je repère de nouveau le parcours! Ouf!

Petit à petit, je me rapproche du sommet, jusqu’à apercevoir le sommet de la croix plantée au sommet. Seulement le vent souffle toujours par rafales et la dernière partie demande de petites escalades au dessus du vide. Après un moment de réflexion, ce sera tant pis pour le sommet… l’ascension par ce vent me semble trop dangereuse… j’y reviendrais?

Je continue ma boucle et descends jusqu’à un plateau d’herbe bien sèche. Ce sera ma pause déjeuner! Sous le sommet qui me nargue toujours. La descente se fait ensuite par une autre vallée. Petit passage technique dans «la Scala», ou l’escalier, un éboulis de grosses pierres tombant à pic le long d’un énorme piton rocheux. Passé cet effort, on redescend tranquillement et on retrouve les magnifiques pins larici de Vizzavona avec ses sentiers bien plus agréables pour les pieds. Autre déception, il existe une oeuvre d’art sur les contreforts du Monte d’Oro représentant des mains d’or. Je ne les ai pas vues… Elles se trouvent pourtant sur la descente. Une prochaine fois?

C’est finalement après 8 heures 30 de marche que je reviens à la voiture… un peu cuit certes mais avec de belles images bien la tête…

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La « mare » de Vizzavona

Un Lac tout près de Vizzavona ? On m’en avait caché  l’existence avant que je le découvre dans un de mes supers guides de randonnées… Content de ma trouvaille, d’autant plus que le temps annoncé est très raisonnable (3h aller/retour), je me suis programmé une matinée pour y monter.

Le point de départ n’est pas clairement indiqué et arrivé sur place je tâtonne un peu pour rejoindre la piste forestière, première étape de l’ascension. C’est après la traversée d’un champ d’ail sauvage que finalement je trouve la piste ! Chouette ! La rando peut commencer. Au fil des pas je découvre que mon parcours emprunte une partie du fameux GR 20, il n’y a donc qu’à suivre les traces rouges et blanches ou les panonceaux en bois… facile… oui mais, je n’avais lu, ou peut-être pas retenu, le dénivelé du parcours, un peu plus de 700 mètres sur 4 kilomètres.

Cela tire sur les mollets, le coeur bat un rythme digne de David Getta, le t-shirt n’en peu plus d’absorber la sueur et se dessine petit à petit sur nos peaux agressées par le soleil de plomb mais nous arrivons au sommet à la Bocca Palmente ! Première récompense, la vue est splendide. À l’Ouest le Monte d’Oro s’élève majestueusement, son manteau blanc ayant laissé place à quelques cascades plus ou moins importantes. À l’Ouest, le relief nous offre une percée sur la Plaine orientale où s’étendent les étangs d’Urbinu et de Diana. Si toute la première partie de l’ascension se déroule au milieu de la magnifique forêt de pins laricci de Vizzavona, tout le reste se fait en plein soleil. Et ne comptez pas sur les habituels arbustes pour vous protéger des UV, il n’y en a tout simplement pas…

Le ventre commence à gargouiller et toujours pas de vue sur le lac d’Alzetu, notre destination, qui devrait pourtant être tout près. On quitte le GR pour emprunter le chemin des cols. Les cris d’un taureau en rut attirent notre attention vers un petit plateau qui surplombe le cirque d’Alzetu. C’est effectivement là que doit se trouver notre but. En route donc et petit à petit on entend l’eau s’écouler. Puis de plus en plus fort, on sent la victoire s’approcher, enfin nous allons pouvoir manger au bord d’une eau fraîche et limpide mais… ah non… quelle déception… le majestueux Lac d’Alzetu n’est plus qu’une… mare… boueuse et maronnasse… pas de regrets, le panorama vaut à lui seul le détour. Pique-Nique repoussé un peu plus bas, aux bergeries d’Alzetu, de retour sur le GR.


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