Il neige, il neige bergère…

La bergère a bien rentré ses moutons mais a dû être étonnée de voir la pluie transformée en neige. Une neige qui a recouverte presque l’intégralité du territoire insulaire en seulement quelques jours.

Enfin, l’intégralité, j’exagère un peu. Car la région ajaccienne, une fois n’est pas coutume, est restée sous de belles éclaircies et aucun flocon n’a souhaité s’aventurer aux alentours…

Il m’a donc fallu me déplacer dans le centre Corse pour vous ramener quelques photos de ce magnifique manteau blanc. Une fois passé Bocognano, on change de décors, on change de pays et on se croirait en sibérie !

Désolé, le temps n’était pas au beau fixe lors de la prise de ces clichés. Mais je peux vous le dire, malgré la couverture nuageuse, Kallisté s’est tout simplement sublimée en se parant de blanc.

Vous en conviendrez, l’île est toujours aussi belle. On s’amuse à essayer de reconnaître les villages, les routes et les chemins que l’on connaît. Ou plutôt que l’on croit connaître car lorsqu’ils ne sont plus verts on est perdus.

De Cervellu au Rotondu

Ma première rencontre avec le plus haut sommet du deuxième massif de Corse ne m’avais pas permise d’arpenter les berges du lac de Bellebone, ou Betaniella de son vrai nom.

Quelques années plus tard, j’ai donc repris le chemin en direction du Rotondu, mais par la face Sud cette fois !

Départ de la forêt de Cervellu. Sous les immenses pins se cachent des grottes et des sites d’escalades bien connus des amateurs et qui mériteront un second voyage…

Si la forêt est agréable et pleine de trésors naturels, on déchante rapidement sur le dénivelé qu’il faut encaisser pour rejoindre le premier col; le col de Tribali; après les bergeries de Gialghellu.

Une première étape du parcours qui permet d’apprécier le panorama sur la forêt de Cervellu. Déjà le monte d’Oro montre le bout de son nez.

Dans un maquis ras on continue jusqu’aux bergeries de Muraccioli. Partout des papillons prennent leur envol au milieu des thyms citronnés de Corse. Le spectacle est magnifique, même les vaches apprécient… si ! si !

Là, ça se complique ! Il faut quitter le sentier pour suivre des cairns qui montent à pic en suivant le déversoir du lac de Betaniella. Celui-ci est composé de ruisseaux et forme à différents paliers de petites pozzines.

Entre escalade, randonnée et pause photo, nous avançons et apercevons enfin les contreforts de Betaniella. À 2300 mètres d’altitude, la végétation à quasiment disparue. Les pierres dominent le paysage et forment parfois de gros blocs, parfois des pierriers assez glissants.

Le lac est, comme on peut s’y attendre, d’une beauté rare. Au milieu d’un cirque minéral, le plan d’eau s’étend, calme, comme un joyaux encastré dans la roche.

Le plus grand lac naturel de Corse

Le lac de Betaniella, également appelé Bellebone ou lac du Rotondu, est le plus grand lac naturel de Corse avec une superficie de plus de 8 hectares. Le deuxième étant le lac de Ninu.

Il est également un des lacs dont l’accès est le plus difficile. En effet il n’existe aucun sentier réellement tracé pour le rejoindre. Seuls des traces cairnées, qui serpentes au coeur de l’ancien glacier, permettent de rejoindre les berges.

Le lac abrite quelques espèces de poissons. Notamment des truites corses, la macrostigma, que l’on peut facilement voir nager dans les ruisseaux ou dans les pozzines de l’exutoire du lac.

Il faudra encore gravir plus de 300 mètres de dénivelé positif pour rejoindre le sommet du Rotondu (2622 mètres) et admirer les nombreux lacs visibles de là-haut.

Déjà, au col de fer de lance, les jambes commencent à souffrir. Mais la vue du lac de Pozzolo nous donne une excuse pour faire une pause et admirer, toujours, Bellebone.

