La mode sportive: de “l’outil” pratique à la revendication sociale et politique

La Corse, tout le monde le sait, est l’endroit idéal pour la pratique du sport nature. En montagne, en rivière, en mer, à chaque sport son terrain de jeu et l’île en offre à foison pour chacun. Les amateurs se régalent et… les magasins de sports également ! Notamment les marques de vêtements de sports !

Car si, en Corse, le sport est à la mode, il est socialement bon de montrer qu’on pratique ! (d’autant plus, si l’on ne pratique pas, cela va de soit…) De la même manière que si le voisin change sa berline allemande, ici on change ses baskets.

C’est comme ça, qu’à Ajaccio, les “Richelieus” ou les “Derbies” ont laissé la place aux “Salomon Speedcross” et les vestes de costumes aux coupe-vents “Millet”. Il va sans dire que 90% des vêtements techniques vendus ne sont jamais tâchés par la poussière des sentiers et s’usent uniquement sur le bitume.

Même le célèbre treillis des chasseurs insulaires commence à disparaitre pour laisser la place aux, certainement plus confortables et plus souples, pantalons de randonnée.

Mais en dehors de la mode, l’accoutrement permettrait également de montrer sa couleur politique. Il aura suffi à quelques militants nationalistes de se présenter à une ou deux interview, vêtu d’une magnifique veste estampillée du M sur fond rouge, pour faire exploser les ventes de la maque auprès des jeunes nationalistes.

De jeunes militants nationalistes lors d'une manifestation étudianteDe jeunes militants nationalistes lors d’une manifestation étudiante, The North Face se bat avec Millet…
 

Parce qu’il faut savoir briller en société et dans toutes circonstances, les rassemblements étudiants se confondent parfois avec les compétitions sportives :

– Ah tiens, il y a un trail aujourd’hui à l’Université ?
– Non c’est une manifestation pour l’amnistie des prisonniers politiques !

Pour défiler toute la journée, il fallait au moins bien se chausser ; conseil du médecin !

Qui sait ? Peut-être que le Ribellu, en laissant tomber la lutte armée, se mettra au sport, et troquera la cagoule pour la lampe frontale et l’uniforme pour la tenue de trail.

Inutile de préciser (mais je le fais quand même) qu’il faut souvent pour le commun des mortels, se saigner, pour s’offrir un accessoire de cette panoplie. J’imagine alors, mais il faudrait une confirmation de l’INSEE, que le taux de PEL cassés à augmenté de manière exponentielle en Corse…

Trêve de plaisanteries, je me dois également de parler des vrais sportifs, ceux que l’on croise sur les sentiers, les chemins boueux ou les courses à pieds, les chaussures sales et les vêtements piqués par les ronces. Ceux-là, souvent, et c’est un peu grâce à cela que l’on peut les différentier, sont plus abonnés à Décathlon qu’aux soldes des marques de prestiges.

Le français régional de Corse

Beaucoup de régions en France – pour ne pas dire chaque région finalement – possède sa langue régionale, parfois appelée patois à tord. Mais elles possèdent également leur propre français. Et oui! Car les langues régionales, comme toutes parties d’une culture locale, déteint sur la culture ou la langue du pays.


Langues régionales en France
La France des langues régionales
Vous savez, c’est ce qui nous fait sourire et nous dépayse quand on part en vacances dans une région “éloignée” de la nôtre. Prenons par exemple un normand qui partirait en vacances en Provence. Pour lui, il y aurait un réel changement culturel, surtout dans les manières de faire ou d’appréhender les choses.

Car en dehors de l’accent et des expressions, la langue française est souvent modifiée par la langue régionale. Je prends l’exemple qui me concerne, le corse. Les corses, bien souvent, utilisent, mais pour la plupart sans le savoir, les tournures de phrases de la langue corse lorsqu’ils s’expriment dans la langue nationale.
Pour quelqu’un, qui comme moi, est originaire d’une région bien lointaine, le phénomène est flagrant et nous étonne au début.


