Saucisson d’ânes

En route pour la promenade ajaccienne par excellence. Non loin du centre ville, en direction des îles Sanguinaires, il est possible de bifurquer vers “Capo di Feno” où l’on trouve deux plages (Petit Capo et Grand Capo) ainsi qu’une promenade au coeur de la réserve naturelle. Mais on n’y accède pas aussi simplement que ça, car le panneau qui est sensé indiquer la direction de cet endroit a subi les prémices d’un attentat au marqueur dans le souci (je pense) de préserver la beauté de l’endroit aux “mangeurs de tomates” (comprendre touristes).

Outre la réputation d’être la plage réservée aux ajacciens, Capo di Feno est également connue pour sa tour génoise à demie-écroulée et l’élevage des ânes. Après une petit piste carrossable, on accède à une très belle plage de sable fin ornée de paillotes plus ou moins permanentes. L’eau y est très claire mais également très agitée et la baignade y reste tout de même dangereuse. Un sentier part d’un bout de la plage jusqu’à la tour génoise de Capo. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps d’aller jusqu’à là- bas. Mais j’ai tout de même pu rencontrer quelques ânes perdus sur… “la plage des ânes”… Ils ont d’habitude la réputation d’avoir mauvais caractère mais à ce point là je ne savais pas. J’ai dû leur montrer que moi aussi je pouvais me rendre plus impressionnant pour pas me faire charger par ces sales bêtes! Visiblement, ils ne partagent pas leur territoire si vous n’avez pas de quoi les nourrir grassement.

J’ai également appris que les pins peuvent devenir un jeu fort amusant à l’approche du printemps! Si l’on remue assez fortement ses branches, un énorme nuage jaune de pollen s’en échappe pour vous asphyxier… bon d’accord c’est amusant uniquement pour celui qui ne subit pas… Moi, ça m’a fait rire.

Garre aux battues…

Entre deux gouttes de pluie, le soleil fait surface! Hop j’enfourche mon destrier et me cherche une destination pour me dégourdir les jambes au soleil. Direction le village de Pevani. Situé en flanc de montagne il donne une vue imprenable sur le golfe de Sagone et ses plages blanches; en arrière-plan, les montagnes enneigées. La description de la promenade n’est pas très claire dans mon guide mais la durée annoncée correspond au temps qu’il me reste avant que les premières étoiles pointent le bout de leur nez.

Seulement voilà, après cinq minutes de route carrossable… une barrière fermée et un grillage barbelé bloquent le passage. Je ne suis pas venu pour rien! Je saute la barrière et reprend ma route. Le paysage est étonnant, les collines sont remplies d’asphodèles. Dommage qu’elles ne soient pas en fleur, dans mon livre il est écrit qu’au printemps ces collines sont comme parsemées de neige… mais là elles sont plutôt parsemée d’épinards.

Au cours de mon parcours, comme toujours, j’ai pu faire de drôles de rencontres : tout d’abord un chasseur dans son 4×4 : assez rassurant alors que la chasse est terminée depuis deux semaines déjà. Plus tard c’est un cheval qui s’est écarté de mon chemin pour aller se coucher un peu plus loin sans jamais me quitter des yeux. Puis un groupe de bovins qui a dû s’enfuir du sentier après avoir longuement observé ma trajectoire avant de prendre une telle décision.

Je continue ma route et là, j’arrive à un nouveau grillage avec un petit panneau “chasse gardée”. Un peu inquiet, j’ouvre mon guide qui m’annonce : “sauter le grillage et continuer au milieu du maquis en descendant la colline. Plus bas vous rejoindrez un sentier…”. Euh? C’est une blague? Têtu comme une mule, j’enjambe le grillage, ou plutôt je saute par dessus sans trop réfléchir à comment le repasser au retour. Et là effectivement, il n’y a plus de chemin. Des traces de battue. Du maquis à perte de vue et en face un rocher en hauteur. Je me dirige vers le rocher dans l’idée de surplomber les entourages. Mais voilà après quelques mètres des coups de fusils se font entendre. Des chiens aboient en contrebas et j’entends les chasseurs hurler; Certainement des ordres pour les chiens ou les camarades.

Ayant un goût certain pour le fait d’être en vie et en bonne santé, je décide de ne rien risquer et de faire demi-tour. Les dates de chasse ne s’appliquent visiblement pas aux braconniers. Obliger de ramper pour repasser le grillage de barbelé, me voilà sur le chemin du retour où, de derrière les buissons, le troupeau de bovins continue à m’observer…

Vraiment bizarre cette promenade!