Rome à la carte: Secondi Piatti

La cité antique
La cité antique

Vendredi c’est le jour de Vénus, déesse de l’amour, pour la mythologie romaine. Alors on va se la jouer romantique, enfin, pour être plus exact Rome antique. Ah humour quand tu nous tiens!… Me voilà le digne fils de mon père pour les jeux de mots… Arf! Les méfaits de la génétique.
Même si l’heure est matinale, il y a déjà une belle file d’attente mais grâce à nos sésames nous faisons fi de la plèbe et entrons dans le Colisée, le plus grand édifice dédié aux spectacles. La façade de cinquante mètres laisse encore voir ses quatre étages qui abritaient parfois plus de cinquante mille personnes sur différents gradins. L’arène centrale laisse apercevoir les galeries souterraines où se préparaient les spectacles. Des jeux pour le peuple qui avait une préférence pour les combats de gladiateurs, vous savez l’histoire des “Ave Caesar, morituri te salutant” et du pouce levé ou baissé? Merci Goscinny et Uderzo. Je suis très “culturé”, je sais que cela impressionne rassurez-vous. Avec un peu d’imagination, on arrive à se faire une petite idée de ce que cela pouvait donner cette institution à l’époque. Attention aux représentations erronées cependant. Si les catacombes ne cachaient pas les réunions des premiers chrétiens, le Colisée n’a pas été le théâtre de leur calvaire à ce qu’il paraît. Nous repérons aussi une équipe de fouilles à l’œuvre. Rome est vraiment un musée à ciel ouvert, nous apprendrons au retour qu’une mosaïque d’Apollon a été découverte sous les thermes de Trajan non loin de là.
Près du site l’Arc de Constantin et ses trois arches n’est pas en reste avec ses proportions et son élégant décor.

Nous continuons dans le même secteur pour nous rendre sur l’une des sept célèbres collines de Rome, là où tout commence avec les jumeaux Romulus et Remus sur le Palatin. Il est difficile d’imaginer ce qu’était ce lieu dans l’antiquité car les vestiges restent souvent énigmatiques et certains édifices sont fermés à la visite. Nous jouons les voyeurs pour entrevoir les fresques et les mosaïques de la maison d’Auguste et de Livie avant de nous promener dans les jardins Farnese et de jouir de la vue sur Rome et sur notre prochaine étape, le Forum romain.
C’est là que se concentrait toute la civilisation romaine sur plusieurs siècles. L’étendue permet de découvrir, arcs, temples, basiliques, la Curie qui accueillait les sénateurs ou encore le Tabularium, archives de l’Etat. C’est un véritable plongeon dans l’Histoire que nous effectuons, les légendes, les personnages historiques, les usages de cette civilisation reviennent à l’esprit non sans émotion.

En ressortant, nous en profitons pour arpenter les forums impériaux, fermés à la visite en raison des campagnes de fouilles toujours d’actualité. C’est sans aucun doute le forum de Trajan qui est le mieux conservé et qui donne à voir la très belle colonne Trajane qui commémore en une spirale ascendante sur quarante mètres de haut les victoires de l’empereur.

Il est grand temps de s’accorder une pause méritée dans l’une des “Enoteche” romaines. Là, nous pouvons déguster des vins du Latium, accompagnés de quelques plats. Rapide et délicieux.

Direction la piazza d’Aracoeli pour gravir les escaliers qui mènent à Santa Maria in Aracoeli. Outre les fresques du Pinturicchio et le beau pavement cosmatesque – le nom vient de la famille Cosmati, célèbres marbriers romains – l’église recèle quelques curiosités. Une chapelle pour un Sant Bambino sculpté dans un olivier du bois de Gethsémani où le Christ passa sa dernière nuit, une vierge peinte à même une colonne ou encore une colonne “musicale” percée d’orifices qui résonne…

Le temps de sortir de l’édifice et nous enchaînons, tels des marathoniens de l’art et de la culture sur les Musées capitolins qui se font face. La visite débute par le musée du palais des Conservateurs, beau palais du XVème siècle qui protège des exemples de la sculpture antique ainsi que des toiles dans la pinacothèque. En Face, Le Museo Del Palazzo Nuovo n’est pas en reste lui non plus. A noter que ces musées offrent en plus de belles perspectives sur le forum romain et une nouvelle belle vue sur Rome depuis la terrasse. On ne s’en lasse pas.

Nous partons ensuite en quête de la Bocca Della Verità. Nous admirons au passage le théâtre et l’église de Saint Nicolas avant d’arriver au plus célèbre détecteur de mensonges de l’Antiquité. C’est une ancienne bouche d’égout en forme de masque qui happerait la main des menteurs… Non par peur mais par flemme, nous évitons la file d’attente des curieux qui patientent pour la photo souvenir et nous visitons la basilique Santi Cosma e Damiano adjacente.