Le doigt d’honneur est une composante de la langue des signes japonaise, et signifie « frère » ou « 兄弟 ou Kyoudai »

Du français corsisé

« Tu veux randonner mais, hé, autant demain il pleut ! ». On comprends bien le sens de la phrase mais l’utilisation de “autant” est assez inhabituelle pour un continental, alors qu’en Corse, c’est courant !

« Nan mais il y reste dans le coffre le sac ! ». Il y “reste”?! À se demander si le sac choisi par lui même ! Tout ça pour dire qu’il y a la place nécessaire dans le coffre pour y loger le sac. D’ailleurs, sur le continent, on aurait peut-être placé “le sac” avant “dans le coffre” nan ?

Vous entendrez souvent les corses répéter les mots. Ne pensez pas que c’est par peur que vous n’ayez pas compris ou pour être insistant, c’est simplement une manière d’accentuer la chose.
En fait, en langue corse, pour dire que quelqu’un est grand, on utilise le mot « maiò ». Pour dire qu’il est très grand, on va dire « maiò maiò ». Du coup, il est régulier d’entendre des phrases du type « à force à force j’ai réussi ! » ou encore « j’ai tiré un gros GROS sanglier ! ».

Vous avez d’ailleurs certainement entendu le sketch radio sur le parisien qui appelle un Corse pour lui demander “d’arrêter de l’appeler” où le Corse répond « Sois un homme, sois ! ».

Un mot qui peut porter à grande confusion dans l’île est “fatigué”. On se demande bien pourquoi mais il m’est arrivé une fois de raconté qu’après avoir été au vélo mon père était fatigué, les gens étaient alors peinés et m’ont soutenu comme si je venais d’apprendre une très grave nouvelle. L’explication est que quelqu’un de “fatigué” est quelqu’un de très malade ! Pas de place à la fatigue, soyez toujours au taquet !

Enfin, vous entendrez à tout bout de champs les corses dire « ça va » et pour tout et n’importe quoi : «
– Je t’envoie le tout par la poste ?
– Ça va !

– Bon et bien on fait comme on a dit.
– Ça va pas de soucis !

– Bon aller, je vais raccrocher et on se rappelle demain ?
– Ça va, à demain, ti basgiu. »

En fait, je crois que comme il est interdit d’être fatigué, tout le monde insiste bien sur le fait que c’est bon ! Ça va ! Tout va bien !

Du Corse dans le Français

En dehors de ces bizarreries linguistiques, on a parfois du mal à comprendre les mots qu’utilisent les corses. Sans compter qu’entre Bastia et Ajaccio, « chacun dit la sienne » comme on l’entend ici.

Et c’est bien normal ! Puisque très régulièrement des mots corses sont intégrés dans les phrases et, comble de la chose, ils sont soumis à la conjugaison de la langue française… là, je le sens, vous avez mal à la tête… continuez, vous allez comprendre !

Bon je ne reviendrais pas sur le célèbre « Fratè » (prononcé “fradé”), ou du « pinzutu » (le pointu) que vous aurez tous entendu, même à Paris !

D’ailleurs, pour l’anecdote, les parisiens sont qualifiés de pinzuti dans l’île, à cause de leur accent “pointu”, mais c’est également le nom de famille d’une très ancienne famille du village de Peri, près d’Ajaccio, qui eux, sont loin d’être parisiens !

« Mì ! Mì la chèvre ! ». Non la chèvre ne s’appelle pas Mimi ou Mi ! “Mì” veut simplement dire “regarde” dans la langue nustrale. « Il s’est strapé tintacciu ». Non il ne s’est pas fait un strapping ! En revanche il devra peut-être car il s’est fait mal, le pauvre !
Vous remarquerez qu’on accorde à la mode française le mot corse, qui normalement s’écrit “strapazzà” (maltraiter, tracasser, tourmenter). C’est pareil dans « le mouflon nous a vu et il a scapé », le mouflon à fuis. Attention à l’utilisation car “Scapà” peut aussi vouloir dire “décapiter”… ouch ! Pauvre mouflon !