L’arrivée à l’abri Helbronner est signe que nous y sommes ! Le sommet est sur le rocher qui nous surplombe. Une croix de bois trône fièrement, plantée entre les éboulis.

De l’autre côté, les lacs de l’Oriente et de Galiera n’ont rien perdus de leurs splendeur depuis ma dernière visite.

Pour le retour, j’ai choisi de faire une halte au refuge de Petra Piana. Certes il y a un détour, mais les allers/retours ne me passionnent pas. En revanche, rencontrer d’autres randonneurs ou le gardien du refuge est beaucoup plus plaisant !

Cette randonnée a été l’occasion de réaliser un grand reportage pour Corse-Matin. Vous pouvez le voir sur le lien ci-dessous.

GRAND FORMAT. En randonnée sur le Rotondu

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Au sommet de la Corse-du-Sud sur le GR20

L’hiver dernier j’avais tenté de rejoindre le monte Incudine (Alcudina) mais la neige m’avait donné quelques difficultés.

Aujourd’hui tout à fondu ! Tant mieux car j’ai enfin pu me rendre au sommet, même si la météo n’a pas été très clémente. Le plateau du Cuscionu, sous la neige, au printemps ou au début de l’été est toujours un régal pour les yeux et une source de fraicheur pour le moral !

Depuis le refuge de Matalza ou les bergeries de Bassetta, aux alentours de 1400 mètres pour rejoindre le plus haut sommet de Corse-du-Sud sur le GR20, le monte Incudine (ou Alcudina), à 2134 mètres d’altitude. On traverse le plateau au milieu des troupeaux de chevaux en libertés et des vaches.  Souvent elles nous font savoir que ça les agace…

De là haut, inutile d’en rajouter mais, comme à l’accoutumée, le panorama laisse sans voix. La vue sur les aiguilles de Bavella est unique. Elle cachent une partie de l’extrême Sud mais on aperçoit les plages de Porto-Vecchio et un bout de l’Italie.

De l’autre côté on a une vue imprenable sur le plateau du Cuscionu et ses immenses plaines vertes. Au loin le profil des crêtes du massif du Cintu se profile, notamment la Paglia Orba, facilement reconnaissable.

Le chemin, en boucle, suit une partie du GR 20 et les 18 kilomètres parcourus offrent un panel des richesses de ce plateau qui vous laisse un sacré souvenir !

N’oubliez pas le pique-nique, les berges des ruisseaux offrent des coins magnifiques, sur des coussins de verdure, pour apprécier les mets et sacrifier, pourquoi pas, à une petite sieste à l’ombre des chênes.

Bref, je vous conseille, une nouvelle fois, de partir à la découverte de ce site dont plus de 11 000 hectares sont classés Natura 2000.

Pour en voir plus sur le site, je vous invite à regarder ce très beau reportage de notre presse locale Corse-Matin :

GRAND FORMAT. Cap sur le plateau du Cuscionu

D’Ucciani à Tavera par les sentiers

Je vous ai déjà promené de Peri à Carbuccia, Carbuccia à Ucciani puis de Tavera à Bocognano. Dans la logique il y a un trou dans mon chemin. Il fallait le boucher, retour donc à Ucciani pour rejoindre Tavera !

Dans la Haute-Gravona, on peut relier tous les villages du versant Est par les sentiers. Au milieu des vieilles bâtisses en pierres, qui épousent un relief plutôt pentu au hameau de Crucoli à Ucciani, les traces jaunes nous indiquent que le sentier, débuté à Carbuccia, continue.

Passons le pont et les cochons, curieux mais peureux, puis continuons en direction des jardins potagers en contre-bas. Là d’autres maisons, d’anciennes “casettes”, sont parfois abandonnées au bord du ruisseau, signe, comme ailleurs, d’une activité économique oubliée.

