« Trà aghje è pagliaghji » à Rutali

Trà aghje è pagliaghji

De nouveau, nous nous sommes rendus dans la micro-région du Nebbiu qui est bien décidée à nous faire découvrir la vie de nos ancêtres corses.
Cette fois-ci, direction le village de Rutali qui propose un sentier communal entièrement réhabilité en 2003 par une association, « Opera di Rutali ». À travers ce chemin, on en apprend plus sur la culture du blé en Corse et sur l’utilisation des fameux pagliaghji dont on a déjà parlé.

Une dizaine de ces constructions en pierres sèches ont été restaurées avec leurs aires de battage (Aghje). Il faut savoir que la commune en compte à l’origine plus d’une centaine tout autour du village. Dans le Nebbiu, je vous en ai également déjà parlé, ces petites maisons ont une particularité : leur toit sont en fausse voûte en encorbellement (voir en bas d’article).

On découvre également des murets en pierres sèches dont certains ont à leur base une sorte de trou qu’on appelle « Chjose ». Le parcours est agréable, sans difficulté et plein de points d’intérêt accompagnés d’explications. Des fontaines, des maisons de pierres, des Pagliaghji, des aires de battages etc. Sans compter, encore une fois, sur la vue que nous offre le chemin à la fois sur la plaine du Nebbiu mais également, de l’autre côté, sur le défilé du Lancone, Biguglia d’Ortale, l’étang de Biguglia et les îles italiennes.

Vers la fin de la promenade, on découvre un petit cimetière. Il est composé de six tombes. Six Tirailleurs marocains  ont trouvé la mort durant les combats au lieu-dit « I Pughjali » durant la seconde guerre mondiale  pour la libération de la Corse, première région à l’être. Un peu plus haut, une croix est posée au sommet culminant. De là haut, on profite du panorama et on essaye de retracer notre chemin au milieu du maquis.

Si l’idée vous prend de faire cette promenade, vous vous poserez certainement la question de savoir à quoi correspond la grande croix blanche située haut dans la montagne. Elle marque l’endroit d’un drame qui a ébranlé toute la Corse en 2008. On s’en souvient, un hélicoptère de la sécurité civile (le Dragon 2B) s’était crashé alors qu’il était en intervention.

 

 

Technique de l'encorbellement
Technique de l'encorbellement

Technique de l’encorbellement

L’encorbellement est un procédé constructif où une pierre, reposant sur une autre, s’avance par rapport à cette dernière en respectant son centre de gravité propre. Cette règle n’est valable que pour deux pierres. Une troisième pierre ne devra pas dépasser hors du centre de gravité commun aux trois pierres. Si le plan au sol est un petit cercle, ou si un contrepoids est appliqué sur l’arrière du corbeau, la structure tient debout. En plus de faire office de contrepoids, la pierre posée sur l’arrière du corbeau sert d’isolant contre les éléments extérieurs. Alors que sur les toits des maisons, la pierre sert normalement de matérieu de couverture, dans les abris de pierre sèche les trois fonctions coexistent (contrepoids, isolation et toiture).

Dans le pagliaghju cose, l’encorbellement s’amorce à la hauteur de l’épaule d’un homme, au-dessus du mur vertical. Le revêtement est vertical jusqu’aux rives du toit, lequel est recouvert de grosses dalles jusqu’au sommet. Autre possibilité, le toit peut être ouvert de terre et d’herbe. Au lieu d’être parallèle à l’intrados de la voûte encorbelée, le revêtement s’en éloigne.

source : Trà aghje è pagliaghji

En savoir plus sur…
-> le sentier et son histoire…
-> les pagliaghji
-> les environs du sentier…
-> les « chjose » et les outils de culture…
-> la culture dans l’aghja
-> les tirailleurs marocains…

6 commentaires sur “« Trà aghje è pagliaghji » à Rutali

  • Salut Nicolas,
    Le dernier petit oiseau est une mésange.
    Pour le milan qui te tourne autour, je dirais qu’il a faim et qu’il a vu un morceau de viande se promener ! tu devrais courir ^^

  • Merci Séle encore une fois d’éclairer ma lanterne 😀
    Quand tu passe, on se fait un milan lol

  • “On découvre également des murets en pierres sèches dont certains ont à leur base une sorte de trou qu’on appelle « Chjose »” dites-vous. La signification du mot “chjose” pourrait être toute autre.

    Le mot “E Chjose” désigne deux lieux-dits de ce parcours (E Chjose Suprane et E Chjose Suttane) signifiant des terres fermées (chjose) pour les cultures et ce surtout pour leur protection. Du temps des Génois, il y avait les “terre chjose” avec son contraire les terres “aperte” (ouvertes). J’ai retrouvé les termes de “terre chiose” et “terre aperte” chez le notaire de Santu Petru di Tenda au XVIIe siècle.

  • Bonjour et merci pour cet intéressant éclairage apporté. En vous souhaitant une bonne lecture si vous repassez par ici.

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