Le Cerbère de la plaine de Peri

Peri, un des plus anciens et des plus importants villages de la vallée de la Gravona nous offre, du haut de sa montagne, une plaine splendide qui se jette dans le golfe d’Ajaccio. La beauté de son fleuve et de son maquis en ferait un endroit exceptionnel s’il n’y avait cette ombre inquiétante planant sur la vallée…
Avant d’arriver dans cette région j’ignorais qu’elle était à ce point hostile, j’avais pourtant déjà eu vent, par d’autres voyageurs, de la fameuse “Légende de la plaine” qui terrorise encore de nos jours beaucoup de villageois.
On rapporte en effet que depuis l’antiquité, on se garda de raconter toute la véritable histoire d’Hercule et de son avant-dernière tâche. Celle-ci consistait à capturer Cerbère, le chien à trois têtes qui gardait les Enfers, et de le ramener vivant à Eurysthée, roi de l’Argolide. Ce dernier en fut tellement effrayé qu’il demanda à Hercule de ramener la bête à Hadès dans les entrailles de la terre.
Dans les textes anciens, l’histoire s’arrête ici, mais dans la plaine c’est une toute autre version qui se fait entendre. Il paraîtrait qu’Hercule, le demi-dieu, ait en réalité fait une escale en Corse avant de retrouver les Enfers pour finalement y laisser la bête infernale.
A bord (en selle?) de mon fidèle destrier (bleu) j’ai parcouru les villages alentours en quête d’informations sur cette mystérieuse légende… Pourquoi donc Hercule aurait fait escale en Corse? Et pourquoi depuis, la population vit dans la peur et la méfiance?
Au fur et à mesure de mon enquête, je remarque que les gens deviennent de plus en plus méfiants, ils m’évitent, ils se cachent, les volets et les portes se ferment à mon arrivée comme si, à mon passage, la vie se suspendait dans les villages. Petit à petit, je commence à comprendre que quelque part, autour de moi, guette le mal qui hante cette région… Finalement, au détour d’un petit bar, un vieil homme sombre au fond de la salle me révèle la clé de l’histoire…
« Regardez bien cette esquisse, Hercule abusant du pastis, et repartant les bras ballants, seul et titubant… »
Hercule avait laissé sur cette terre son horrible créature à cause de la trop bonne hospitalité des Corses…
Le vieil homme m’apprit par la suite que la bête n’était pas morte, elle continuait de surveiller et de garder, prenant la plaine pour son territoire. Elle aurait aujourd’hui changé de forme et serait en réalité très proche de mon entourage. A ces mots j’ai tout de suite compris que cette horrible créature n’était autre que … « Titou » !! Le féroce félin qui niche dans le jardin de mes amis. Heureusement je m’en suis fait un bon compagnon, aujourd’hui il ne me lâche plus et surveille chacun de mes pas. Terreur des mouches et des lézards… Il fait trembler d’un miaulement… les fourmilières…

A vous de constater :

Le Cerbère de la plaine de Peri