La faune sur les hauteurs d’Ajaccio

Drôle de zoo. Beaucoup de personnes m’en avaient parlé, mais je ne voulais pas tomber dans le cliché en me rendant à une des promenades favorites des ajacciens : le sentier des crêtes. Seulement, à force de rabâchage et de feuilletage de l’éternel Guide Vert, je n’ai pas résisté à découvrir cette balade. Certains le parcourent en courant ou à vélo. D’autres préfèrent la marche tranquille ou comme moi, la visite touristique qui consiste à attendre le moment le plus chaud de la journée (et pourquoi pas de l’année) pour marcher quatre à cinq heures sous un soleil de plomb au milieu d’un maquis ras comme mon genou… oui j’ai encore du chemin à faire pour comprendre les trucs et astuces du randonneur intelligent.

Décidé, de bon matin, je regarde la carte du sentier. Houlala, ça s’annonce mal. Il est composé de multiples variantes et de deux pistes principales : Le sentier des crêtes et le sentier de la corniche. Les deux se rejoignent aux deux extrémités. D’un côté à Ajaccio et de l’autre à la station solaire de la Parata. Je n’ai pas envie d’y aller deux fois, je décide donc de tout faire d’un seul coup (Nan mais ho!). Le sac chargé d’eau, je fais vrombir la panda vers la “Piste du Salario” où débute le sentier des crêtes. Il passe en fait, comme son nom l’indique, de crête en crête depuis Ajaccio jusqu’à la pointe de la Parata.

Là haut je ne croise personne. Par contre je rencontre énormément de roches plus étonnantes les unes que les autres. De part et d’autre du chemin, la montagne est sculptée de telle manière qu’on pourrait se croire au beau milieu d’un zoo regroupant la faune de la terre entière. Je croise ainsi un ours, un lion, un phoque, un dauphin mais également un dragon qui sort son long cou du maquis en contrebas. On se demande vraiment comment des rochers si haut perchés, peuvent être ainsi sculptés? Même si évidemment l’imagination y fait beaucoup.

Plus loin, après un pique-nique bien mérité, j’arrive au Monte Rossu (une petite pensée pour mon matou) où des aigles se battent le territoire avec des goélands. La vue sur les Îles Sanguinaires est une nouvelle fois splendide. De l’autre côté j’aperçois le Golfe de Lava et la route vers Sagone.

Redescente vers la station solaire. La première partie est finie après deux heures trente de marche. J’accélère un peu le pas en direction de la corniche : retour à la voiture. Si la vue sur les crêtes était splendide, celle sur la corniche est très étonnante. Imaginez un peu. Un sentier qui serpente en corniche sur les flancs de montagne au milieu du maquis. Des arbousiers plus ou moins hauts forment la seule végétation “haute” du parcours. En hauteur, les rochers “sculptés” dominent comme des gardiens immortels. En face tout est sauvage, seul le sentier se distingue au milieu de la verdure. Et en bas, le contraste est fort. À tout juste 50 à 100 mètres de moi, les plus hautes bâtisses d’Ajaccio se dressent face à une mer qui hésite encore entre le turquoise le bleu marine.

Le retour est plus rude que prévu. Je fais une pause aux bergeries de la “tête de mort” appelées ainsi à cause d’un énorme rocher qui sous certains angles fait penser à un crâne humain de taille démesurée.

C’est finalement après quatre heure trente d’intense piétinement que j’arrive enfin à la voiture. À sec, aussi bien dans les bouteilles que dans la gorge et sous un soleil de plus en plus écrasant. Mais la balade fut splendide et étonnante et m’a permis de tenir mes engagements : ce soir j’arborerais avec fierté mon bronzage agricole et mon parfum de biafine concentré.

Saucisson d’ânes

En route pour la promenade ajaccienne par excellence. Non loin du centre ville, en direction des îles Sanguinaires, il est possible de bifurquer vers “Capo di Feno” où l’on trouve deux plages (Petit Capo et Grand Capo) ainsi qu’une promenade au coeur de la réserve naturelle. Mais on n’y accède pas aussi simplement que ça, car le panneau qui est sensé indiquer la direction de cet endroit a subi les prémices d’un attentat au marqueur dans le souci (je pense) de préserver la beauté de l’endroit aux “mangeurs de tomates” (comprendre touristes).

