Dans le secteur de la Parata

La Parata, mais si, souvenez-vous, c’est la pointe nord du golfe d’Ajaccio. Là où se trouvent les îles Sanguinaires. Juste avant la presqu’île dominée par la tour de la Parata, on remarque sur la droite, depuis la route, un petit sentier qui s’éloigne sur le versant opposé de celui d’Ajaccio. Curiosité oblige, j’ai été suivre ce sentier. Visiblement très pratiqué, ce chemin amène tout d’abord à des sortes de cabanes ou maisons faites de matériaux récupérés par-ci par-là et qui servent de cabanon de plage à leurs propriétaires. Car en effet, si l’on s’attarde un minimum sur le décor qui nous entoure, on découvre rapidement qu’il n’y a aucune habitation ou même un semblant de civilisation (mis à part le sentier et ces deux ou trois cabanes) dans les parages.
Je trouve cela très fort, vous connaissez beaucoup de villes, aussi grosse et importante qu’Ajaccio (capitale de Corse-du-Sud), ou après deux minutes de trajet en voiture, on peut se retrouver dans un milieu totalement sauvage! Impressionné, je reprends mon chemin. Entre chaque sommet, une corniche perchée à soixante dix mètres au-dessus de la mer qui ce jour là, était assez agitée. Ce qui donnait un air très agréable à ma petite excursion. Je suis seul, personne n’emprunte donc ce sentier? Tant mieux, je peux profiter de la douceur du soleil, m’asseoir un peu, au bout d’une corniche. Seul face à la mer qui s’écrase contre les rochers sous mes pieds. En cet instant inoubliable et avec cette impression d’être infiniment petit, c’est avec délectation que je savoure de mon sandwich Comté/Beurre/pain de seigle.

Finalement, j’arrive à un sommet. La pente est très abrupte. En dessous, toujours la mer mais de l’autre côté, c’est une plage que j’aperçois. Cernée par un petit village de quelques privilégiés vivant au milieu de nulle part. Et pourtant à à peine une heure d’Ajaccio. Mon fidèle ami, le guide des sentiers de Corse-du-Sud m’informe, et c’est tout à son honneur, que j’ai sous les yeux la plage de Saint-Antoine. Arrivé là, le sentier se termine, et sous les arbousiers remplis de fruits, je dois faire demi tour pour rentrer à la voiture.

Panoramique d'une petite crique
Vue sur le sentier
360° sur une pointe

Au détour des Tours

Un des joyaux du patrimoine Corse. Les tours génoises, bâties entre 1530 et 1600 sont présentes sur tout le pourtour de l’île et sous des formes plus ou moins différentes. Aujourd’hui une soixantaine sont encore visibles dans leur quasi-intégralité alors que plus d’une centaine avait été construite par ce peuple de travailleurs de pierres qu’étaient les Génois.

Elles servaient autrefois à prévenir, grâce à un feu au sommet, de l’arrivée de navires hostiles. Chaque tour est visible d’au moins une autre tour. Ce qui permet de pouvoir toujours passer le message d’invasion éventuelle d’une tour à une autre.

J’ai été curieux de voir et pourquoi pas, de visiter ces vestiges d’un temps noble qui ont réveillé l’intérêt qui est le mien pour la guerre et les châteaux forts dont mes playmobils se rappellent encore… Je suis donc aller visiter certaines tours de la région dont voici quelques photos :