Quoi qu’on pourrait s’en couper un “pezzu”, autant c’est bon ! Facile le “pezzu”, c’est un morceau.

D’autres exemples ? Si vous êtes “goffu”, ne vous réjouissez pas, c’est que votre tête ne lui revient pas. Votre ami s’est pris un “coghju” ? Une “bordée” ? C’est qu’il a mal au coude et au crâne à force de lever le verre !

Enfin, si dans une sombre ruelle d’Ajaccio, en pleine nuit, un individu armé vous demande vos “scarpi”, laissez-lui vos Reebok plutôt que de le faire répéter…

Impara u corsu

Si aujourd’hui votre vocabulaire s’arrête à « figatellu, canistrelli, brocciu et BASTA! », ce qui est un peu limite pour faire une phrase, ne vous alarmez pas !

Panique
Apprendre le Corse, c’est simple, et ça l’est d’autant plus que la langue s’est ouverte à tous avec l’essor du numérique. Des applications de smartphone, comme Parlu Corsu, sont accessibles à tous et assez simple d’utilisation.

Pour pousser plus loin, le site Internet de l’association de soutien au Centre Culturel de l’Université de Corse propose une méthode complète d’apprentissage de la langue, sur www.interromania.com, rubrique Impara u Corsu.

InterRomania | Associu di sustegnu Centru Culturale Universita di Corsica

Pour conclure je dirais que parfois, malgré toutes les bonnes volontés, il nous est impossible de comprendre les langues régionales, voir le français…


Christopher, le Ch’ti qui massacre la langue… par Spi0n

Mais qu’est-ce que c’est?!

Voilà une rencontre qui vous glace le sang!

Imaginez la scène. Me voilà seul, le ciel est bas. Depuis quelques jours les nuages se chargent de plus en plus. L’heure à laquelle ils laisseront tomber leur humide chargement n’est plus très loin.

Malgré cela me voilà en montagne, enfin presque. Suivant le dernier rayon du soleil, comme l’unique espoir d’avoir, pour encore quelques heures, le temps d’arpenter à la force des cuisses les sentiers insulaires, me voilà tourmenté par le froid au milieu des ruines.

Ces vieilles pierres autour de moi, dernières traces d’un chateau autrefois fièrement dressé, sont parfois parsemées au sol, formant encore d’autres fois des restes de murs et de tours, et donnent un aspect lugubre à la scène. Ce lieu, riche d’histoire et de batailles, fut également le théâtre de sombres passages qui laissent une atmosphère pesante.

Pas un bruit dans ces amats de gravats entre lesquelles poussent des ronces gourmandes et quelques arbrisseaux, comme des rapaces prêt à se remplir la panse des restes du temps. Çà et là quelques brises discrètes cassent l’immobilité de ce paysage.

Tout à coup me voilà surpris ! Mon rythme cardiaque s’accélère alors qu’une froide et minuscule goutte de pluie m’extrait de mes songes. Il faut que j’accélère la cadence. Quittons ces lieux avant que l’averse vienne tenter de tout effacer.

Je cherche alors la sortie. Presque perdu dans ce dédale de caves oubliées et de murs sans âges, croyant apercevoir un passage vers le retour j’accélère.

Et là! C’est l’apothéose! La scène clé d’un mauvais thriller, celle qui débloque toute l’intrigue! Longeant les murs pour éviter les gouttes, au détour d’un angle, ma main est entrée en contact avec elle… Douce et visqueuse, ses appendices dressés, me piquant l’index en de multiples points.

Mon sang ne faisant qu’un seul tour, je retire ma main pour l’observer. Nous voilà face à face. De ses yeux rouges, l’immonde monstre, tout droit sorti du bestiaire de Starship Troopers, m’observe, prêt à attaquer ou à riposter !

