Les trésors de Vero

Et non, Véro, ce n’est pas uniquement le diminutif du prénom mon ancienne collègue Véronique mais également un authentique et très joli village Corse. Au risque d’en faire rire quelques-uns, Veru (lire «Vérou»), comme on l’écrit ici, est comme posé à mi-hauteur sur le flanc de la montagne.
Son église, construite sur un promontoire comme une tête de proue à l’entrée du village, domine la vallée de la Gravona et arbore, comme chaque village de Corse, un splendide clocher de pierres grises. Près du muret de pierres qui ceinture les jardins du promontoire, un petit banc de bois sous des oliviers centenaires invite à la méditation. Idéalement placé face à la plaine, il vous offre une vue imprenable du monte d’Oro sur la gauche jusqu’au golfe d’Ajaccio et la rive sud de Porticcio sur la droite. Au centre, la Gravona sillonne, creuse et dessine la vallée pour se jeter dans la mer au niveau de la plage de Campo del’Oro derrière l’aéroport du même nom.

Mais pour arriver jusque-là et mériter le repos qu’offre ce banc, il aura fallu, premièrement, trouver le départ du sentier communal et deuxièmement, marcher une petite heure sous les chênes et les châtaigniers, traverser par deux fois un ruisseau et venir à bout des quelques 300 mètres de dénivelé. Au même titre que Sisco (à lire ici), cette commune offre un parcours de découverte « en 8 » (deux boucles) qui emprunte des sentiers, des rues et ruelles du villages pour vous faire découvrir ses secrets et ses trésors.

Ainsi après une première halte à l’église, on vous propose un petit tour dans le village pour découvrir son cœur ou son âme à travers de vieilles maisons en pierres chargées d’histoire, d’anciens fours parfois encore en usage et également des lieux de partages comme un lavoir, une petite chapelle ou encore de petites fontaines abondantes. Et puis, c’est le retour à l’aventure, une petite boucle en direction du casteddu : un rocher de taille colossale qui domine la commune et qui a la particularité d’être ocre.
On découvre lors de cette ascension un paysage assez rare en Corse, du moins je ne l’ai pas beaucoup observé jusque-là. Quelques pins de très grande taille parsemés ici et là surplombent un maquis dense et moyen. Une pinède qu’on aurait plutôt tendance à croiser en bord de plage est ici, à 700 mètres d’altitude.

Et enfin c’est le retour. Après cette petite boucle et un passage devant la mairie, on prend le chemin du retour. D’abord une terrasse à flanc de montagne qui s’éloigne du village avant d’entreprendre la descente à travers le maquis jusqu’au point de départ. On passe devant les ruines de bergeries ou d’anciennes habitations et à plusieurs reprises on traverse le Pantanu, un ruisseau particulièrement connu dans le canton. En effet il y a au village de Peri, sur le versant opposé de la vallée, une famille dont tous les ainés se prénomment Napoléon. Et cela pour rendre hommage à l’empereur bien connu qui en son temps, pour remercier cette famille de son hospitalité, leur avait offert une grande partie des terres qui bordent U Pantanu .

Mais je m’arrête là pour vous laisser découvrir cette balade, que vous pouvez faire en famille, à travers quelques images.

Mais qu’est-ce qu’ils font?

Au départ, je n’ai pas compris. Je me suis posé plusieurs questions puis j’ai cru à une certaine coutume de l’île. Mais même si parfois les coutumes peuvent paraître étranges, on arrive toujours plus ou moins à en cerner le but. Seulement là, je ne voyais pas. Durant tout le mois de mars, j’ai pu voir des centaines et des centaines de Corse, un peu partout sur l’île, se promener dans les fossés, sur le bord des routes, marcher le long des sentiers mais en s’y écartant le plus possible. Mystère? Que font-ils donc?

Mais ce week-end a été pour moi le moment de la révélation. J’ai pu, grâce à des amis, percer le secret de cette énigme. Non ils ne sont pas tous devenus fous et j’ai pu le constater lorsque l’on m’a invité à partir à la cueillette des asperges sauvages! Eh oui! Il y en a partout et personnellement je n’y avais jamais fait attention. C’est donc au départ du vieux village de Biguglia (en Haute-Corse près de Bastia) que nous avons trouvé un sentier muletier. Autrefois ce sentier menait visiblement de l’autre côté de la montagne et permettait de passer d’un bout à l’autre de la base du Cap Corse (Biguglia – Saint-Florent) en traversant le col de Sant’Andria. Sur le trajet on croise un bon nombre de maisons de bergers en assez bon état au milieu de clairières offrant un panorama imprenable sur la plaine. Au loin on aperçoit même l’île d’Elbe en toile de fond.

Les asperges ne sont pas légion dans ce coin là :s Visiblement quelqu’un a eu l’idée avant nous. Pas de problème, on continue la marche et on profite du paysage. Après avoir esquivé quelques ruisseaux boueux, remonté un cours d’eau asséché (ou du moins ce qui y ressemble fortement), ce petit parcours du combattant passe sur les ruines d’une chapelle romane. La chapelle de Sant’Andria dont il ne reste aujourd’hui qu’un petit morceau de la nef. En 1986, une association a tenté de rebâtir la chapelle mais a dû mettre fin à son aventure par manque de fonds. Aujourd’hui les pierres qui la composaient autrefois sont empilées aux alentours et dans ce qui reste de l’enceinte.

Une très bonne promenade, vous l’aurez compris, et en plus nous ne sommes pas revenus bredouilles. Tout juste de quoi se faire une très bonne omelette 100% asperge et 100% sauvage! Parole de Parigo!