Rome à la carte: Contorni e verdure

Les thermes de Caracalla
Plan des thermes de Caracalla

Comme pour exorciser la malédiction du bus 118 qui nous avait abandonné plus d’une heure sur la via Appia, nous regagnons cette partie de la ville, en métro cette fois, et pour rejoindre les Thermes de Caracalla. Ils subsistent à l’état de vestiges qui laissent cependant entrevoir le gigantisme du lieu. Ces bains publics pouvaient accueillir jusqu’à 1600 personnes à toute heure du jour ou de la nuit sur un vaste complexe dépassant la dizaine d’hectares. Un ingénieux système de canalisations permettait de chauffer l’eau et de l’acheminer dans les infrastructures. L’itinéraire du visiteur se faisait selon un ordre précis.

L’ entrée s’ouvre sur une natatio, grand bassin qui jouxtait les vestiaires (apodyterium). Une fois nu, le client s’échauffait dans la palestre avant de rejoindre une sorte de hammam (laconicum ou sudatorium) puis une salle plus chaude comme son nom l’indique: le caldarium. Les romains aimaient bien jouer le chaud et le froid, repassant ensuite par un circuit inverse d’une salle d’eau tiède (tepidarium) puis froide (frigidarium). Bien qu’incomplet à la visite, le circuit permet néanmoins d’imaginer le fonctionnement et les usages du lieu ainsi que son raffinement: de belles mosaïques sont toujours présentes à cet endroit. Les thermes de Caracalla servent aujourd’hui de théâtre de plein air en été, Aïda de Verdi était programmé pendant notre séjour.

Une fois la visite terminée, nous jetons notre dévolu sur le Palazzo Altemps qui appartient au Musée national romain. Ici se trouvent les plus importantes collections de sculptures antiques rassemblées au XVIIème siècle. A noter que le bâtiment lui-même est d’une riche élégance grâce à ses plafonds à caissons et aux fresques gaies et colorées qui l’ornent.

Comme nous sommes de nouveau dans le centre historique, nous en profitons pour saluer une dernière fois chaque lieu, sans oublier bien entendu le fameux glacier Giolitti! Nous ne pouvions quitter Rome sans lui dire au revoir…

Bien décidés à profiter de notre avant dernier jour dans la capitale italienne, nous embrayons sur la découverte du Castel Sant’Angelo. Le pont qui permet d’y accéder donne à voir de belles statues d’anges réalisés par Le Bernin. Servant de mausolée à Hadrien dans l’antiquité, cette étonnante construction ronde surmontée d’une statue d’ange aujourd’hui a servi tour à tour de forteresse, de prison et même de résidence papale pour devenir musée de nos jours. Ainsi, les différentes strates restent apparentes: rampe d’accès à l’intérieur du château hélicoïdale que l’on pouvait emprunter à cheval, fresques, plafonds peints, chemin de ronde ouvrant sur Saint Pierre de Rome et sur toute la cité. La visite de ce labyrinthe est surprenante et réserve bien des surprises. Du sommet de la terrasse de l’édifice, nous apercevons notre prochaine étape que nous rejoignons à pied.

Impossible de faire l’impasse sur la Chiesa del Gesù, très bon exemple de la démesure de l’art baroque. Si l’édifice des Jésuites ne laisse pas présager de cette exubérance en façade, il n’en est pas de même à l’intérieur. Les fresques de Baciccia débordent de leur cadre sur la voûte, dans la coupole ou dans le chœur et occasionnent des trompe-l’oeil. Quant à l’autel de Saint Ignace de Loyola, tout n’est que magnificence et ce ne sont pas les colonnes de lapis-lazuli qui témoigneront du contraire!

Il fallait bien finir en beauté notre tour des églises romaines. C’est chose faite.

Rome à la carte: Primi Piatti

Le jeudi matin nous prenons le métro (vive le Roma pass pour les transports et les entrées dans les musées): direction Piazza di Spagna. Elle est élégante et agrémentée par l’originale Barcaccia, fontaine faite par le papa du Bernin qui, pour pallier les problèmes de faible pression hydraulique, a sculpté un navire qui prend l’eau. Il est temps de gravir la Scalinata della Trinità dei Monti orné, une fois de plus d’un obélisque. Les marches mènent à l’église du même nom. Plus que l’église elle-même, c’est le joli panorama qui s’offre de son parvis qui est intéressant.

Le temps de redescendre et nous prenons la via del Corso pour la Piazza Del Popolo avec, devinez quoi? Un obélisque bien sûr!  Deux églises, Santa Maria in Montesanto et Santa Maria dei Miracoli délimitent le côté sud de la place. Elles paraissent identiques mais il faut se méfier des apparences. Au nord la porte est ouverte dans le mur d’Aurélien qui protégeait jadis la cité. Des fontaines, des statues embellissent également ce lieu. Ce qui nous intéresse le plus c’est Santa Maria del Popolo pour les fresques du Pinturicchio et les oeuvres du Caravage qu’elle abrite. Mais, pas de chance, un office est célébré et nous le respectons, nous reviendrons plus tard (ou pas…). Des escaliers qui montent vers les jardins du Pincio et la terrasse de la piazzale di Napoleone vont nous conduire jusqu’à l’objectif principal de la journée. Une fois de plus, nous nous arrêtons quelque temps sur ce belvédère, profitant de la vue sur Rome.