Le Tibre n’est pas loin. Nous le franchissons pour parvenir dans le charmant quartier du Trastevere. C’est en plus l’époque de la fête des Noantri, religieuse et populaire qui occasionne de nombreuses animations (processions, concerts). La dernière visite de la journée sera dédiée à la basilique Santa Maria in Trastevere pour se dévisser le cou et mirer les mosaïques de l’abside. Le quartier regorge également de sympathiques restaurants et cela tombe à pic!

En écrivant ces articles, je me rends compte à quel point nous n’avons pas chômé pendant cette semaine, nous laissant porter de merveille en merveille.

Rome à la carte: Primi Piatti

Le jeudi matin nous prenons le métro (vive le Roma pass pour les transports et les entrées dans les musées): direction Piazza di Spagna. Elle est élégante et agrémentée par l’originale Barcaccia, fontaine faite par le papa du Bernin qui, pour pallier les problèmes de faible pression hydraulique, a sculpté un navire qui prend l’eau. Il est temps de gravir la Scalinata della Trinità dei Monti orné, une fois de plus d’un obélisque. Les marches mènent à l’église du même nom. Plus que l’église elle-même, c’est le joli panorama qui s’offre de son parvis qui est intéressant.

Le temps de redescendre et nous prenons la via del Corso pour la Piazza Del Popolo avec, devinez quoi? Un obélisque bien sûr!  Deux églises, Santa Maria in Montesanto et Santa Maria dei Miracoli délimitent le côté sud de la place. Elles paraissent identiques mais il faut se méfier des apparences. Au nord la porte est ouverte dans le mur d’Aurélien qui protégeait jadis la cité. Des fontaines, des statues embellissent également ce lieu. Ce qui nous intéresse le plus c’est Santa Maria del Popolo pour les fresques du Pinturicchio et les oeuvres du Caravage qu’elle abrite. Mais, pas de chance, un office est célébré et nous le respectons, nous reviendrons plus tard (ou pas…). Des escaliers qui montent vers les jardins du Pincio et la terrasse de la piazzale di Napoleone vont nous conduire jusqu’à l’objectif principal de la journée. Une fois de plus, nous nous arrêtons quelque temps sur ce belvédère, profitant de la vue sur Rome.

Nous déambulons dans les agréables jardins de la Villa Borghese à présent. C’est que nous avons rendez-vous avec l’une des plus belles collections au monde. Si la réservation anticipée est obligatoire et que les deux heures de temps accordées paraissent bien maigres, tout comme l’interdiction de photographier et de filmer militaire, c’est vraiment le coup de cœur du voyage. Merci au cardinal Scipion Borghese d’avoir rassemblé toutes ces merveilles au XVIIème siècle. Nous commençons par l’étage pour un tête à tête dans la pinacothèque avec des Rubens, Véronèse, Titien, Botticelli, Le Pérugin, Fra Bartolomeo, Raphaël, Cranach, Le Caravage… Rhaaa, gargl, je n’ai plus les mots…

Au rez-de-chausée, plus chargé, de belles mosaïques antiques mais surtout des sculptures exceptionnelles. Le Rapt de Proserpine par Le Bernin qui a réussi à inscrire dans la pierre la pression des doigts de Pluton dans les chairs. Son David lèvres pincées et yeux froncés dans l’effort pendant qu’il lance sa fronde est saisissant lui aussi. La chute de reins de l’Hermaphrodite laisse songeur. Tout comme la Pauline Borghèse de Canova et les plis de sa couche: quelle finesse! Mais le chef-d’oeuvre absolu est à mon avis l’Apollon et Daphné du Bernin. La métamorphose de la jeune fille en laurier est incroyable ainsi représentée comme si le sculpteur avait saisi l’instant dans le marbre, les orteils transformés en racines, la chevelure et les mains en feuilles. Que de talent!

Mais l’un des cerbères du lieu interrompt la contemplation: la parenthèse est terminée, il est temps de se diriger vers la sortie.Bon, il faut se résoudre à quitter les lieux. Nous repassons par les jardins et nous rencontrons quelques écureuils et quelques perroquets? Etonnant pour le lieu arpenté par toutes sortes de personnes et de véhicules (joggers, promeneurs, touristes, romains, vélos, bus électriques, petit train…) jusqu’à canoter sur le petit lac artificiel entre d’énormes carpes et des tortues libidineuses.

Nos préoccupations plus nobles nous ramènent vers Santa Maria del Popolo mais quand ça veut pas, eh bien, ça ne veut pas: l’église est à présent fermée.
Mais il nous reste encore une étape aujourd’hui. Un petit tour de métro jusqu’à Barberini, quelques pas et nous sommes devant l’incontournable Fontana di Trevi. Là, après un gelato de chez San Crispino, devant Neptune, les différentes allégories et tous les autres touristes nous sacrifions à la coutûme: une pièce par dessus l’épaule pour un voeu et la même opération avant de quitter le lieu pour être sûr de revenir à Rome. En bonne nouille (pasta?) qui se respecte, je me débrouille pour jeter ma première pièce au dessus de mon épaule droite… Je ne vous dirai pas mon voeu mais je ne suis pas certain qu’il se réalise…