On croise d’autres sentiers qui par manque d’entretien ont disparus mais permettaient de rejoindre les autres villages sans jamais fouler le bitume. Après le centre historique du village, sous le clocher, on serpente dans les ruelles pour rejoindre la route.

Rien de tel pour remplir les sacs à dos. Suivant les périodes, les fossés nous offrent de l’ail, des asperges, des champignons et bien d’autres fleurs et plantes à déguster ou à admirer.

Guidé par les murs de pierres, on profite des bois pour rejoindre la chapelle Saint Antoine de Padoue, ou Sant’Antone di Tuschini. Elle fut construite en 1908 sur un ancien oratoire médiéval dont une pierre se trouve encore au centre de l’édifice (au dessus de la porte). Les ruines alentours montrent l’existence d’un village, celui de San Antonio, qui a été abandonné avec le temps.

La suite du parcours est agréable. Entre ruisseaux et bois, on coupe et recoupe la route pour rejoindre Tavera par la fontaine de Pietra Grossa.

Sur les crêtes entre Gravona et Prunelli

Lorsque j’avais réalisé la randonnée en direction de la punta Tirulellu, sur la crête Est de la Haute-Gravona, j’avais remarqué que le sentier continuait à serpenter bien au delà de ma vision.

Et lorsque j’avais réalisé l’Alcudina au départ de Cuttoli, plus bas dans la vallée, mais situé sur la même crête, le sentier continuait également vers le Nord… donc forcement, m’est venu l’idée que ces deux sentiers devaient se rejoindre quelque part !

La carte n’est pas très claire à ce sujet, restait donc à vérifier par soit même ! Figurez-vous que ces deux chemins se rejoignent bien, entre Peri et Carbuccia, et qu’en plus les panoramas, de part et d’autre de la crête, sont à couper le souffle, comme toujours (ah ah !).

Certes le chemin est long, il faut compter une journée complète pour un randonneur ayant l’habitude du dénivelé. Car de sommets en sommets on cumule pas moins de 1560 mètres de positif… Ça tire sur les mollets mais les yeux se régalent.

En passant à bocca di i Catareddi, un panneau nous indique que ce lieu servait autrefois pour les batailles nocturnes des mazzeri.

D’un côté, l’œil se pose sur une vallée de la Gravona conquise par des constructions qui serpentent autour du fleuve. Entre forêts, villages, hameaux, nationale et tout au bout, l’aéroport et la ville d’Ajaccio, surplombe le Monte Gozzi. De là haut, il semble perdre un peu de sa magnificence et d’altitude.

De l’autre, c’est plus sauvage. Le maquis s’étend partout sur l’horizon. Au loin le village de Bastelica semble coincé dans la vallée. Au dessus, la Scaldasola est enneigée. On imagine assez facilement qu’à la station d’Ese, juste à côté, les amoureux de la neige s’en donnent à cœur joie. Plus bas, une étendue d’eau s’incruste dans le paysage: Le barrage de Tolla scintille sous le soleil.

De chaque côté des sommets de toutes formes, toutes tailles, blanc, noir ou gris, dépassent en toile de fond et il n’est pas toujours évident de les identifier.

Rapidement je me retrouve avec les pieds dans la neige alors que j’entame l’ascension du Tirulellu par la face Sud, beaucoup plus raide que par l’autre côté. Il ne reste ensuite qu’a rejoindre le col de Scalella par un sentier en corniche vraiment très beau !

Bref, si vous voulez vous en mettre plein la vue et faire une “vraie” randonnée, je vous conseille ce parcours.

Attention toute fois, pensez-bien à placer deux voitures, sinon le retour sera long ! Si vous vous le sentez, et en se renseignant sur les horaires avant, vous pouvez revenir à Cuttoli par le train au départ de Tavera. Du col de Scalella, vous pourrez rejoindre Tavera en passant par l’ancienne chapelle San’Polu. Ainsi vous laissez une voiture à la gare de Mezzana et l’autre au départ de la randonnée à Pedi Muredda.