Un autre regard sur l’Ostriconi

J’avais déjà défié La Biscia, rappelez-vous. Mais mon courage et mon esprit héroïque m’ont ramené en ces lieux légendaires bien décidé à en découdre avec les pans bagnats, les fiadunetti et la panette au brocciu dont je m’étais armé pour la circonstance.

Ma promenade commence aux pieds d’une construction troglodyte qui, d’après l’odeur, semble avoir abrité quelques chèvres… Très vite, le chemin s’élève et serpente entre des roches rouges, hérissées de figuiers de barbarie et poinçonnées par des tafoni qui s’en donnent à coeur joie par ici. Le temps d’admirer une aghja et une ancienne habitation et il est temps de partir à l’assaut de la Cima à Forca, histoire d’observer la mer, la plage de l’Ostriconi et Île rousse dans le lointain. Pas le temps de s’attarder, il faut poursuivre notre quête.

Nos pas nous mènent vers d’anciennes habitations, ornées par une belle aghja (aire de battage du blé) et un olivier qui a dû en voir des choses et passer des randonneurs. Pas de répit pour les braves, nous gravissons la Punta Liatoghju pour jouer les vigies et sacrifier aux rites immuables du pique-nique (mon moment préféré). Tranquilisés par l’absence de la Biscia à l’horizon nous nous laissons aller à la rêverie et peut-être même aux délices de la sieste.

Même si le soleil est bien présent, le vent finit par nous chasser et nous jouons à retrouver notre chemin parmi les roches rouges et escarpées. Nous dérangeons de charmants couples de perdrix au vol lourd. Nous rencontrons une bâtisse récente construite sur les ruines d’une ancienne bergerie avant de prendre la pose devant un joli tafonu. Nous repartons vers la plage, avant de rejoindre le chemin de l’intérieur vers notre véhicule.

Pas de Biscia aujourd’hui, elle a certainement eu peur devant ma détermination. De toute façon, avec ce que j’ai mangé à midi, je ne suis pas certain des qualités du chevalier que j’aurais pu lui opposer. Au moins, elle aurait fait elle aussi un bon repas…

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A Biscia di l’Ostriconi

Il est une histoire qui raconte qu’en des temps anciens, la région du fleuve Ostriconi située au début de la Balagne, abritait une créature entre l’hydre et le serpent, a Biscia. Cette créature monstrueuse hantait le delta du cours d’eau et sortait au son de la cloche, chaque dimanche pour dévorer un fidèle. Un comte réussit pourtant à libérer la contrée du fléau en tranchant la tête du basilic. Ivre de fierté, il oublia néanmoins que le sang de la bête était empoisonné et c’est une seule goutte de sang, tombée de la tête tranchée qui fit de cet homme la dernière victime de a Biscia.

Pour ma part, je me suis contenté de descendre jusqu’à la plage du même nom en prenant le sentier qui démarre sur l’ancienne route qui menait en Balagne. Après quelques pas, la journée s’est déroulée entre pique-nique, baignades dans l’eau turquoise avec Ile Rousse d’un côté et les Agriates de l’autre. Une promenade sur le sable chaud pour arpenter la grève et admirer l’Ostriconi se jeter dans la mer, quelques coups de soleil et rencontres insolites et il est temps de rentrer. Pas de traces de a Biscia, mais une superbe journée.