Outre la réputation d’être la plage réservée aux ajacciens, Capo di Feno est également connue pour sa tour génoise à demie-écroulée et l’élevage des ânes. Après une petit piste carrossable, on accède à une très belle plage de sable fin ornée de paillotes plus ou moins permanentes. L’eau y est très claire mais également très agitée et la baignade y reste tout de même dangereuse. Un sentier part d’un bout de la plage jusqu’à la tour génoise de Capo. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps d’aller jusqu’à là- bas. Mais j’ai tout de même pu rencontrer quelques ânes perdus sur… “la plage des ânes”… Ils ont d’habitude la réputation d’avoir mauvais caractère mais à ce point là je ne savais pas. J’ai dû leur montrer que moi aussi je pouvais me rendre plus impressionnant pour pas me faire charger par ces sales bêtes! Visiblement, ils ne partagent pas leur territoire si vous n’avez pas de quoi les nourrir grassement.

J’ai également appris que les pins peuvent devenir un jeu fort amusant à l’approche du printemps! Si l’on remue assez fortement ses branches, un énorme nuage jaune de pollen s’en échappe pour vous asphyxier… bon d’accord c’est amusant uniquement pour celui qui ne subit pas… Moi, ça m’a fait rire.

Profitons d’un rayon de soleil

Après une très grosse période orageuse, le soleil laissait enfin apparaître quelques rayons sur la région ajaccienne. Pour en profiter, direction les hauteurs de Porticcio où mon sublime Guide Vert m’a aimablement fait savoir qu’il existait une petite promenade à cheval sur un sentier national (Mare a Mare) d’où l’on pouvait rejoindre une ancienne tour de surveillance (encore!), appelée tour de Frasso, mais celle-ci a la particularité d’être carrée…

En route donc au départ du cimetière sur un sentier ravagé par la pluie qui semble assez difficile. Quelques gouttes de sueurs plus tard j’arrive sur une très grande clairière jointe d’un sentier carossable où trône une ancienne maison de berger retapée en (visiblement) maison de vacances. D’ici j’aperçois la tour sur les hauteurs qui me nargue.

Finalement j’arrive en dessous, un peu de hors piste et me voilà à son pied. Elle a en fait été construite sur un énorme rocher qui surplombe tout le flanc de la montagne. De là je peux tout admirer et c’est après un casse croute et une petite sieste que je reprends la route pour le retour.

Dernier périple en date

Je suis vraiment très fort. Pour mes nombreuses amies de passage en Corse, j’organise des journées de visite marathon. Imaginez. Départ d’Ajaccio le matin tôt direction Bonifacio. Pour corser la difficulté (sans mauvais jeu de mot), le voyage se fait avec une auto boîte mécanique (oui bon d’accord mon roadster boîte automatique ne contient que deux personnes). J’arrive quand même en deux heures et demie de route à rendre une de mes amies malade. Ce qui fait qu’arrivés à Bonifacio, elle a préféré s’abstenir de la balade en bateau. Je vous rassure, elle a quand même pu se remettre avec un énooooooooorme chocolat liégeois et une limonade en nous attendant.
Après la promenade en bateau et la visite de la vieille ville avec la Sardaigne en toile de fond, nous voilà repartis. Direction la plage de Palombaggia pour finalement faire demi-tour en marche arrière sur la piste pendant plusieurs kilomètres faute de place pour se garer… Nous nous sommes finalement rabattus sur la plage de Santa Giulia. Bon d’accord on fait pire comme solution de rechange. De plus, non sans fierté, j’ai pu rendre quelques autochtones bronzés et aux abdominaux saillants jaloux en m’affichant, moi le pinzutu cramoisi, avec deux belles à mes côtés. Pour rentrer sur Ajaccio, nous nous étions munis de munitions anti-copine-nauséeuse : sacs vomitoires inside the car.
La journée s’est finie sans trop d’encombres par un petit resto bien sympatique sur le port d’Ajaccio. Pfiouuu! Ca c’est de la journée de vacance bien remplie.

Les falaises de Bonifacio

La plage de Santa-Giulia