Dans l’urgence, je dégaine le premier. L’iPhone en main, j’immortalise pour vous l’objet de mon inquiétude. De peur devant tant de dextérité, l’immondice tente de prendre la fuite, voyant sa fin toute proche mais… trop tard, le cliché est enregistré.

Drôle de bestiole Drôle de bestiole

L’écrevisse à l’aventure

En septembre 2013 une idée un peu folle nous a traversé l’esprit avec des collègues: celle de participer au Corsica Raid Aventure!

Un aperçu en images:

Clip Corsica Raid 2014 : 20 ans !! from Corsica Raid Aventure on Vimeo.

Tous les prétextes ont été bons pour s’engager sans compter que l’épreuve fêtait ses 20 ans. Nous avons donc monté une équipe au sein du journal (Corse-Matin) pour participer à l’aventure!

Après plusieurs mois de «préparation» (et je mesure mes parenthèses) nous nous sommes retrouvés à deux semaines du top départ un peu pris de court pour notre organisation! Autant dire que nous étions à zéro… Heureusement nos sponsors nous ont bien aidé. Ce fut donc la course de magasins en magasins pour remplir notre camion du matériel nécessaire.

Épreuve réussie et le jour des vérifications il ne nous manquait rien! Enfin presque… juste une boussole et un sifflet…

Le samedi 7 juin, le top départ a été donné à 13 heures sur la plage de Pietrosella pour une épreuve de Kayak. Mais je n’y ai pas participé car le week-end précédent, en entraînement, je me suis fait une tendinite à la main droite… (Oui je n’aime pas le Kayak et alors?).

Cinq jours de sport, de rires, de compagnonades, de douleurs, de froids puis chaud et de chaud puis froid, ont suivi.

Autant vous dire, qu’après tout ça, en se nourrissant essentiellement de pâtes au beurre et de pom’potes, nous ressemblions à des crevettes et nous avions mal partout.

Mais l’expérience était géniale, aussi bien humainement que sportivement. Les itinéraires étaient splendides. Je ne vais pas m’étendre sur le parcours, si ça vous intéresse, vous pouvez vous rendre sur le site internet de l’épreuve pour le retrouver.

Je vous laisse avec quelques photos et vidéos prises sur le vif! (Désolé pour la qualité)

D’autres photos sont disponibles sur corsematin.com

Et quelques vidéos

C’était Halloween

Cela fait déjà quelques jours, mais je n’ai pas eu le temps de passer par là. La veille de la Toussaint, c’était Halloween et un peu comme partout, les enfants monstres en tout genre ont frappé aux portes des maisons pour se remplir les poches de bonbons.

Mais chez moi ce ne sont pas les enfants qui sont venus mais… encore et toujours… de drôles d’animaux et bêbêtes en tout genre…

Pour la culture, le scorpion ci-dessus est un Eusorpius Flavicaudis. Il n’est pas à redouter, sa piqure produit la même douleur que celle d’une abeille. Mais pour les personnes allergiques aux piqures d’insectes il faut s’en méfier comme d’une peste. Pour les autres bêtes, je ne saurais vous en dire plus…

Je peux par contre vous raconter la fête de la Toussaint en Corse. Comme partout en France, le 1er novembre est le jour du recueillement. On dépose les chrysanthèmes sur les tombes de nos aieuls. Ici, presque personne n’échappe à la tradition. Les mauvaises langues pourraient dire que les fleuristes sont aux anges… Mais pas seulement! Les boulangers aussi. Car en Corse la tradition veut que l’on fasse le pain des morts dont vous pouvez voir la recette en cliquant-ici. Très célèbre dans le sud et préparé désormais toute l’année, dans le nord on connaît la salviata, gâteau sucré en forme de s fait spécialement à cette occasion.
Vous trouverez plus d’informations sur la toussaint en Corse en suivant ce lien: www.enciclopediadiacorsica.com