Nous déambulons dans les agréables jardins de la Villa Borghese à présent. C’est que nous avons rendez-vous avec l’une des plus belles collections au monde. Si la réservation anticipée est obligatoire et que les deux heures de temps accordées paraissent bien maigres, tout comme l’interdiction de photographier et de filmer militaire, c’est vraiment le coup de cœur du voyage. Merci au cardinal Scipion Borghese d’avoir rassemblé toutes ces merveilles au XVIIème siècle. Nous commençons par l’étage pour un tête à tête dans la pinacothèque avec des Rubens, Véronèse, Titien, Botticelli, Le Pérugin, Fra Bartolomeo, Raphaël, Cranach, Le Caravage… Rhaaa, gargl, je n’ai plus les mots…

Au rez-de-chausée, plus chargé, de belles mosaïques antiques mais surtout des sculptures exceptionnelles. Le Rapt de Proserpine par Le Bernin qui a réussi à inscrire dans la pierre la pression des doigts de Pluton dans les chairs. Son David lèvres pincées et yeux froncés dans l’effort pendant qu’il lance sa fronde est saisissant lui aussi. La chute de reins de l’Hermaphrodite laisse songeur. Tout comme la Pauline Borghèse de Canova et les plis de sa couche: quelle finesse! Mais le chef-d’oeuvre absolu est à mon avis l’Apollon et Daphné du Bernin. La métamorphose de la jeune fille en laurier est incroyable ainsi représentée comme si le sculpteur avait saisi l’instant dans le marbre, les orteils transformés en racines, la chevelure et les mains en feuilles. Que de talent!

Mais l’un des cerbères du lieu interrompt la contemplation: la parenthèse est terminée, il est temps de se diriger vers la sortie.Bon, il faut se résoudre à quitter les lieux. Nous repassons par les jardins et nous rencontrons quelques écureuils et quelques perroquets? Etonnant pour le lieu arpenté par toutes sortes de personnes et de véhicules (joggers, promeneurs, touristes, romains, vélos, bus électriques, petit train…) jusqu’à canoter sur le petit lac artificiel entre d’énormes carpes et des tortues libidineuses.

Nos préoccupations plus nobles nous ramènent vers Santa Maria del Popolo mais quand ça veut pas, eh bien, ça ne veut pas: l’église est à présent fermée.
Mais il nous reste encore une étape aujourd’hui. Un petit tour de métro jusqu’à Barberini, quelques pas et nous sommes devant l’incontournable Fontana di Trevi. Là, après un gelato de chez San Crispino, devant Neptune, les différentes allégories et tous les autres touristes nous sacrifions à la coutûme: une pièce par dessus l’épaule pour un voeu et la même opération avant de quitter le lieu pour être sûr de revenir à Rome. En bonne nouille (pasta?) qui se respecte, je me débrouille pour jeter ma première pièce au dessus de mon épaule droite… Je ne vous dirai pas mon voeu mais je ne suis pas certain qu’il se réalise…

Rome à la carte: Antipasti

Métro et bus pour rejoindre la Via Appia en ce troisième jour romain. C’est en cet endroit que l’on inhumait les morts dans l’antiquité, hors de l’enceinte urbaine, le long de cette route pavée qui reliait Rome à Brindisi presque six cents kilomètres plus loin. C’est là que se trouvent les “Kata Kymbas”, les catacombes, nécropoles souterraines construites “près d’une carrière”. Nous avons choisi de visiter celles de San Sebastiano, en suivant le guide parmi les couloirs labyrinthiques creusés dans le tuf. Un peu décevant par rapport à ce que l’imaginaire véhicule… Mais bon il fait 15 degrés et ça ne se refuse pas! Trève de plaisanterie il faut attendre de découvrir trois mausolées païens parfaitement conservés et décorés de fresques, de mosaïques et de stucs du IIème siècle pour que l’émotion soit là. Pareil un peu plus haut avec un mur qui laisse encore apparaître les prières adressées à Saint Pierre et Saint Paul dont les reliques auraient été accueillies ici en des temps bien anciens pour nous. Pas de photos sous terre, j’aurais bien demandé au canadien qui en prenait super discrètement avec le bruit de l’objectif… La visite se termine par la basilique du même nom avec l’une des flèches du martyre de Saint Sébastien et une dalle de pierre qui porterait l’empreinte des pieds de Jésus… C’est un homme de poids! (uhuh!)

Nous reprenons le bus pour rejoindre le cœur de Rome et ce n’est qu’après une looooonnngue attente (une heure) que nous rejoignons la Piazza Venezia. Un œil pour le monument à Victor-Emmanuel II, Le Vittoriano et nous voilà déjà sur la Piazza Colonna avec la colonne de Marc Aurèle qui orne son centre. Quelques pas de plus et nous voici Piazza di Montecitorio avec l’obélisque et la chambre des députés. Les journalistes sont présents et attendent que l’immunité d’un proche de Berlusconi soit levée. Nous apprendrons plus tard que c’est chose faite. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne aujourd’hui aussi.

