Lieu(x) et légende(s)

Une petite promenade rapide et sympathique à réaliser, peut être en profitant plutôt de la fonte des neiges au printemps, la cascade du voile de la mariée. L’itinéraire est indiqué à partir du village de Bocognano. Le site est impressionnant et vaut le détour. Je vous en raconte l’histoire, c’est bientôt l’heure de s’endormir.

Le voile de la mariée
Les vieux habitants de Bocognano l’appellent simplement «A Piscia». En des temps très lointains, coulait en cet endroit, une source aux pouvoirs magiques dont nul ne souhaitait s’approcher car elle était située sur le domaine de l’ogre de Canapale. Un jour, une jeune princesse, se fit en tombant, une vilaine blessure que les médecins ne purent soigner. Seule la fontaine sacrée pouvait la guérir. Elle prit la décision de s’y rendre, accompagnée de son époux et emportant comme présent pour l’ogre, son voile de mariée. Au contact de l’eau miraculeuse, son mal disparut mais l’ogre furieux de cette intrusion sur ces terres déplaça d’énormes rochers et la source devint un torrent qui l’emporta.
Effrayée, dans sa fuite la jeune princesse en perdit son voile de mousseline.

Rien ne sert de courir… il faut dormir à point!

Sieste : (n. f.) Sommeil auquel on se livre après le déjeuner, pendant la chaleur du jour.

Tout le monde connaît le cliché! Qui n’a jamais entendu ou même raconté d’histoires drôles sur la célèbre et si précieuse sieste des sudistes? Et je ne demande pas qui continue de s’en moquer… “Quelle bande de fainéants.”. Tel que le parisien et sa mallette en plastique, le sudiste a cette image collée à la peau depuis toujours et n’est, à mon avis, pas prêt de s’en débarrasser.
En arrivant ici, ce que je prenais pour un cliché, ou à la limite un luxe de la retraite, s’est avéré être le quotidien de la plupart des gens.
J’ai, dès le début, été sidéré de voir que l’ami qui m’héberge rentre tous les midis chez lui et qu’après un bon repas, il sacrifie à une petite sieste de trois quarts d’heure avant de retrouver son dur labeur. Puis, en y réfléchissant un peu, j’ai imaginé ce que pensait les Corses des parisiens en entrant pour la première fois dans le métro… je vous laisse à votre imagination.

La chose est que lorsque l’on change de pays, ou simplement de région, on découvre des habitudes de vie, des coutumes et des manières de faire qui nous sont étrangères et qui peuvent nous surprendre. Ces choses-là, j’imagine qu’en y réfléchissant un peu, tout le monde s’en doute et s’y attend forcément. Mais il y a une chose, moi, à laquelle je ne m’attendais pas. Imaginez ma surprise quand, un samedi après-midi, après un bon repas, je me surprends à m’endormir comme une larve sur le divan… Et encore, ce ne fut qu’une première! Car à l’heure où je vous parle, il ne se passe pas un seul jour de repos sans que je n’entame mon après-midi par une petite sieste réparatrice qui s’est avérée en réalité… obligatoire!
Tout cela peut vous faire rire, mais de voir à quel point on adopte les coutumes qui nous sont (tellement) étrangères, m’a donné matière à réflexion et je me suis lancé dans une recherche d’explication. Comment se fait-il que le changement d’air fasse qu’aux heures ou la forme était au rendez-vous en région parisienne, un sommeil intense et irrésistible se fait ressentir?

Sachez que j’ai ma petite explication et qu’elle n’est pas, comme certains pourraient rapidement le penser, une simple excuse pour sacrifier à ce rituel. J’ai en effet remarqué que je me lève beaucoup plus tôt qu’à Paris, si si! Le samedi et le dimanche, je suis debout à 6h30 maximum. Pourquoi? Eh bien simplement car la chaleur à cette heure est d’ores et déjà dérangeante. Il fait trop chaud pour rester au lit, et donc je vous laisse faire le calcul, de 6h30 à 13h30 (heure approximative d’un bon début de sieste Corse), il y a 7 heures. 7 heures d’activités intenses : une journée de travail! Il est donc indispensable de se reposer un peu avant d’entamer le reste de la journée qui sera au minimum tout aussi long…

Bon, vous l’aurez compris, je n’y peux rien, je n’ai pas le choix, rien ne sert de se forcer, je ne peux plus résister à une petite sieste après le repas. De toute façon, je n’ai pas d’excuses à trouver… tout le monde fait la sieste ici!

Cochon sauvages

Le Cerbère de la plaine de Peri

Peri, un des plus anciens et des plus importants villages de la vallée de la Gravona nous offre, du haut de sa montagne, une plaine splendide qui se jette dans le golfe d’Ajaccio. La beauté de son fleuve et de son maquis en ferait un endroit exceptionnel s’il n’y avait cette ombre inquiétante planant sur la vallée…
Avant d’arriver dans cette région j’ignorais qu’elle était à ce point hostile, j’avais pourtant déjà eu vent, par d’autres voyageurs, de la fameuse “Légende de la plaine” qui terrorise encore de nos jours beaucoup de villageois.
On rapporte en effet que depuis l’antiquité, on se garda de raconter toute la véritable histoire d’Hercule et de son avant-dernière tâche. Celle-ci consistait à capturer Cerbère, le chien à trois têtes qui gardait les Enfers, et de le ramener vivant à Eurysthée, roi de l’Argolide. Ce dernier en fut tellement effrayé qu’il demanda à Hercule de ramener la bête à Hadès dans les entrailles de la terre.
Dans les textes anciens, l’histoire s’arrête ici, mais dans la plaine c’est une toute autre version qui se fait entendre. Il paraîtrait qu’Hercule, le demi-dieu, ait en réalité fait une escale en Corse avant de retrouver les Enfers pour finalement y laisser la bête infernale.
A bord (en selle?) de mon fidèle destrier (bleu) j’ai parcouru les villages alentours en quête d’informations sur cette mystérieuse légende… Pourquoi donc Hercule aurait fait escale en Corse? Et pourquoi depuis, la population vit dans la peur et la méfiance?
Au fur et à mesure de mon enquête, je remarque que les gens deviennent de plus en plus méfiants, ils m’évitent, ils se cachent, les volets et les portes se ferment à mon arrivée comme si, à mon passage, la vie se suspendait dans les villages. Petit à petit, je commence à comprendre que quelque part, autour de moi, guette le mal qui hante cette région… Finalement, au détour d’un petit bar, un vieil homme sombre au fond de la salle me révèle la clé de l’histoire…
« Regardez bien cette esquisse, Hercule abusant du pastis, et repartant les bras ballants, seul et titubant… »
Hercule avait laissé sur cette terre son horrible créature à cause de la trop bonne hospitalité des Corses…
Le vieil homme m’apprit par la suite que la bête n’était pas morte, elle continuait de surveiller et de garder, prenant la plaine pour son territoire. Elle aurait aujourd’hui changé de forme et serait en réalité très proche de mon entourage. A ces mots j’ai tout de suite compris que cette horrible créature n’était autre que … « Titou » !! Le féroce félin qui niche dans le jardin de mes amis. Heureusement je m’en suis fait un bon compagnon, aujourd’hui il ne me lâche plus et surveille chacun de mes pas. Terreur des mouches et des lézards… Il fait trembler d’un miaulement… les fourmilières…

A vous de constater :

Le Cerbère de la plaine de Peri