La tour de Capitellu
Sur la plage de Campo del Oro, juste en face de l’aéroport d’Ajaccio, la tour garde le golfe. C’est une des plus trapues, ce qui lui donne un air de “boudin” caché derrière les dunes de sable. Entourée de figuiers de barbarie en fleurs, d’oliviers ou encore de cactus, mais aussi, et c’est assez surprenant, de restes de bunkers qui datent de la dernière guerre. Ce site doit être vraiment stratégique!
La tour d’Isulella
Non loin de la précédente, cette tour se trouve entre Porticcio et la plage de Mare e Sol. Après une promenade d’une demi-heure, j’ai pu me retrouver au pied de cette tour logée au coeur d’une petite clairière de maquis. On peut voir que les Génois avaient tout prévu, un barbecue et quelques marches permettent de faire de ce site un parfait coin de pique-nique. A moins que tout cela n’ait été réalisé après sa restauration?
La tour de la Parata
Cette tour est située sur la pointe de la Parata tout au bout du golfe d’Ajaccio. Je l’avais déjà photographiée, mais au détour d’une promenade dominicale aux îles Sanguinaires, j’en ai profité pour reprendre quelques clichés de cet endroit magique.
La tour de Sagone
Au détour d’un virage à l’approche de Sagone, si vous venez de Cargèse, cette tour qui se dresse juste au dessus de la route nous présente une drôle de grimace. En montant vers elle, si l’on passe dans son dos, on peut voir que les marques du temps lui ont forgé un visage de pierre avec une étonnante expression d’étonnement. Étonnant non?!
La tour d’Omigna
Certainement une des plus belles promenade que j’ai été amené à faire. L’ascension vers cette tour, située sur une presque-île proche de Cargèse, se fait en une petite heure par un sentier de berger. En passant de décor en décor on aperçoit au loin la tour qui se rapproche, comme voguant sur les flots. Une fois à son pied, c’est Capu Rossu, la limite nord des calanques de Piana, que l’on distingue d’un côté et de l’autre, c’est le profil des îles Sanguinaires qui se dessine.
Belle surprise, de l’entrée, une sangle est pendue. Je me lance à l’aventure et escalade le versant sud de la tour et me retrouve à l’intérieur. Encore un petit effort et me voilà sur son toit. Une impression de grandeur, mais aussi de vertige, le vent souffle et il ne faudrait pas tomber! Au loin la mer à perte de vue. D’ici je vois tout, rien ne m’échappe. Pendant quelques minutes me voilà revenu six siècles en arrière, à guetter les navires qui pourraient se profiler dans les golfes qui m’entourent.

Panoramique de ce qu'on voit d'en haut

Promenade dominicale

sanguinairesAu lendemain de mon arrivée, l’envie déjà très forte de partir à l’aventure et à la découverte des sentiers battus se fait ressentir. Je décide, en bon touriste, de parcourir l’intégralité des pages de ce qui deviendra mon meilleur allié : le guide vert Michelin spécial Corse soigneusement déposé dans la voiture par papa. Ce dernier me rappelle quand même que j’aurais normalement tout le temps qu’il faudra pour faire le tour de la région dans les années à venir, et qu’en revanche lui repart demain et connaît un endroit qu’il voudrait bien revoir.

En bon fils je repose mon livre et nous voilà donc partis pour cette première aventure à la pointe de la Parata à l’extrémité du golfe d’Ajaccio : les îles Sanguinaires.

A peine la voiture garée, nous nous avançons sur le sentier qui fait le tour de la presqu’île. Tous nos sens sont en alerte, la beauté du paysage et l’odeur du maquis nous emportent dans nos pensées. Papa s’arrête un moment et contemple la tour génoise qui domine les rochers. C’est à peine si je l’entends murmurer…

« Figurez-vous une île… d’aspect farouche : le phare à une pointe, à l’autre une vieille tour génoise où, de mon temps vivait un aigle. En bas au bord de l’eau, un lazaret en ruine envahi de partout par les herbes ; puis des ravins, des maquis, de grandes roches, quelques chèvres sauvages, de petits chevaux corses gambadant, la crinière au vent ; enfin, là-haut, tout en haut, dans un tourbillon d’oiseaux de mer, la maison du phare avec sa plate-forme en maçonnerie blanche … »

… Je sors de mon envoûtement et me rends compte qu’il est en train de lire les extraits des lettres de mon moulin cités dans le guide Michelin.
Nous reprenons la marche, l’appareil photo en main, pour succomber aux mêmes désirs que les gens qui nous entourent : immortaliser ce que les mots ne peuvent décrire.
A vous d’apprécier.