Après ces considérations hautement philosophiques nous revenons à des préoccupations bassement matérielles en découvrant le glacier Giolitti, ses parfums originaux comme champagne par exemple et ses coupes qui défient la pesanteur avec des avalanches de panna.

C’est qu’il nous faut des forces pour continuer notre promenade dans le centre historique avec la Piazza San Ignazio et la Chiesa San Ignazio di Loyola et son trompe-l’œil baroque, le Panthéon et la Piazza della Rotonda. Un peu plus loin l’église Santa Maria sopra Minerva et l’étonnant éléphant de marbre qui porte un obélisque sur son parvis. L’église San Luigi dei francesi avec la salamandre de François 1er et surtout les œuvres du Caravage à côté du Palazzo Madama pour aboutir à l’adorable Piazza Navona. Là, la Fontana dei Quattro Fiumi du Bernin ainsi que celles de Neptune et du Maure, l’église Sant’Agnese in Agone participent au charme du lieu.

Le temps de profiter un peu et nos pas nous portent vers Campo dei Fiori où nous dînerons après être passés devant le Palazzo Farnese qui abrite l’ambassade de France.

Si ce n’est pas de la bonne journée productive ça!

Rome à la carte: Aperitivo

Aujourd’hui nous changeons d’état, en route pour le plus petit du monde : Vaticano. Nous sommes drôlement contents d’avoir opté pour une visite guidée des musées du Vatican en voyant la file d’attente en arrivant! Impresionnant et décourageant! Pas pour nous heureusement : vive le sésame de la réservation.

Nous commençons avec le Cortile della Pigna cour nommée ainsi en raison de l’imposante pomme de pin qui la décore et qui représente l’abondance encadrée par deux paons dont la chair réputée imputrescible symbolise l’immortalité. Nous passons ensuite dans le cortile Del Belvedere pour y découvrir l’Apollon du même nom et Laocoon et ses fils. Magnifiques exemples de la statuaire antique. Nous traversons la salle des animaux puis la salle des muses pour découvrir le Torse du Belvédère. Tant pis pour l’anachronisme : je pense que j’aurais bien pu servir de modèle… Autres merveilles dans la salle ronde qui suit Antinoé et un Hercule en bronze doré. Puis dans la salle des candélabres une surprenante Artémis Ephèse, à voir dans la galerie du post… Plus loin les tapisseries et surtout les cartes géographiques peintes à fresque au XVIème, toutes les régions italiennes vues à partir du Vatican dont la Corse représentée à l’envers. Coup de coeur avec les chambres de Raphaël avec notamment la célèbre école d’Athènes et les peintures de Fra Angelico. Le clou de la visite bien entendu se fait avec la visite de la Chapelle Sixtine tant pour la voute (le péché originel donne envie de recroquer la figue) que pour le mouvement ascendant du jugement dernier derrière l’autel. Pas de photos ici bien entendu, le recueillement serait de mise puisque c’est ici que les papes sont désignés avec fumée blanche, “habemus papam” et tout et tout. Mais il n’est pourtant pas au rendez-vous malgré les lancinants : “no photos, no videos, schhhhutt, schhhhut!” des gardiens.

Le temps de se dévisser les cervicales et il faut faire un choix. Au fond de la chapelle, la porte de gauche permet de retourner dans le musée pour s’y perdre et faire la pinacothèque par exemple. La porte de droite elle, généralement fermée permet d’accéder directement à la Basilique Saint pierre sans refaire la queue. Cruel Dilemme.
Nous optons finalement pour la porte de droite et attaquons par l’ascension de la Coupole. Là encore deux options : 500 marches ou “seulement” 320 si nous prenons l’ascenseur. Je choisis la version masochiste et je ne regrette pas. Après un premier arrêt qui surplombe l’intérieur de la basilique, les marbres multicolores, le baldaquin et au mlieu des mosaiques de la voute, direction l’extérieur pour une vue panoramique sur Rome. Après une pause bien méritée nous entamons la descente avec une halte sur une esplanade où l’on trouve quelques commerces, de quoi acheter cartes postales et francobolli à poster directement sur place avec le cachet du Vatican. Rigolo.

La visite de la Basilique Saint Pierre s’impose ensuite pour admirer la Pietà de Michel Ange, le baldaquin du Bernin, la statue de Saint Pierre aux pieds usés par les caresses des croyants, le tombeau de Saint Pierre sous l’autel principal.
Nous ressortons pour observer le balcon sur lequel apparaît le pape, les gardes suisses mais aussi la place avec son obélisque, ses fontaines et les quatre rangs de colonnes du Bernin qui ressemblent à des bras qui protègent l’endroit.
Que de beautés vues en une seule journée! Nous avons bien mérité un arrêt à la Gelateria dei Gracchi, suivi d’un apéritif et d’une bonne table, le tout dans le quartier du Borgo. Néron est repassé par là? Incendie dans Rome, plus de métro et retour en bus. Quelle journée! Et nous n’en sommes encore qu’au début.